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MODIBO MAO MAKALOU, ECONOMISTE ‘’Je crains que les sanctions contre les autorités de la Transition ne soient renforcées…’’

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Sanctions ciblées contre les autorités de transition, bras de fer entre la Cédéao et le Mali, vie chère, personnalisation du débat autour de la transition, etc. Modibo Mao Makalou, économiste, livre son analyse.

 

 

 

Mali-Tribune : Les chefs d’Etat de la Cédéao se sont réunis pour un sommet extraordinaire le week-end dernier pour statuer sur la transition au Mali et en Guinée, une série de sanctions ont été prises contre les dirigeants de Bamako et Conakry. Comment justifiez-vous ces sanctions ?Modibo Mao Makalou : La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a été créée le 28 mai 1975 par le Traité de Lagos (Nigéria), elle regroupe quinze (15) Etats et a pour objectif de promouvoir la coopération économique et politique entre les Etats membres. Un des principes fondamentaux de la Cédéao est de promouvoir et consolider les systèmes démocratiques de gouvernement dans chaque Etat membre tel que prévu par la Déclaration de Principes Politiques adoptée le 6 juillet 1991 à Abuja.

 

La conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao du 7 novembre 2021 a décidé de la mise en vigueur immédiate de sanctions ciblées contre tous ceux dont les actions impactent négativement sur le calendrier de la transition tel qu’arrêter par les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao. Ces sanctions incluent notamment l’interdiction de voyage pour ces personnes et leurs familles et le gel de leurs avoirs financiers. À cet effet, la conférence a demandé au président de la Commission de la Cédéao de compiler et soumettre la liste des individus et groupes d’individus concernés.

 

Mali-Tribune : Pourquoi la France et l’Union européenne ont décidé de suivre la Cédéao concernant la prise de sanctions contre les autorités de la transition malienne ?

 

M.M. M.: L’un des principes fondamentaux de la Cédéao concerne la supranationalité de l’application des décisions communautaires et par principe de subsidiarité, la Cédéao étant une des 8 communautés économiques régionales de l’Union africaine, ses décisions sont entérinées par l’Union africaine, et les organisations internationales y compris les Nations-unies. Ainsi, les partenaires extérieurs du Mali comme l’Union européenne et la France ont décidé de suivre les sanctions de la Cédéao.Mali-Tribune : A Accra 5 chefs d’État ont pris part à la réunion. Le Bénin et le Nigeria étaient représentés par leurs vice-présidents. Le Burkina a envoyé son Premier ministre, la Gambie, le Libéria et le Togo ont envoyé des ministres, le Cap Vert était représenté par son ambassadeur au Nigeria et la Sierra Léone par son Haut-commissaire au Ghana. Pourquoi les chefs d’Etat de ces pays ont préféré rabaisser le niveau de leurs présences à ce sommet extraordinaire ?

 

M.M. M.: En réalité, les sanctions prises contre les autorités de la transition du Mali étaient déjà connues depuis la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao du 16 septembre 2021 mais devaient être confirmées au cas où le chronogramme détaillé des élections ne serait pas fourni par les autorités de la Transition du Mali.

 

Mali-Tribune : Déjà le bras de fer entre le Mali et les responsables de la Cédéao ne cesse de s’attiser concernant le respect du délai de la transition. Est-ce que ces nouvelles mesures de restriction prises par la Cédéao ne vont pas envenimer davantage les relations entre Bamako et la Cédéao ?

 

M.M. M.: Je ne crois pas qu’il y a un bras de fer entre la Cédéao et le Mali qui est un des ses membres fondateurs. Toutefois, je crains que les sanctions contre les autorités de la transition ne soient renforcées lors de la prochaine Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao qui se tiendra le 12 décembre 2021 si un chronogramme détaillé pour l’organisation des élections générales le 27 février 2022 n’est pas transmis à la Cédéao. Mais je crois fermement qu’un accord sera trouvé entre la Cédéao et le Mali après la tenue des Assises nationales pour la Refondation en décembre 2021.Mali-Tribune : Les prix des produits de première nécessité connaissent une envolée spectaculaire sur le marché malien. Qu’est-ce qui explique cette hausse ?

M.M. M. : La pandémie sanitaire de la Covid-19 a fortement perturbé l’économie mondiale à cause des mesures de prévention édictées par les autorités sanitaires. Le Mali est fortement dépendant du commerce international à hauteur de 60 % de son revenu national annuel, ce qui implique des difficultés pour vendre et acheter des biens et services à l’extérieur. Aussi la crise multidimensionnelle, et multiforme couplée à la pandémie sanitaire affecte sévèrement l’économie nationale et accentue la vulnérabilité des couches de la population qui sont les plus vulnérables et les plus fragiles.

 

Mali-Tribune : Nous assistons à une personnalisation du débat autour de la transition. Est-ce qu’il n’est pas temps de laisser nos égos et rationaliser nos moyens pour soutenir cette transition ?

 

M.M. M.: La paix et la stabilité sont des préalables à tout développement. Il y a lieu de rassembler tous les Maliens autour de l’essentiel dans un élan de sursaut national pour aller vers la réconciliation nationale afin de sortir notre pays de l’insécurité chronique qu’il connait et permettre que le pays puisse se projeter dans l’avenir. Ainsi, il est nécessaire de maintenir le dialogue politique à travers un processus inclusif, représentatif et participatif. Il ne s’agit pas de faire de l’unanimisme mais de mobiliser tous les Maliens pour stabiliser et reconstruire le Mali.

 

Mali-Tribune : L’administration Biden envisage d’exclure le Mali  de l’Agoa d’ici le 1er janvier 2022. Quelles peuvent-être les conséquences sur le Mali ?

 

M.M. M.: La loi sur les opportunités de croissance en Afrique est une initiative de l’Administration Clinton votée par le Congrès en 2000 afin de favoriser les investissements en Afrique et les exportations de 6500 produits vers les Etats-Unis d’Amérique sans droits de douanes. Toutefois, l’éligibilité d’un pays dépend des libertés démocratiques et du respect des droits humains. La suspension du Mali sera effective en janvier 2022, toutefois des actions peuvent être prises avant ce délai par le Gouvernement du Mali pour que les sanctions concernant l’exclusion du Mali de l’Agoa soient annulées.

 

Propos recueillis par

 

Ousmane Mahamane

Source: Mali Tribune

 

 

 

 

 

 

 

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