Le Mali, le Niger et le Burkina Faso se retirent de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La nouvelle a été apprise par les populations des trois pays à travers un communiqué conjoint des trois Etats, lu à la même heure hier dimanche. Une aventure bien ambigüe pour les tenants de pouvoir de ces trois pays qui plongent leurs peuples face à un étrange destin.
Comme une douche écossaise, la nouvelle est tombée dimanche en début d’après-midi. Celle relative au retrait des trois pays de l’AES (Burkina, Mali et Niger) de la CEDEAO.
Certes cette question de retrait de la CEDEAO comme celle de la création de monnaie unique animaient depuis un certain temps les causeries et les échanges sur les forums des réseaux sociaux, mais personne ne s’attendait à une telle décision brusque et simultanée des Chefs d’Etat des trois pays de l’AES. Toute chose qui donne une connotation d’une décision non concertée, mal réfléchie et imposée à celle qui vient d’être prise par les hommes forts du Burkina, du Mali et du Niger. De l’avis de nombreux observateurs, une concertation en amont avec les forces vives des trois pays pouvait davantage légitimer cette décision. Malheureusement, cela n’a pas été le cas.C’est au cours du journal de 13h de la Chaîne Nationale (ORTM 1) que le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maïga a donné lecture à ce communiqué paraphé par les Présidents des transitions du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Selon lui, désireux de réaliser l’intégration entre les Etats de la sous-région et mus par les idéaux de fraternité, de solidarité, d’entraide, de paix et de développement, les Présidents, le Général Aboubacar Sangoulé Lamizana, le Général Moussa Traoré et le Lieutenant-Colonel Seyni Kountché, respectivement Chefs d’Etat de la Haute Volta (actuel Burkina Faso), du Mali et du Niger, créaient avec 12 de leurs pairs, le 28 mai 1975, à Lagos, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Qu’après 49 ans d’existence : « les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger, constatent avec beaucoup de regrets, d’amertume et une grande déception que cette Organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme » affirme ledit communiqué, avant de signifier que la CEDEAO, sous l’influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses Etats membres et ses populations dont elle est censée assurer le bonheur.
« En effet, l’organisation n’a pas porté assistance à nos Etats dans le cadre de notre lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité ; pire, lorsque nos Etats ont décidé de prendre leur destin en mains, elle a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes ; toutes choses qui ont davantage fragilisé les populations déjà meurtries par des années de violence imposée par des hordes terroristes instrumentalisées et téléguidées » souligne le même communiqué. Ainsi qu’en raison du fait que cette situation perdure, le Capitaine Ibrahim Traoré, le Colonel Assimi Goïta et le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, respectivement Chefs d’Etat du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger, prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai de ces Etats (Burkina Faso, du Mali et du Niger) de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Le glas est ainsi sonné !
Avec ce retrait brusque de la CEDEAO, ces Etats ont-ils mesuré les conséquences pour les populations, notamment celles vivant dans ces pays ?
Ce qui est certain, la première conséquence politique sera bien profitable pour les régimes en place dans ces trois Etats : aucune exigence de la CEDEAO ne sera plus acceptée en termes de la tenue des élections. Donc, comprendra qui pourra le reste des choses.
Une aventure ambigüe plongeant les peuples face à un étrange destin. Les écrivains Ahmadou Kourouma et Ahmadou Hampaté Bah avaient bien titré avant de tirer leur révérence.
Moustapha Diawara
Source : Le Sursaut