La situation politique au Mali connaît un nouvel épisode de tension. Dans un communiqué rendu public, les parties signataires de la déclaration commune du 31 mars 2024 ont annoncé l’arrestation de plusieurs de leurs cadres, dont des présidents de partis et mouvements politiques, lors d’une rencontre privée au domicile du vice-président de l’ADEMA PASJ, l’ancien ministre Moustapha Dicko. Ces arrestations surviennent après que les autorités de la transition ont interdit toutes les activités politiques et associatives jusqu’à nouvel ordre.
Le 22 juin 2024, plusieurs figures politiques, y compris des présidents de partis, ont été arrêtées alors qu’elles se réunissaient chez Moustapha Dicko. Cette rencontre, initialement privée, a été perçue par les autorités comme une violation de l’interdiction récente sur les activités politiques. Parmi les personnes arrêtées figurent des hommes politiques influents. Les autorités de la transition justifient cette interdiction et les arrestations subséquentes par la nécessité de maintenir l’ordre et la stabilité dans un contexte politique fragile. En ce sens que depuis la mise en place du gouvernement de transition, le Mali traverse une période de restructuration et de réformes censées conduire à des élections démocratiques.
Les autorités affirment que les rassemblements politiques pourraient exacerber les tensions et compromettre les efforts de la transition. La classe politique, de son côté, dénonce une dérive autoritaire et une tentative de musellement des voix dissidentes.
Selon les parties signataires de la déclaration commune du 31 mars 2024, ces arrestations sont une preuve supplémentaire de la volonté des autorités de la transition de monopoliser le pouvoir et de réprimer toute forme d’opposition. Ils arguent que la réunion chez Moustapha Dicko était une rencontre légitime et privée, ne relevant pas de l’activité politique publique, et qu’elle ne justifie donc pas une telle répression.
Pression de trop ou arrogance de la classe politique ?
Cette situation soulève une question essentielle : les autorités de la transition exercent-elles une pression excessive sur les acteurs politiques, ou assistons-nous à une manifestation de l’arrogance de la classe politique qui défie les interdictions légitimes ? D’un côté, les autorités pourraient être perçues comme utilisant des mesures draconiennes pour maintenir l’ordre, risquant ainsi de compromettre les libertés démocratiques fondamentales. La répression des activités politiques et associatives, même temporairement, pourrait être vue comme une tentative de neutraliser l’opposition et de prolonger indéfiniment la période de transition. De l’autre, la classe politique pourrait être accusée de ne pas respecter les directives en place, arguant que leurs actions sont motivées par la défense de la démocratie et des droits civiques. Leur insistance à tenir des réunions malgré les interdictions pourrait être interprétée comme une provocation délibérée visant à mettre à l’épreuve l’autorité de la transition.
Perspectives et solutions !
Pour sortir de cette impasse, il est important que les autorités de la transition et les leaders politiques engagent un dialogue constructif. Les autorités doivent clarifier les raisons de leurs interdictions et s’engager à respecter les libertés fondamentales tout en assurant la stabilité. De leur côté, les acteurs politiques doivent faire preuve de responsabilité et chercher des moyens de collaborer avec le gouvernement de transition pour garantir une transition pacifique et ordonnée vers des élections démocratiques. Tout compte fait, l’arrestation des figures politiques au Mali souligne la fragilité de la situation actuelle et la nécessité d’un équilibre délicat entre maintien de l’ordre et respect des libertés démocratiques. La résolution de cette crise repose sur la capacité des deux parties à privilégier l’intérêt supérieur du pays et à œuvrer ensemble pour une transition réussie.
Adama Coulibaly
Source : Le Nouveau Réveil