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Lutte contre la corruption : Plusieurs dossiers ficelés au Pôle économique et financier

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Des enquêtes bouclées pour des tas de dossiers qui restent à être enrôlés à la Cour d’assises, la lutte contre la corruption suit son cours dans notre pays. Mais pour le citoyen lambda, rien ne bouge et des affaires semblent mises aux oubliettes. Au pôle économique et financier, le constat est tout autre.

 Au secrétaire du greffe du procureur de la République près le tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako, en charge du Pôle économique et financier, dont il revient de traquer les délinquants financiers, des dossiers sont en instruction. Il s’agit bien des dossiers relatifs aux affaires de corruption et d’atteinte aux biens publics. Les deux dames présentes dans ce bureau du procureur Alou Nampé sont des secrétaires de greffe et parquet de leur état. Elles se faufilent à longueur de journée entre des cartons remplis à ras bord de piles de dossiers ficelés comme des saucissons. Il semble que c’est une infime partie des dossiers et autres pièces à conviction que les juges instructeurs du Pôle économique et financier ont soit fini d’éplucher ou doivent le faire davantage pour telle ou telle affaire pour laquelle ils sont saisis.

Entre discussions avec un visiteur et coups de files, le procureur anti-corruption, Alou Nampé reçoit un collègue juge ou une des greffières venue lui remettre un document  important. Sa journée est ainsi meublée. Avec le visiteur du jour que nous sommes, le procureur dévisse sur la question de la lutte contre la corruption dans notre pays, qui pour l’opinion publique nationale, ne donne pas  beaucoup de visibilité.

Cette thèse de lenteur a été confortée par une sortie du président de la République Ibrahim Boubacar Kéita lors de la cérémonie de la rentrée des Cours et tribunaux de novembre 2015. A cette occasion, le chef de l’Etat et président du Conseil supérieur de la magistrature déclarait qu’il avait placé l’année 2014 sous le signe de la lutte contre la corruption et la délinquance financière avant d’affirmer qu’il avait transmis dans ce cadre à la justice, dès son arrivée au pouvoir en 2013, plus de 200 dossiers d’affaires sulfureuses révélées par la Casca ou le Bureau du Vérificateur général. Il s’étonnait du coup qu’aucun de ces dossiers n’ait prospéré jusqu’à jugement. Ces rapports sont-ils rangés dans les tiroirs ou classés sans suite ?

Procédures complexes

Que non. De prime abord, avec des explications à l’appui, le procureur anti-corruption n’est pas d’avis que la lutte contre la corruption traine dans notre pays. Selon lui, sur les 200 dossiers en question lorsqu’il a fait le point, il s’est avéré que plus de la moitié étaient passées en jugement ou en voie de l’être. La bonne information n’était pas passée certainement à IBK à ce niveau. A ses dires, ce sont des dossiers criminels qui doivent être jugés par la Cour d’assises qui se tient quatre fois dans l’année. Or, explique-il, notre pays traverse une phase difficile de son histoire qui fait que la tenue régulière des sessions de la Cour d’assise est une gageure. « Il est arrivé que la Cour d’assises tienne des sessions spéciales sur des affaires de détournement et d’atteinte aux biens publics », a-t-il dit.

Une autre complexité du travail est selon lui, qu’il s’agit des procédures complexes. Les instructions font souvent appel à des audits, des expertises et contre expertises et il se trouve parfois que le dossier de l’accusé comporte des erreurs dues à un détail près.« Souvent les instructions peuvent prendre trois à cinq ans sinon plus pour éviter de condamner un innocent », a-t-il plaidé.

La 3e licence de téléphonie mobile avait fait l’objet d’un rapport du Vérificateur général, transmis au Pôle économique et financier depuis 2014. Sur ce sujet, il est question de délit de favoritisme dans son attribution à Apollinaire Compaoré. Celui-ci a été interpellé en 2014 par le Pôle économique et financier, mais il s’est refusé de se présenter pour les besoins de l’enquête et a préféré se faire représenter par le directeur d’Alpha Télécom (Atel-Sa), un certain Diallo à l’époque, que le Pôle économique n’a pas voulu recevoir.

Depuis lors, Apollinaire Compaoré n’a pas daigné répondre à la convocation des enquêteurs de la brigade de recherche du Pôle économique et financier. Sur la question, le procureur Nampé a expliqué que cette procédure confiée au juge d’instruction Yaya Karembé, est toujours au stade des enquêtes. « Mais ce qui est sûr, si Apollinaire Compaoré doit travailler au Mali dans le cadre de l’exploitation de la 3e licence, il est obligé de répondre à la convocation de la justice malienne», a-t-il tranché sans ambages. Le procureur n’a pas voulu en dire davantage préférant rester derrière le secret de l’instruction qui ne lui permet pas de trop épiloguer.

Apparemment, la lutte anti-corruption est un long fleuve tranquille au Mali. Les résultats seront jugés à la fin de la procédure ou devant la Cour d’assises.

Par malizine

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