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IBK, ancien président du Mali : «Il n’est pas plus pauvre héros que celui qui passe à côté de sa propre histoire»

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Comme De Gaulle, j’ai une certaine idée de mon pays» confiait ce malinké pur jus à notre confrère JA, au lendemain de son sacre historique (77,6% des suffrages) lors de l’élection présidentielle de 2013. Un grand moment historique par l’ampleur extraordinaire de mobilisation des électeurs, toutes tendances confondues, vers les urnes. Du jamais vu dans l’histoire politique récente de notre pays ! Mais si on veut bien résumer le parcours hors-norme de celui qui a dirigé les destinées de notre pays durant sept ans, l’on ne peut s’empêcher de parler d’un sacré coup de pouce du destin. Ecoutez plutôt cette savoureuse anecdote !Au cours du congrès du parti socialiste tenu à Brest en novembre 1997 (au cours duquel François Hollande est élu à la tête du parti), le camarade Alpha Condé s’était plaint en ces termes : «Pourquoi diable IBK reçoit-il tous ces honneurs ? » C’est le camarade Laurent Gbagbo qui l’avait amicalement remis à sa place : «t’as qu’à devenir quelqu’un chez toi !». IBK était alors Premier ministre et Alpha Condé un opposant mal-aimé, plus coutumier des geôles de sa Guinée natale que des lambris dorés du palais, dont le véritable patron des lieux n’était autre que le despote Conté.

 

Mais si IBK a été le premier à flirter avec le pouvoir en devenant tour à tour Conseiller diplomatique du Président Alpha Oumar Konaré en 92, ministre des Affaires étrangères, Premier ministre pendant six ans (un record jamais égalé dans la sous-région), il a été le dernier à bénéficier de l’onction populaire. Laurent Gbagbo en 2000, Alpha Condé (2010) Mohamed Issoufou en 2011. Faut-il voir là, le signe concret de leur persévérance, du courage politique ou d’un inévitable coup de pouce du destin ? En tout cas, avant le putsch «providentiel» de mars 2012, IBK n’avait sûrement plus les faveurs des pronostics, même si de nombreux Maliens se souvenaient encore de son passage «héroïque » à la Primature, un passage qui lui a surtout permis de forger sa propre légende, c’est-à-dire l’image reluisante d’homme de rupture ou de poigne que le Mali attendait, bref un «sauveur».

 

Durant la campagne présidentielle de 2013, ce féru de littérature et d’expression latine a sans doute su trouver les mots justes pour fouetter le nationalisme souvent ombrageux qui sommeille en chacun de nous. Tout le monde sait que ce peuple si amoureux de sa brillante histoire médiévale aime aussi entendre des mots comme fierté, unité, patrie. Les communicants payés à prix d’or ont aussi vendu leur formule magique, même si le fameux slogan «Le Mali d’abord !» concocté par eux, sonnait aussi comme un petit air de plagiat, de celui plus célèbre du Front National «La France d’abord !».

 

Mais les peuples ne sont pas toujours ingrats et ils ont toujours les formules justes et tranchantes pour dénoncer une fourberie politique de quelque nature que ce soit. Ce sera «Ma famille d’abord» ou l’expression d’un vrai sentiment de répulsion et de ressentissent qui s’est aussitôt emparé d’un pan entier de notre pays.

 

B.CAMARA, Journaliste

Le Challenger

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