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Grève de la santé : Drame dans les hôpitaux

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Grève santé Drame hôpitaux

Plus qu’un génocide, c’est un véritable crime contre l’humanité qui est servi par la grève illimitée enclenchée par les syndicats de la santé de notre pays depuis le 9 mars dernier. Nul ne peut fournir aujourd’hui le nombre exact, même approximatif, de morts et de victimes morales au cours des dix-huit derniers jours du fait de ce mouvement. Mais, le drame est réel, patent et énorme. Ses proportions dépassent tout ce que l’esprit peut imaginer. Inutile de chercher les responsables de ce tableau dramatique ailleurs qu’au niveau des agents de santé (radicalistes jusqu’au-boutistes) et du gouvernement (indifférent et insouciant de la situation). Mais avant, donnons quelques repères du massacre humain, actuellement en cours dans nos hôpitaux et centres de santé.

Primo, selon des statistiques distillées dans la presse, entre le jeudi 9 mars et le vendredi 17 mars 2017, la maternité de Sogoninko en commune VI du District de Bamako, a enregistré 11 cas de décès de nouveau-nés, faute d’assistance médicale. Qu’est-ce que ces innocents (même chez Dieu, notre créateur) ont fait pour ne pas mériter de vivre.

« Ces innocents sont morts, non pas parce qu’ils souffraient d’une quelconque maladie, mais par la faute du gouvernement de Modibo Keïta qui a adopté la politique de l’indifférence face à la grève des agents de la santé. Ils sont morts parce que leurs parents ne sont pas membres de «Ma famille d’abord», qui ne manquent de rien. Ils sont morts parce que leurs parents sont pauvres. Il est incompréhensible que dans un pays qui a inscrit la protection de la femme et de l’enfant comme priorité dans son programme de développement, que ces deux couches soient traitées ainsi », analyse un observateur de la scène politique nationale.

Secundo, la mort de Ténin Samaké aux urgences du CHU Gabriel Touré restera à jamais gravée dans la mémoire de tous ceux qui en ont été témoins et tous les parents, amis et connaissances qui ont assisté aux obsèques de la jeune dame de 28 ans, partie à la fleur de l’âge avec (s’il vous plaît) ses jumeaux.

Mme Doumbia Ténin Samaké est une juriste de formation qui cumule les expériences (et gagne son pain) à travers des stages dans des services et cabinets de son profil. Il y a environ trois ans, elle a convolé en juste noces, pour le bonheur et pour le pire, avec Aboubacar Doumbia, un enseignant de formation (sorti de la Flash) qui « se débrouille » dans le privé. Il y a deux ans, le jeune couple a eu un petit garçon. Justement, celui-ci devait avoir il y a dix jours, deux frangins jumeaux. Mais, le gouvernement et les docteurs en décideront autrement.

En effet, selon le témoignage du mari de la future maman, dans la nuit du vendredi 17 au samedi 18 mars, sa femme est admise aux urgences du Gabriel Touré afin de subir une césarienne déjà programmée, du fait de la nature de la grossesse. Mais, sur place, la jeune Ténin sera abandonnée à son propre sort. Au moment où les docteurs se décidaient enfin à intervenir, la dame succombe, avec ses jumeaux, laissant derrière eux un mari, un papa, un fils et un frère veuf et orphelin.

Enfin, pas plus tard que dans notre précédente parution, nous faisions de l’arrêt pur et simple de la campagne de vaccination des enfants. Effectivement, la grève affecte la louable politique du PEV (Programme élargi de vaccination) lancé en 1974 par l’Oms. De ce fait ni les nouveaux nés, ni les enfants de 0 à 5 ans, ne sont vaccinés au Mali depuis le 9 mars. Ces innocents sont donc complètement à la merci de la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite, la rougeole et la tuberculose. Pourtant, la vaccination à ces six maladies a permis de sauver les mômes de handicaps à vie ou de la mort tout court. Une chance que votre serviteur n’a pas eu, surpris par le virus de la polio une nuit de 1970.

Tam-tam alors pour tous ces futurs bébés, ces nouveau-nés, ces enfants, ces accidentés, et ces malades en tous genres, qui ne devraient pas payer de leurs vies une querelle « qui ne les regardent pas ». Une querelle pour crime de responsabilité partagée. Si nous avons invoqué au début de cet article la double responsabilité des syndicats et du gouvernement, nous savons aussi pertinemment que ce dernier ne peut jamais manifester son indifférence face à la situation et se cramponner sur son refus de négocier si le chef de l’Etat avait tapé du poing sur la table. Cette passivité du président suscite beaucoup d’interrogations et de critiques au sein d’une opinion publique malienne très remontée.

Dans un pays bien tenu, le premier magistrat ne peut rester de marbre et complètement indifférent face à des décès à la pelle d’hommes et de femmes vulnérables.

Le chef de l’Etat a adopté la même attitude face à la première fermeture des structures de santé, à la grève illimitée des magistrats, aux multiples débrayages des différents ordres d’enseignements etc.

La seule fois que le président IBK a pris les choses en main, la situation a été décantée. C’était lors du préavis de grève illimitée de l’Untm. Alors, pourquoi, le chef de l’Etat laisse-t-il les Maliens mourir là où un simple claquement des doigts peut arrêter le cycle ?

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Sékou Tamboura

Source: L’Aube

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