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DOSSIER : MARIAGE / Des noces sans lendemain

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Tribunal de première instance de la commune V : Une vingtaine de divorces prononcés chaque semaine

MOUSSA COULIBALY, JUGE AU TRIBUNAL DE LA COMMUNE VI « Par semaine, nous avons une trentaine de dossiers de divorces »

 

A cause des échecs des mariages, nos tribunaux connaissent un taux élevé de divorces. Selon Moussa Coulibaly, juge au siège du tribunal de la Commune VI du district de Bamako, la plupart des mariages finissent par le divorce dès la première année.

 

« De nos jours, les enfants se marient plus vite. Comme aux villages ou dans les campagnes. Mais la plupart de ces mariages finissent par le divorce dès les premières années. Parce qu’ils se marient par coup de tête sans être préparés psychologiquement, principalement les jeunes filles qui manquent de maturité sont aussi un peu « naïves ».

 

Après le mariage, elles sont toujours tentées par la vie de célibat. Dans le mariage, elles se sentent prisonnières, séquestrées. Vivant l’enfer, elles vont commencer à violer les règles du mariage. Les parents et la société ont un rôle prépondérant. Ils doivent préparer les futurs conjoints, leur détailler le sens du mariage. Le mariage est un contrat et une institution qu’il ne faut pas violer. La famille est la cellule de base d’une société, elle est centrée sur des valeurs que le mariage incarne. Les causes du divorce peuvent être des injures graves, l’adultère, la condamnation d’un des conjoints, les excitants, l’insatisfaction des besoins primaires de la femme. Par semaine nous avons au moins une trentaine de dossiers de divorces. Si j’ai un conseil pour les jeunes, c’est de prendre le temps d’étudier le mariage et de prendre aussi le temps d’y rester. Ça ne se fait pas sur coup de tête. La polygamie est un droit, mais pas la solution aux problèmes. Il faut d’abord chercher à savoir ce qui ne va pas ?  C’est qui le problème ? Quelle solution je dois envisager ? Le divorce est considéré comme un pas en arrière quelle que soit la cause ».YAYE DIAWARA, TRADITIONNALISTE « Le mariage est sacré »Selon Yaye Diawara, traditionaliste, les problèmes conjugaux qui se soldent par des divorces existent depuis la nuit des temps.

 

« Les problèmes dans le mariage ne datent pas d’aujourd’hui. La société était confrontée à ce phénomène depuis bien longtemps. Tout le monde voulait être marié à son prince charmant et non à un parfait inconnu désigné par les parents. Cela a causé le divorce entre plusieurs parents, la fugue de plusieurs jeunes filles craignant le mariage forcé. Avant, la future mariée n’était pas concertée. Les parents faisaient tout et c’est à l’approche de ton mariage que tu connaissais  ton mari et tu n’avais pas le choix. Tu étais obligée de le respecter et de l’aimer à cause de tes parents. Ce genre de couple était béni et l’amour venait après deux ou trois enfants.

 

Mais maintenant, dans ce nouveau monde, les enfants sont des rois. Ce sont les parents qui ne décident même rien à leur place, ce au détriment de leur avenir. Le mariage est quelque chose de sacré, de sage, de conscient. Comment un enfant peut se prononcer sur son mariage ? C’est bon d’être avec quelqu’un qu’on aime et qui nous aime, mais tu peux vivre l’amour fou avec quelqu’un qui ne sera jamais ton mari. Même si c’était le cas, vous ne pourrez jamais vous attendre car le lien du mariage est différent de votre amour.

 

Les filles, bien que mariées, se promènent insouciantes dans les rues. Sans niveau en cuisine et sans éducation. Pourtant le mariage se base sur l’éducation. Sans éducation quelle valeur morale tu vas inculquer à tes enfants ? La cuisine et le reste peuvent s’apprendre, mais l’éducation non, elle  s’apprend à la maison.

Des garçons mariés sont dans la rue ou dans les boîtes de nuit jusqu’aux heures tardives de la nuit. Des injures vis-à-vis de la conjointe, les excitants, l’adultère deviennent leur quotidien. Des agissements qui débouchent sur le divorce. Nous sommes tous fautifs, les enfants et les parents. Comment donner ta fille à un homme sur qui tu n’as pas fait une enquête approfondie sur son passé, ses parents et sur son entourage ? Comment ton fils peut-il fiancer une fille que tu ne connais pas et que tu laisses cette fille rentrer dans ta famille sans l’étudier ? C’est bon de laisser les enfants faire leur choix, mais il doit être étudié par les parents ».

 

 

 

BAMOUSSA COULIBALY, SOCIOLOGUE « Le mariage tend à être un phénomène de mode »

 

« Le mariage de nos jours tend à apparaître comme un phénomène de mode. Les jeunes, aussi bien les hommes que les femmes,  ne sont pas préparés psychologiquement à cette vie à deux qui a plus de jours difficiles que d’heureux. Si on n’est pas mentalement dans les bonnes dispositions psychologiques pour changer de mode de vie pour s’habituer à un nouvel environnement familial, ça sera difficile.

 

Les jeunes mariés arrivent difficilement à tourner le dos à leurs vieilles habitudes. Par exemple sortir quand on veut, retrouver des amis et être libres. C’est pourquoi les premières disputes deviennent rapidement les causes de mésententes qui s’installent durablement. Ce phénomène a un lien avec l’évolution de notre société, car depuis quelques décennies, la famille n’intervient plus dans le choix du conjoint ou de la conjointe de leur frère, sœur ou enfant.Dans la grande majorité des cas, la famille ne connaît le futur époux ou la future  épouse que quelques semaines avant le mariage. Quand on doit se marier, on doit avoir le minimum de vues communes avec le futur époux ou la future épouse. Pour les jeunes femmes, les choix hasardeux peuvent s’expliquer par le fait que la société a un mauvais regard sur les filles de 25 ans ou de 30 ans qui ne sont pas mariées. La crainte de rester longtemps célibataires peut les plonger dans les bras du premier candidat qui se présente.  Dans de pareils cas, la moralité de ce dernier n’est pas une priorité pour la future belle famille. Le choix est important et il faut se donner le temps, c’est pourquoi se précipiter revient à faire un saut dans le vide ».

 

 

 

MARIAGES AU MALI : Des jeunes bamakois s’expriment

 

Adam Fané (étudiante) :

 

« Je veux me marier vite et fonder un foyer avec celui que j’aime. Les mariages ne durent pas longtemps parce que c’est dur d’entretenir tout le monde dans la famille. Ton mari, tes enfants et tes beaux-parents ont du temps pour toi. Mais avec ton mari et tes enfants, les domestiques, c’est plus facile. Faire les tâches ménagères, se lever très tôt le matin comme une domestique, perdre ta beauté et ta forme, c’est compliqué. Je veux être seulement avec mon mari et personne d’autre, de temps en temps on peut rendre visite à ses parents ».

 

 

 

Moussa Sow (jeune au chômage) :

 

« Les mariages ne durent pas longtemps parce que les filles ne sont pas préparées. Je me marie pour que ma femme prenne soin de mes parents et non les manquer de respect. Je les respecte pourquoi pas toi. Dès que des femmes sont mariées, elles se comportent en domestiques en ne prenant aucun soin d’elles. Elles deviennent de plus en plus sales, orgueilleuses, mal habillées, mal tressées avec des dépenses inutiles sur le dos du mari. Souvent, son époux a même du mal à la présenter à ses amis. Chaque dispute certaines menacent de rentrer chez leurs parents. Ce n’est pas encourageant ».

 

 

 

Mariam Dembélé (ménagère) :

 

« Les enfants ne connaissent pas le but du mariage. Ils pensent que le mariage c’est seulement les plaisirs de la nuit or quand on se marie, c’est pour venir souffrir pour tes enfants. Tu dois tout accepter, accepter de souffrir pour le bonheur de tes enfants. Des filles pensent que les “je t’aime, ma chérie, BB” vont continuer. C’est juste pour le début, après c’est la pitié et l’honneur de la parole donnée qui vont rester. Pour la femme, c’est pour tes enfants que tu vas rester. C’est bon de se marier vite et de fonder une famille. Mais cela englobe de très grands sacrifices et de responsabilités. Il est toujours souhaitable d’avoir le choix, mais il doit être étudié avec des personnes qui ont un esprit de discernement ».

 

 

 

Dossier réalisé par

 

Aboubacar Sidiki Diarra

 

Source: Mali Tribune

 

 

 

 

 

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