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Coopération : L’axe Bamako-Moscou prend du volume

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À la coopération militaire qui semble satisfaire les deux parties, le Mali et la Russie entendent ajouter le développement des échanges commerciaux. L’entente cordiale entre Maliens et Russes confirme aussi la consolidation du processus de changement d’alliance et de stratégie dans la lutte contre le terrorisme au Sahel«Merci d’avoir consacré du temps à nous écouter», lance Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, alors que le déjeuner de travail offert par son homologue russe des Affaires étrangères tire vers sa fin. «Nous ne comptons pas notre temps lorsqu’il s’agit d’échanger avec vous», répond Sergueï Lavrov.SOUTIEN MUTUEL- Sergueï Lavrov a tenu aussi à exprimer la haute appréciation de son pays quant à la solidarité affichée par le Mali en faveur de la Russie dans le dossier de la crise ukrainienne. «Nous n’avons eu d’autre choix que d’intervenir pour assurer la sécurité des populations russophones et empêcher que l’Ukraine n’accueille des bases militaires aux portes de la Russie», a-t-il expliqué, ajoutant que son pays a besoin du soutien de ses amis pour faire face à l’hostilité des Occidentaux.

 

De son côté, Abdoulaye Diop a rappelé que le Mali apprécie hautement le soutien diplomatique de la Russie pour contrecarrer les actions visant à l’isoler sur la scène internationale. Aussi bien dans le cadre des divergences avec la Cedeao que sur le dossier de la brouille diplomatique avec la France, le Mali bénéficie du soutien indéfectible de la Russie. Les deux chefs de la diplomatie partagent l’avis que les sanctions ne permettent pas de trouver des solutions idoines aux crises. 

«Nous assistons à une maladie des sanctions à la grande déception de la Russie», a lancé le ministre russe. En écho, son homologue malien a répondu que son pays compte davantage sur les vertus du dialogue pour régler les différends. «Les sanctions contre le Mali avaient manifestement pour objectif de provoquer des soulèvements. Tel n’est pas le cas», a-t-il fait remarquer, soulignant qu’elles n’ont pas permis d’obtenir des avancées sur le dossier de la crise malienne.

 

Aux Nations unies, l’appui de la Russie a permis au Mali d’échapper aux actions hostiles de la France, s’est également réjoui Abdoulaye Diop en saluant la décision de Sergueï Lavrov de soutenir le Mali de la manière la plus ferme contre les actions hostiles de l’ancienne puissance coloniale au niveau du Conseil de sécurité.

 

L’entente cordiale entre Maliens et Russes est la manifestation d’un changement d’alliance et de stratégie dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. La mésentente entre le Mali et la France, principal partenaire depuis près d’une décennie, ouvre de bonnes perspectives pour les Russes de prendre pied au cœur du Sahel et de perturber la domination française. Visiblement, du côté de Moscou, on entend bien profiter de cette opportunité en surfant sur la réputation d’efficacité de la Russie en matière de stabilisation des pays en crise.

 

Cette nouvelle donne se manifeste par la montée du rejet de la présence militaire française dans les pays du Sahel et l’affaiblissement des structures organisationnelles à travers lesquelles la France exerce son influence. Le retrait du Mali du G5 Sahel est un coup dur à cet effet car l’ancienne puissance coloniale était le parrain de cette organisation sahélienne qui peine d’ailleurs à faire la preuve de son efficacité.Ce nouveau développement éloignant davantage le Mali de son ancien partenaire stratégique n’est que la suite logique du départ de la force française Barkhane et de la force européenne Takuba du Mali et même de la fin de la mission de formation EUTM. Dans ce contexte, quid du mandat de la Minusma ? Il sera sans doute renouvelé en juin prochain. Même si la mission onusienne est loin de satisfaire notre pays aujourd’hui.

 

Le Mali joue donc à fond la carte de la coopération avec la Russie aussi bien dans le domaine militaire que dans le cadre du commerce des biens de consommation. Et la Russie semble bien décidée à poursuivre l’extension de sa sphère d’influence en proposant des solutions novatrices à même de satisfaire un pays à la recherche de voies de sortie d’une crise qui le mine depuis une décennie.

 

Envoyé spécial

 

B. TOURÉ

 

 

 

 

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