La traque des terroristes à Bamako et dans les grandes villes du Mali est une priorité sécuritaire absolue.
À l’approche de la Tabaski, la capitale malienne s’est muée en un théâtre d’opérations sécuritaires intensifiées. Policiers, gardes et gendarmes mènent des contrôles accrus sur les axes routiers et dans les quartiers stratégiques, une initiative nécessaire face à la recrudescence des attaques terroristes. Dans les grandes villes comme Sikasso, Ségou, Kayes, ou Tombouctou, les autorités locales ont même décrété un couvre-feu de 21h à 6h du matin. Partout à Bamako, les checkpoints se sont multipliés, les contrôles sont rigoureux.
Derrière ce déploiement de forces, la perception de la population est complexe, oscillant entre un sentiment de sécurité renforcé et une méfiance persistante. Car la question brûle les lèvres : ces opérations actuelles suffiront-elles à rassurer durablement les Bamakois, ou faut-il aller plus loin pour construire une confiance inébranlable entre les autorités et la population ?cible facile pour un explosif — et perturbent les activités économiques et sociales. Les commerçants craignent une baisse de fréquentation des marchés et lieux publics, affectant leurs revenus.
Les habitants de Bamako expriment une attente forte : celle de solutions durables et structurelles. Au-delà des mesures ponctuelles, ils réclament des réformes profondes. Le renforcement des contrôles aux entrées et sorties de la capitale est un point soulevé avec insistance. «Des dispositifs robustes de sécurité doivent impérativement être mis au niveau des sorties et des entrées de Bamako, car à ces niveaux les contrôles ne sont pas rigoureux», souligne un observateur averti. Un dialogue inclusif avec la population, utilisant les médias et les influenceurs, est également préconisé pour des messages de sensibilisation.
Vers une sécurité durable et efficace : les piliers de la confiance
Pour construire une sécurité réellement durable dans la capitale et dans tout le Mali, plusieurs piliers sont à renforcer. La pérennisation des contrôles rigoureux aux portes de la ville est essentielle. Le renforcement du renseignement, militaire et civil, est crucial pour une meilleure identification des menaces et doit aller de pair avec une collaboration accrue entre citoyens et forces de l’ordre.
L’investissement dans la modernisation des équipements de surveillance est indispensable pour anticiper les risques. La formation continue des agents améliorera leurs compétences et garantira une gestion optimale des situations critiques. Enfin, un dialogue constant avec la population favorisera un climat de confiance, expliquant les objectifs des mesures et impliquant les citoyens dans la sécurisation de leur environnement.
La sécurisation des infrastructures sensibles comme l’aéroport et les bâtiments gouvernementaux avec des dispositifs de protection avancés est également un impératif urgent.
Au-delà de la visibilité : bâtir une confiance inébranlable
La traque des terroristes à Bamako est une priorité incontestable. Pour que ces opérations aient un impact positif durable sur la perception de la population, elles doivent être ancrées dans une stratégie globale et transparente. Il ne s’agit plus seulement de “faire” de la sécurité, mais de “montrer” que la sécurité est une priorité constante, avec des actions concrètes et pérennes. La bataille contre l’insécurité est aussi une bataille psychologique, où la confiance de la population est l’arme la plus puissante.
Les autorités ont l’opportunité de transformer ces opérations en une véritable démonstration de force et d’engagement, prouvant que la sécurité des citoyens est la pierre angulaire de toute action gouvernementale. Sans cela, le spectre du “coup de com” risque de continuer à planer sur les efforts, pourtant louables, des forces de défense et de sécurité. Avec ces stratégies, Bamako pourrait renforcer durablement sa sécurité tout en garantissant une meilleure qualité de vie à ses habitants.
Khaly Moustapha LEYE
Source : L’Aube