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Hiver des partis politiques et printemps de l’armée au pouvoir : Les politiques sont-ils les seuls responsables de l’effondrement du Mali ?

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Pour rappel les 23 ans de gestion du Général Moussa Traoré, les 10 ans d’Amadou Toumani Touré, plus 1 an du Capitaine Amadou Haya Sanogo et probablement les 3 ans de gestion du Colonel Assimi Goïta, devraient permettre aux analystes de faire un tableau récapitulatif du nombre d’années fait par les militaires et celui des civils, au pouvoir.Le Général Moussa Traoré régna sans partage pendant 23 ansLe Premier Président du Mali indépendant Modibo Keita sera renversé par des jeunes officiers sans galons, le 19 novembre 1968. Le Lieutenant Moussa Traoré et 13 autres officiers dont le plus gradé était capitaine, en furent les inspirateurs. Ils ont mis en place le Comité Militaire de Libération Nationale, CMLN et ont géré le pays d’une main de fer pendant 23 longues années. Sans leader charismatique, les 14 membres du CMLN étaient presque tous Présidents et chacun gérait, selon son humeur et ses intérêts, son domaine. Les sociétés et entreprises d’Etat réalisées par Modibo Keita sont allées en faillite, les unes après les autres, à cause de la mauvaise gestion, avec son corollaire de corruption, de népotisme et du clientélisme. Le pays s’est enfoncé dans une crise politico-sociale sans précédent avec comme conséquence une misère indescriptible. Toutes les voix discordantes étaient systématiquement réduites en silence. Le Mali était devenu une jungle où règne la loi du fort. Terrorisés, arrêtés, torturés, certains ont été jetés en prison à Kidal et même à Taoudéni, les quelques rescapés ont fait le choix de l’exil. Il y a eu une véritable fuite des cerveaux vers les pays voisins. Incapable d’assurer les salaires des fonctionnaires, le Général Président a été contraint de se tourner vers les institutions de Breton Woods pour se soumettre à un Programme d’Ajustement structurel, PAS. Ce programme austère met non seulement l’économie du pays sous perfusion, mais aussi et surtout annihile tous les projets de développement. C’est dans cette misère que le peuple a pris son destin en main pour mener la révolution de 1991. Le Général à bout de souffle après quelques semaines de manifestation et perdant la bataille contre le peuple, sera arrêté par d’autres militaires après 23 ans de dictature, le 26 Mars 1991. Le Mali renoue avec la démocratie, et la liberté longtemps confisquée sera donnée au peuple afin qu’il participe au débat et à la construction de l’édifice Mali. Une transition a réuni les maliens des réformes ont été menées pour avoir comme épilogue l’élection du premier président démocratiquement éluAlpha Oumar Konaré, le premier Président démocratiquement élu  Le Mali a fait le choix de la démocratie multi partisane après la révolution de Mars 91 et Alpha Oumar Konaré, AOK, a été le premier Président de l’ère véritablement démocratique. Est-il facile de gérer un pays après 23 ans de gestion chaotique ? AOK a hérité d’un pays presque failli où tout était prioritaire. Les revendications catégorielles et estudiantines, la soif de développement, de démocratie et surtout de liberté d’expression de réunion étaient les principales doléances d’un peuple meurtri par 23 ans de dictature. S’il faut reconnaitre que tout n’a pas été parfait et qu’on pourrait même dénombrer beaucoup de manquements à l’orthodoxie financière, sous AOK, l’honnêteté intellectuelle voudrait bien qu’on cite certaines grandes réalisations, comme la construction d’infrastructures routières pour désenclaver le pays, la décentralisation, les Monuments qui ornent les villes. Les partisans d’Alpha Oumar Konaré se targuent de dire que le régime AOK a construit plus de salles de classe, plus de centre de santé que l’ensemble des deux premières Républiques. Que dire de la décentralisation, qui a été la solution, pendant un certain moment, des rebellions cycliques. L’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations en 2002, au-delà de son aspect sportif et festif, a été un véritable projet de développement, permettant de doter les grandes villes du Mali d’infrastructures routières, hôtelières et des stades modernes pour la promotion du sport roi. Ces différentes prouesses réalisées sous AOK ont été entachées d’images peu reluisantes. Pour rappel la corruption était à ciel ouvert, le Mali a connu les premiers milliardaires fonctionnaires sous AOK. il y a eu également une ADEMAisation à outrance de l’administration couplé au népotisme sous le couvert du militantisme du parti-Etat. Comment peut-on ne pas aborder la décadence ou la déperdition scolaire et la baisse drastique de niveau des élèves, sous le magistère du Président Enseignant. L’école a été le maillon faible de sa gouvernance. Il l’a reconnu volontiers.

 

Qu’il soit dit en passant, pour l’instant Alpha Oumar Konaré est jusque-là le seul Président à avoir fait ses mandats et réalisé l’alternance et rentrer chez lui sans coup férir et surtout indemne. Il a passé la main à ATT.

 

Le soldat de la démocratie a succédé à Alpha Oumar Konaré

 

Le Général réserviste de l’armée qui a accepté de troquer son treillis contre la veste a débarqué à Koulouba, le palais présidentiel, en faveur des élections de 2002. Amadou Toumani Touré, puis que c’est de lui qu’il s’agit, en venant au pouvoir avait déjà une petite expérience de gestion de l’Etat pour avoir géré la transition de 1991. Cet élan lui a permis de rassembler et de se mettre au -dessus du clivage politique et religieux. Il a mis fin aux différentes tensions politiques en bâtissant un consensus dont lui seul avait le secret. Ce consensus lui a permis d’apaiser le front politique et social, mais aussi et surtout de s’attaquer aux véritables projets de développement. D’ailleurs l’autre surnom d’ATT était le grand bâtisseur car des routes sont sorties de terre comme des champignons, des hôpitaux, des échangeurs qui ont orné la capitale, l’emploi des jeunes n’était plus un rêve mais une réalité. Mais l’arbre ne devant pas caché la forêt, tout comme Alpha Oumar Konaré l’enseignant, le fils d’enseignant et l’époux d’enseignante, a échoué dans le domaine éducatif, le général réserviste de l’armée, ATT a, lui aussi, échoué à mettre en place une armée à la hauteur des enjeux. Mal équipée et mal formée, l’armée malienne était sous ATT la risée du monde. Le repli tactique était devenu sa stratégie de combat, permettant à l’ennemi de gagner du terrain. Autres faiblesses de la gouvernance d’ATT était son laxisme et sa légèreté dans ses prises de position et dans ses décisions. Face à deux fronts brulants, à savoir le front sécuritaire et social, une mutinerie d’une poignée de militaires a eu raison d’un régime chancelant, qui s’est effondré comme un château de cartes. Le capitaine Amadou Haya Sanogo à la tête d’une junte militaire s’est adressé à la nation, comme étant l’homme fort du pays, un 22 mars 2012. La longue et difficile marche pour une sortie de crise commença avec l’investiture du Président de l’Assemblée Nationale Dioncounda Traoré. Le clou de la transition a été l’élection d’IBK

 

IBK, l’ancien premier ministre d’AOK succède à ATT

 

Les élections organisées pour clore la transition a permis à IBK d’accéder enfin à la magistrature suprême. Jamais un Président n’a été aussi bien élu en 2013 qu’IBK. Le peuple s’est mobilisé pour soutenir Ibrahim Boubacar Keita, qui a promis de donner au Mali et aux maliens leur dignité et leur honneur. « Le Mali d’abord, pour l’honneur du Mali et pour le bonheur des Maliens » étaient les slogans phares de sa campagne. Une fois au pouvoir il a jeté à la poubelle cette promesse de campagne pour ne privilégier que sa famille et ses amis. De mémoire d’homme, le Mali n’a jamais été aussi mal gouverné que sous IBK, la corruption était à ciel ouvert, le népotisme a été érigé en mode de gestion. L’armée, notre outil de défense, malgré tous les tintamarres et une véritable communication, était mal équipée et mal formée et pourtant officiellement c’est plus 1230 milliards qui sont débloqués pour son équipement et sa formation. Le régime IBK était synonyme de scandales, engrais frelatés, blindés en carton, tracteurs surfacturés, fonds destinés à l’équipement des militaires détournés. Ce qui a eu comme conséquences des avions cloués au sol. Le peuple déçu, fatigué a pris son destin en mains pour mener un combat acharné contre un Président de la République malade et dépassé par les évènements. Son régime chutera après plusieurs semaines de manifestations parfois violentes, car une partie de l’armée a pris ses responsabilités en arrêtant la violence. IBK arrêté il sera libéré mis en résidence surveillée jusqu’à son décès.

 

Une autre transition militaire est en cours au Mali, soit la troisième, après celle d’ATT et de Haya.En somme sur les 62 ans d’indépendance du Mali, l’armée a géré le pays pendant 37 ans soit 23 ans de Moussa Traoré, 10 ans d’ATT, 1 an de Haya et probablement 3 ans d’Assimi Goïta. Doit-on jeter l’anathème sur les hommes politiques au regard du bilan global de gestion de notre pays, comme étant les seuls responsables de la descente aux enfers du Mali ?

 

Youssouf Sissoko

 

 

Source: L’Alternance

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