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Funérailles d’Ibrahim Boubacar Keita : La classe politique reconnaissante, n’oublie pas l’homme !

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L’ex président de la République du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keita dit IBK, s’est éteint dimanche 16 janvier 2022 à l’âge de 76 ans. A ses obsèques, la classe politique à travers son représentant, le jeune et bouillant président de parti, Amadou Koïta lui a rendu un dernier hommage.Ibrahim Boubacar Keita qu’on appelait par ses initiales « IBK », surnommé le « kankélétigui », le « mandemassa », le « bourgeois », n’est plus. L’homme a quitté la terre des vivants pour rejoindre le Dieu créateur. La nouvelle a surpris les Maliens qui se préparaient pour commémorer la fête de leur armée nationale (20 janvier). Dans la discrétion la plus totale, le cinquième Président de la République du Mali, renversé par un coup d’Etat militaire les 18 et 19 Aout 2020, s’est éclipsé à jamais. Les hommages se multiplient alors de partout dans le Monde. On retient essentiellement de ces hommages, le souvenir d’un humaniste, « homme généreux » ; « patriote » qui portait son pays dans le cœur et qui était résolument engagé pour le sortir de l’abîme. Ils sont nombreux à le pleurer mais aussi à témoigner de leur reconnaissance envers l’homme.C’est le cas de la classe politique malienne – pas toute, mais celle reconnaissante – qui a tenu à lui rendre un dernier et digne hommage, à travers son porte-parole, Amadou Koïta, président du parti Yeleen Koura, ancien ministre lors de ses obsèques nationales.

 

Le souvenir… d’un homme d’Etat

 

Par ces mots qu’Amadou Koïta commença son hommage : « IBK était un grand homme d’État, un patriote qui avait le Mali chevillé au corps, démocrate et républicain dans l’âme, amoureux des cultures, capable de s’adresser de la même manière joviale à un paysan le matin et à un chef d’État le soir. Il a su être rassembleur, affable et on voit aujourd’hui à quel point il restera charismatique ».

 

Rassembleur, IBK l’a été. Il a su ramener à lui d’anciens opposants farouches jusqu’à les nommer dans son équipe gouvernementale. Lui Amadou Koïta, Choguel Kokalla Maïga ; Tièbilé Dramé, Mountaga Tall…Nul à l’époque, pouvait imaginer ces hommes servir aux côtés du président IBK. Mais les loups et les agneaux ont cohabité grâce à IBK.

 

« Notre Président IBK était l’un des hommes les plus éclairés, les plus nobles et les plus généreux. Ce grand homme était un bon homme et le meilleur des hommes. S’il n’était pas aimé de tous, IBK était pourtant reconnu par ses proches comme par ses adversaires, comme un personnage humain ». Humain et sensible, IBK ne pouvait retenir ses larmes face à un ou des évènements douloureux. Et était prêt à pardonner même à ceux qui pouvaient lui vouaient une haine viscérale.

 

Ses fils témoigneront aussi qu’il avait déjà pardonné ceux qui l’avaient renversé du pouvoir.

IBK était un meneur d’hommes, un leader d’une carrure et stature à nulle autre pareille. Il incarnait la dignité malienne, il était le pivot et ciment de son parti le RPM. IBK était dehors une passerelle humaine, regroupant, faisant se rencontrer et recevant chez lui les gens aux parcours les plus variés, souvent très contradictoires. Il restera longtemps dans la mémoire collective comme un homme profondément humain et généreux » se souvient la classe politique malienne reconnaissante.

IBK, l’incompris !

Celui qui s’était résolument engagé pour son pays, a-t-il été incompris par les Maliens ? On dit souvent qu’on reconnait la valeur et le mérite d’un homme une fois qu’il a quitté la terre des vivants. Modibo Kéita ; Thomas Sankara ; Kadhafi ; ATT…Tous des hommes dont les valeurs ont été louées après leur disparition.

S’il n’y a pas de pitié en affaires (business), c’est pareil en politique où on se donne des coups bas. Le président IBK a été renversé par des personnes qui le côtoyaient et en qui il avait absolument confiance.

Le M5 RFP cheville ouvrière de la lutte qui amena sa chute était essentiellement composé de personnes que le président IBK sortit de l’ombre pour la lumière. Mais pour le Mali, il disait qu’aucun sacrifice n’est de trop. Ce n’est pas Koïta qui dira le contraire dans son hommage au nom de la classe politique. « Le Mali était sa passion. IBK aimait son pays et son peuple. Des gens de toutes conditions étaient dans sa proximité. Il avait à cœur notre vieux pays tant ballotté, si malheureux. Il abhorrait l’injustice, l’incompétence et la médiocrité… Cet homme fut vilipendé, insulté, traité de tous les noms. On a tenté de l’humilier mais il savait mourir car : « on ne déshonore point un homme qui sait mourir ». Il n’a rien dit à personne ; il n’a rien fait à personne car il disait que le Mali valait tous les sacrifices du monde ».

Le supplice de Choguel

Grand pourfendeur du régime IBK, Choguel Kokalla Maiga, ancien ministre et porte-parole du même régime, nommé premier Ministre par les tombeurs d’IBK, a été désigné par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, pour être présent aux obsèques d’IBK. Très certain que si l’homme avait eu le choix, il n’allait pas être présent. Les tombeurs du régime, n’ont pas tenu à être présents à ces obsèques, c’est le premier Ministre Choguel Kokalla Maiga qui a été envoyé pour vivre le supplice. Sinon, comment se sentir devant tous ces témoignages si on a passé tout un temps à vilipender l’homme pour le pouvoir ; un homme qui n’a pas hésité à vous nommer à un haut niveau de responsabilités et à vous désigner comme porte-parole ! Choguel ne devait pas se sentir à l’aise et cela se comprend. Aucun intervenant à l’occasion des obsèques, n’a fait référence à lui ; superbement ignoré, il vivait dans son coin, par devoir en tant que premier Ministre et en l’absence de celui qui aurait dû être là. On dit que la mort efface tout et que le mort pardonne. Mais, nos paroles ; nos gestes et nos comportements constituent parfois des obstacles au pardon. Le mort est déjà parti mais les vivants sont là et se souviennent.

Mais, connaissant l’homme, son souhait est de voir un Mali réconcilié avec tous ses fils, en paix et résolument orienté vers le développement. Dors en paix, mon président, mon aîné qui m’a envoyé à la Mecque pour le pèlerinage en 2019 et merci d’avoir existé !

Tièmoko Traoré

Source: Le Pouce

 

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