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Transition politique malienne en cours : Qui dirige le processus ?

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Le réarmement et les victoires des Forces armées et de sécurité (FAS) seront éphémères sans un soutien politique à hauteur des enjeux et des défis de résolution de la crise multidimensionnelle que traverse le pays.

 

Toute la problématique de la reconquête de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique trouve sa clé dans la construction d’une force politique patriotique capable de réaliser sans tarder, concomitamment et avec efficacité, deux (02) tâches primordiales et de la plus haute importance stratégique.

 

L’une consiste à souder les fissures internes de notre société déstructurée par le laxisme et l’impunité institués et perpétués au point d’être érigés en pratique comme méthode de gouvernance d’un État gangréné par la corruption.

 

C’est un préalable, parce que les forces étrangères de domination et de prédation ne peuvent opérer avec sucés qu’à travers les contradictions internes, elles agissent toujours en semant la division, en suscitant des oppositions ou en attisant des conflits latents ou déclarés entre acteurs sociaux, politiques, économiques et culturels locaux.

 

L’autre tâche a pour objet la soumission de nos rapports avec les puissances impérialistes aux exigences de notre développement interne.

 

Le problème n’est pas d’être pour ou contre la France, mais de savoir et pouvoir défendre nos intérêts face à ce partenaire et aux autres puissances dominatrices de la Communauté internationale. On peut être parfaitement conscient d’une situation d’injustice et des dispositions défavorables pour ses droits et ses aspirations, on peut même être, en plus, tout à fait en capacité de défendre ses intérêts mais ne pas le faire. Tel a été le cas des élites maliennes (toutes tendances confondues) jusqu’en Mai 2021.

 

L’impérieuse nécessité d’accomplir ces deux tâches déterminantes et décisives pour la reconquête de notre souveraineté et la reprise en main de notre destin nous renvoie directement à l’éternelle question du changement révolutionnaire: Qui dirige le processus ?

 

Or, là, aujourd’hui, nous autres révolutionnaires, sommes faibles au triple plan:

 

– idéologique, avec l’absence de moyens de communications performants avec le peuple;

 

– politique, en l’absence de l’outil de lutte politique indispensable qu’est le parti révolutionnaire capable d’assurer la conduite de la lutte de notre peuple jusqu’à la victoire;

 

– et économique, vu le dénuement économique et financier des patriotes face aux {{démocrates}} milliardaires locaux.

 

Par conséquent, il nous incombe de reconstruire la grande force populaire de renaissance du Mali. Pour ce faire, il faut:

 

– construire le Parti du Peuple, un travail complexe et qui nécessité beaucoup de temps;

 

– savoir nouer des alliances en fonction des exigences de la renaissance du Mali et de notre propre développement en tant que force de garantie des intérêts de notre peuple, d’où la nécessité de comprendre l’évolution des contradictions qui régissent aujourd’hui notre pays.

 

Le plus grave handicap, c’est l’absence de vision, d’ambitions et de volonté politiques des élites maliennes face aux convoitises des puissances impérialistes et au risque de partition du pays. Celui qui ne pense pas à l’avenir n’a pas d’avenir. {{L’homme qui détermine sa conduite par la perspective la plus proche est l’homme le plus faible}};face aux menaces qui hypothèquent aujourd’hui l’existence même du Mali, nous devons savoir et pouvoir regrouper toutes les forces conscientes de la nécessité d’un sursaut patriotique.

 

Là, si nous ne sommes pas idéologiquement et politiquement forts pour peser sur le cours des évènements, nous allons réaliser une nouvelle révolution politique qui ne sera pas capable d’évoluer en révolution sociale et économique changeant les structures de production et les superstructures au profit de la majorité des Maliens.

 

C’est sur ce terrain que les pères fondateurs ont échoué sous la pression des faiblesses structurelles internes léguées par la colonisation et les pressions externes. Mais leur échec n’enlève rien à leur mérite par ce qu’ils ont montré la voie à suivre.

 

Les démocrates des trente (30) dernières années ont choisi la voie inverse en se soumettant à l’impérialisme néolibéral. Il y a quand même quelques exceptions:

 

– Au MALI: Les nombreux résistants du Mouvement Démocratique malien.

 

J’ai l’habitude de parler de l’intégrité des Premiers ministres Younoussi TOURÉ et Abdoulaye Sékou SOW. Il y a beaucoup d’autres qui n’ont pas démérité. Je ne suis pas tendre dans mes critiques de la gouvernance de la 3ème République, mais cela n’enlève rien aux acquis politiques, économiques et sociaux des trente (30) dernières années. Les jeunes ignorants et les vieux UDPMISTES doivent savoir que sans les sacrifices consentis par les acteurs du mouvement démocratiques, ils n’auraient pas pu s’exprimer librement comme ils le font, depuis trente ans. Quant au chef du courant restaurateur, il me fait pitié. Nous qui avons vécu vingt-trois (23) ans de dictature, avons épargné, toléré et intégré les gens de tout acabit dans la gouvernance du pays.

 

Sur le plan continental:

 

Le Botswana, un petit pays démocratique qui, depuis cinquante-six (56) ans, a su préserver ses intérêts miniers face aux multinationales d’une part, et, d’autre part, affecter judicieusement au développement les ressources provenant de l’exploitation des diamants de son sous-sol.Le Rwanda, un autre petit pays ayant douloureusement vécu le génocide le plus terrible qu’ait connu l’Afrique, a pu se ressaisir et prendre en main son destin. Le Rwanda n’est pas un pays démocratique de façade comme le Mali, mais les investisseurs n’hésitent pas à investir dans ce pays par ce que les lois du pays sont appliquées, et il y a moins de corruption. Ce petit pays a pu faire face à l’impérialisme français.

 

L’Éthiopie, est un pays dont le système démocratique est contesté par les occidentaux, mai qui tient tête aux puissances impérialistes et leurs instruments que sont les institutions de Breton Wood.

 

Ainsi, dans le cadre d’un de ses programmes d’ajustement structurel, le FMI a voulu imposer à ce pays sous-développé une libéralisation à l’américaine de son système bancaire. Le Premier ministre Éthiopien a répondu: «je ne me suis pas battu plus de quinze (15) ans, les armes à la main, pour qu’un bureaucrate vienne me dicter comment gouverner mon pays».

 

L’Éthiopie avait contracté avec le Fonds monétaire international (FMI) un prêt garanti avec l’hypothèque d’un de ses avions. Quand l’Éthiopie a estimé avantageux de rembourser à l’avance le reliquat de sa dette et de lever l’hypothèque sur son avion, le FMI s’est mis en colère par ce que le pays avait remboursé sa dette sans son autorisation ! L’Éthiopie est passée outre.

 

Comme on peut le constater, la mentalité esclavagiste de l’ajustement structurel néolibéral est un frein au développement des pays africains.

 

La Banque mondiale qui est l’autre bras exécutif de l’impérialisme a le mérite d’être moins Americanomorphiste que le FMI. (Americomorphisme: erreur des américains qui attribuent à des peuples différents d’eux, des tendances, des possibilités et des recettes qui n’appartiennent qu’à eux. (Pierre Moussa dans: les USA et les Nations Prolétaires). Les connaisseurs diront que ce sont les Européens qui dirigent le FMI, ce qui est vrai mais ils ne sont que les exécutants zélés de la politique américaine.

 

Mais le premier frein au développement de l’Afrique est la perte de souveraineté culturelle de ses cadres. Depuis quatre décennies, les cadres politiques et techniques du continent ont cessé de penser par eux-mêmes et pour l’Afrique. Nos normes et valeurs de référence sont celles des institutions de Breton Wood. Dans ces conditions, adieu à toute tentative de développement endogène !

 

Une Afrique responsable aura sa propre VISION de sa RENAISSANCE par rapport à elle-même et au reste du monde, que ses fils et filles déclineront en programmes et projets de développement endogènes.

 

Une fois de plus, au niveau de l’Afrique comme celui du Mali, se pose la question capitale: qui dirige le processus ?

 

Ceux qui dirigent aujourd’hui le continent africain ne sont que les chargés de mission de la nouvelle domination néolibérale, dans le cadre du maintien de l’Afrique comme réservoir de matières premières.En revenant à la situation du Mali, les exigences du court terme 2022=2024 d’une part, et nos faiblesses actuelles d’autre part, nous imposent une évaluation des contradictions internes à notre société, et de celles opposant notre pays à son environnement externe (sous régional et international).

 

Sans analyse concrète de la situation concrète, comme le disait Lénine, point d’action efficace. L’efficacité entendue comme l’atteinte des objectifs.

 

Dans ce contexte de la recherche stratégique, voici les questions qui hantent les patriotes africains:

 

– La question de l’environnement vu sous l’angle non pas des seuls facteurs extérieurs, mais de tous les éléments INTERNES et EXTERNES pouvant influencer le développement du Mali.

 

Une telle vision mettra l’accent d’abord sur les problèmes et responsabilités internes, ensuite et seulement ensuite, sur les facteurs extérieurs qui ne peuvent agir qu’à travers les facteurs internes. Un proverbe malien dit que le margouillat ne rentre dans la case que par la fissure. Tant que nous continuerons d’imputer à l’Occident la responsabilité de tous nos problèmes, nous continuerons à marcher en unijambistes, avec tout ce que cela comporte comme handicap dans la compétition des nations sur le chemin du progrès;

 

– Les Enjeux et Défis de la Transition 2022-2024, imposent aux patriotes de se retrouver afin de former la Nouvelle Force Alternative d’Avènement de Mali Koura.MISSION DES FORCES PATRIOTIQUES: Avoir une vision des moyens et conditions du sursaut patriotique de sauvetage de notre patrie.

 

Notre peuple est conscient et disponible pour les causes patriotiques. Ce qui lui manque, c’est l’apport des cadres politiques, administratifs et des hommes de culture en termes d’organisation, d’éducation et de mobilisation dans son combat multidimensionnel contre les forces rétrogrades internes à notre société d’une part, et contre les forces «françafricaines» de recolonisation politique et économique de notre pays d’autre part.

 

Ce sont nos divergences stériles qui permettent aux ennemis extérieurs de transformer les fissures de notre société en brèches pour y entrer et reprendre la forteresse Mali. Le mal malien est d’abord interne à notre pays. Ce mal s’appelle inconscience et inconsistance patriotiques de nos élites. Si notre peuple est organisé et mobilisé sur sa devise: Un Peuple-Un But-Une Foi, les puissances étrangères renonceront à leur projet de partition du Pays. Ce sont nos égos que nous mettons au-dessus de la Patrie qui nous rendent incapables de voir à travers les signes la marche de l’histoire. Après cent soixante-sept (167) ans d’histoire partagée entre le Mali et la France, le peuple malien est loin d’être antifrançais; mais il reste fidèle à ses valeurs d’honneur et de dignité.

 

En conclusion de l’Étude du RÉARMEMENT ÉCONOMIQUE du MALI, en 2005, j’écrivais: «Le volet négociation du Contrat Équitable de Réalisation du Projet d’Infrastructures et d’Industries de Base pour le Développement du Mali (PID-Mali) est la phase pratique, pour ne pas dire historique, qui relève de l’intervention au plus niveau de l’État, d’acteurs politiques expérimentés, suffisamment habiles pour faire ressortir et accorder les intérêts des deux (02) pays».

 

Là, il s’agissait de la Chine, mais c’est valable dans les rapports du MALI avec n’importe quelle puissance.

 

En décembre 2012, en introduction à mon «ESQUISSE d’une POLITIQUE d’utilisation des RESSOURCES NATURELLES pour le Développement du MALI», j’écrivais: «Les dirigeants politiques et militaires de la Transition sont condamnés à sortir de l’ordinaire, des sentiers battus pour faire face aux défis actuels du pays:

la libération, par la force, des régions Nord occupées par les rebelles;

 

– l’organisation d’élections crédibles;

 

– éviter que le cadre et les conditionnalités de la libération des régions nord ne soient pas une corde au cou de la République du Mali».

 

Malheureusement nous sommes tombés dans le piège: nous avons eu la corde au cou avec la France, et les chaînes aux pieds avec la communauté internationale dont les intérêts se confondent avec ceux de la France.

 

Notre Peuple triomphera si, en usant de son génie, il s’élève au-dessus de la mêlée, de la règle commune pour faire la petite différence qui sauvera la Patrie de la partition et de la régression au carré.

 

Compte tenu de l’émiettement du Mouvement démocratique (MD) au cours des trente (30) dernières années, le rassemblement des forces patriotiques est notre espoir.

 

Puisse Dieu guider les pas de notre Peuple avec BARAKA et bonne inspiration.

 

Diatrou DIAKITÉ, Commission scientifique EMK

Inter de Bamako

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