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La situation économique vue par le gouvernement : En dépit de la flambée des prix, tous les signaux au vert

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Alors que l’incertitude prend de plus en plus le dessus sur l’espoir et que la conjoncture frappe durement le quotidien des Maliens, le gouvernement du Mali affiche un optimisme assimilable à de l’infatuation. C’est l’impression qu’il se dégage d’un communiqué par lequel les autorités se réjouissent de s’être acquittées de l’apurement de l’ensemble des services de la dette extérieure dont les levées de fonds sur les marchés sous-régionales, la dette de marché et la dette par syndication toutes suspendues par l’instauration de l’embargo et la fermeture des frontières. Il s’agit, selon le même communiqué, de la dette extérieure pour plus de 85 milliards francs CFA, de la dette de marché émise par syndication pour 66 milliards et de partie de la dette de marché par adjudication pour un montant de 65 milliards francs CFA. S’y ajoute l’apurement d’intérêts de retard auprès des investisseurs pour plus près de 7 milliards relatifs aux impayés de la dette de marché, tandis que ceux de la dette de marché émise par adjudication seraient apurés pour la bagatelle de 215 milliards – grâce notamment à la manne levée par l’émission spéciale de bons et d’obligations de trésor en date du 9 août dernier. Mot n’a été dit cependant sur la situation de la dette intérieure – dont l’économie nationale n’est pas moins tributaires -, mais il faut dire que l’apurement des dettes extérieures entre aussi dans le cadre de la levée progressive des sanctions conjointement décidée par l’UEMOA et CEDEAO et rend le Mali désormais rééligible aux levées de fonds.

Dans le même sillage, les autorités maliennes se réjouissent d’une économie malienne qui résistent vaillamment à une superposition d’aléas que sont la crise institutionnelle et ses effets sur l’apport des partenaires techniques et financiers, les contraintes budgétaires de la crise sanitaire (Covid-19), l’impact de la fermeture des frontières sur les recettes aux portes, etc. Ça n’est pas tout. Des contraintes budgétaires similaires sont imputables à la crise sécuritaire et ses pertes de recettes fiscales, en plus de l’absorption d’une part conséquente des dépenses publiques par le secteur de la défense et de la sécurité. Les indicateurs économiques du Mali n’en sont toutefois pas alarmants outre mesure, estiment les autorités de la Transition, qui en jugent par le constat suivant : un déficit budgétaire maîtrisée à 4,7 au lieu de 6,5 en 2020, une croissance de 3,1% contre -1,2% en 2020, un taux de chômage de seulement 6,5% au Mali pour 7,7 en Afrique subsaharienne. Et, cerise sur le gâteau, ces indicateurs se traduisent par un niveau d’inflation également sous contrôle, soutient-on, avec un taux de seulement 5% en 2022 contre 4,7% dans la zone Uemoa et 3,6% dans le monde, en dépit des crises multidimensionnelles sanitaires et de l’embargo sous-régional. Cette prouesse s’expliquerait par l’efficacité des mesures de riposte déployées par le gouvernement sous forme de subventions sur certains services comme la desserte d’eau et d’électricité, d’exonération de nombreuses denrées de grande consommation sans lesquelles certains produits comme les hydrocarbures seraient moins accessibles pour les Maliens. Sauf que cette démonstration élogieuse intervient dans la foulée d’une réaction gouvernementale qui contraste manifestement avec la satisfaction que les autorités en éprouvent. Il y a une dizaine de jours, en effet, la situation inspirait une perception beaucoup moins théorique et la hausse spectaculaire et inflationniste des prix était au cœur d’un conseil des ministres extraordinaires sanctionné par des mesures coercitives sur le dividende des mesures consenties pour gérer une économie conjoncture qu’on s’efforce de présenter comme structurelle.

A KEÏTA

Le Témoin

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