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Exploitation des ressources minières : Le Mali, un État chinois ?

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Les relations entre la Chine et l’Afrique sont essentiellement économiques et fondées sur le principe du win-win (gagnant-gagnant). Mais depuis quelques temps, le slogan gagnant-gagnant a changé pour être gagnant-perdant.

 

Depuis l’avènement de la démocratie en Afrique, le continent serait à la remorque de ses vassaux qui l’ont conquis contre argent comptant. Plus de paix en Afrique. Chaque jour amène son lot de désolation. Une nouvelle exploitation des ressources minières du continent est à l’ordre du jour et serait la source de conflits en Afrique. La guerre du partage des ressources minières.

 

 

À cet effet, de nouveaux conquérants sont là. Ils ne reculent devant rien pour satisfaire leurs besoins sordides. Et cela sous les yeux des dirigeants africains. Ils ne lèvent pas le petit doigt parce que le pétrole, l’or ce sont les boulevards de la grande corruption. À cause de cette grande corruption de nos élites, l’Afrique est devenue un champ de bataille. Sur cinquante-quatre (54) pays du continent, trente-deux (32) étaient en conflit en 2001.

 

Connaissez-vous les vraies raisons de ces conflits ? Elles sont d’ordre purement politique. Au nom d’une mauvaise gouvernance, pour mauvaise gestion des ressources minières, les Africains sont en guerre. Si en 1884, il eut le partage de l’Afrique à Berlin, aujourd’hui il est question d’un dépouillement du continent.

 

Comment en est-on arrivé là ?

 

Le Mali démocratique a ouvert ses portes à n’importe qui, et n’importe qui vient faire n’importe quoi dans le pays de Soundiata Keïta sans craindre. C’est le cas des Chinois au Mali. Ils seraient sur le point de faire du Mali, un pays qu’ils ont conquis. Les faits et les actes sont parlants. L’environnement de certaines localités du pays a été complètement dégradé par les Chinois.

 

Dans le cercle de Kita, le bois d’ébène a été complètement décimé malgré le cri de cœur de la population. À Kéniéba, l’eau du fleuve, la Falémé, a été polluée (recherche de l’or). Les hippopotames ont fui en direction du Sénégal. À Naréna, dans le cercle de Kangaba, les Chinois sont à couteaux tirés avec la population pour des recherches minières (or). À Bamako, ils ont mis en faillite plusieurs commerçants. Les Chinois exportent des matériels manufacturés qui inondent le marché malien. On les retrouve dans tous les secteurs clés du commerce au Mali. Combien rapporte au fisc malien le commerce des Chinois ?C’est à partir de 1992 que les Chinois sont arrivés en grand nombre au Mali par le biais de construction d’infrastructures. Ces «ouvriers» étaient en fait des prisonniers qui devraient travailler pour s’acquitter. Ils avaient leur entreprise appelée COVEC. Plusieurs infrastructures au Mali sont à leur actif. Ils étaient nombreux à purger leur peine à Bamako. Quand ils finissaient leur journée de travail, ils étaient gardés par des compatriotes, ils regagnaient des villas louées à Korofina-Nord par l’ambassade de Chine, sans contact avec la population.

 

À partir de 2000, de nouvelles arrivées de Chinois s’ajoutent aux coopérants chinois, aux prisonniers-ouvriers que Pékin avait déjà déployés au Mali. Ils seront nombreux à ouvrir des bars, des restaurants, une fois à Bamako. Les Chinois exportent des machines, électronique, nouvelles technologies. Du coup, ils ont envahi le secteur commercial, sans aucune contrainte des plus hautes autorités. Ils sont sur des sites miniers à la recherche de l’or avec menace contre les villageois qui s’opposent à eux. Kabako ! Alors que l’ambassade de Chine au Mali refuse de délivrer aux commerçants maliens des visas d’entrée en Chine.

 

Il est temps pour le gouvernement malien de tirer au clair cette situation et le comportement ambigu des Chinois au Mali. Quand l’entreprise chinoise COVEC a abusivement licencié les ouvriers maliens, elle a été soutenue et défendue par le gouvernement du Mali auprès du tribunal du travail. COVEC, connaissant les points faibles des dirigeants maliens, a exercé tout son pouvoir sur les ouvriers.

 

 

C’est Deng Xiaoping qui a lancé en 1996 sa politique dite «réforme et ouverture» en direction de l’Afrique. Il dira aux Chinois Zou Chuqu, «Sortez du pays !». C’est alors que la Chine projette vers l’Afrique le trop- plein et de sa population et de ses nouvelles capacités de production industrielle, en échange des matières premières africaines, en particulier l’or et le pétrole. La Chine était le 83ème partenaire commercial de l’Afrique, en 1996, elle dépasse la Grande- Bretagne, en 2005, la France en 2006 et les États-Unis en 2009 pour se hisser au premier rang, devant les pays de l’Union européenne (UE) que l’on considère comme un bloc et non pas un pays.

 

En 2020, le nombre des Chinois en Afrique était très élevé, parmi lesquels désormais aussi beaucoup de personnes sans attaches, chercheurs de fortune en dehors de l’empire du Milieu. Il est estimé à plus de deux millions. Comment la Chine a-t-elle réussi à faire de l’Afrique son «deuxième continent»? En investissant, d’abord, dans des pays riches en ressources pétrolières et minières, comme le Nigeria, l’Angola et la Zambie.

 

En exportant ensuite son modèle des zones économiques spéciales, par exemple en Ethiopie et en Sierra Leone. En se dotant, enfin d’un dispositif bancaire capable de border son implantation en Afrique, à travers la China Developpement Bank, dont une branche, le China-Africa Developpement Fund créé en 2007, prendre des participations dans des sociétés africaines (cas au Mali de la société lithium de Bougouni); et l’Exim Bank, Banque du commerce extérieur chinois, habilitée à consentir des prêts à des conditions préférentielles. L’action des banques est coordonnée, en 2018, par la création d’une agence bilatérale de développement, habillage permettant de masquer le fait que les financements directs de la Chine sont de l’aide «liée»: l’argent de Pékin sert à la réalisation de contrats réservés à des entreprises chinoises, souvent sous forme de projets clés en main, sans mise en concurrence.

 

Aujourd’hui, quelque dix mille entreprises chinoises sont implantées en Afrique et elles concourent à environ 12% de la production industrielle du continent. Cela leur permet de contourner les droits de douane vers l’Union européenne. Les relations interétatiques entre l’Afrique et l’Asie dépendent des réseaux commerciaux et des diasporas asiatiques. Elles sont transformées par la montée en puissance de ces pays émergents représentant un tiers de l’humanité et ayant des besoins considérables en matières premières. Vigilance s’impose !

 

Amy SANOGO

 

Source: Inter De Bamako

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