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Conférence d’Entente Nationale : Retour sur les grandes lignes des causes des différentes crises et les recommandations issues de cette Rencontre

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La Conférence d’Entente nationale, tenue du 27 mars au 2 avril 2017 aura réussi à rassembler, pour une des rares fois, tous les fils du pays pour la cause commune. Celle de se retrouver et parler face à face des causes qui ont mis le pays là où il se trouve actuellement. Cette rencontre a été aussi une opportunité pour les participants de proposer des recommandations en vue d’une sortie de crise. Dans ce dossier, nous vous proposons quelques grandes lignes des recommandations issues de cette rencontre maliano-malienne réussie.

Faut-il le rappeler, les travaux de cette Conférence d’entente Nationale se sont déroulés en sessions, en plénière et en travaux de trois groupes.

Les causes des différentes des crises maliennes

Il ressort du rapport général issu de la rencontre que  les causes profondes des crises sont liées entre autres au déficit de la gouvernance, de la sécurité, au déficit de gestion des diversités avec les exclusions. Autres causes, c’est le déficit de développement socio-économique et de gestion des ressources naturelles et l’effritement des valeurs sociétales et du sens civique.

Ainsi, selon le rapport général et s’agissant du déficit de la mauvaise gouvernance, il se manifeste par la mauvaise gestion des ressources publiques de l’Etat, la mauvaise répartition du développement et du pouvoir, la mauvaise répartition des ressources et des richesses sur l’étendue du territoire. Sur ce plan, on note aussi la corruption, la délinquance financière, le clientélisme et le népotisme. Il y a aussi le déficit, voire l’absence de communication entre gouvernants et gouvernés,  la mauvaise distribution et la corruption de la justice et l’absence de rapport de suivi entre l’Etat et sa diaspora.

Sur le plan du  déficit sécuritaire, la Conférence a noté la multiplication des groupes armés, le trafic des stupéfiants et des armes, les intérêts géostratégiques et économiques internationaux. A ceux-ci, il faut ajouter l’incapacité de l’Etat à gérer la porosité des frontières et à assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire  ainsi qu’à l’absence de l’Etat sur tout le territoire national.

Dans le domaine de la gestion des diversités et l’exclusion, les participants à la CEN ont indiqué que la prolifération des associations à caractère ethnique et régionaliste, l’exacerbation du fait communautaire, la prise en compte inégale de l’histoire et de la culture de plusieurs communautés dans le système éducatif malien, la faible connaissance par les maliens de leur pays, de son histoire et de sa culture dans sa diversité sont entre autres des causes profondes qui sont à l’origine des crises que connait le pays.

Sur cette liste, il faut ajouter l’inégalité de statut des langues nationales, qui crée un déséquilibre entre les différentes communautés dans le pays, l’inégale promotion des différentes cultures dans les médias nationaux, notamment à la radiotélévision nationale, la faible insertion des sortants des universités arabes, l’abandon des valeurs sociétales, comme le respect des parents, de la femme, la tolérance, l’acceptation des uns et des autres, la solidarité et entraide. Il y a aussi la faiblesse des échanges culturels entre les différentes régions du pays, l’injustice sociale, l’inégalité dans la répartition des ressources publiques, le rapport ambigu entre le Gouvernement et les leaders religieux, toute chose qui fragilise davantage l’autorité de l’Etat et le principe de laïcité.

Déficit de développement socio-économique et de gestion des ressources naturelles

Comme causes des crises maliennes, on trouve dans cette liste le développement inégal des régions, la problématique de l’emploi des jeunes maliens, la question de la scolarité liée à l’accès et à la qualité de la formation de base avec l’absence d’écoles d’enseignement technique et professionnel, singulièrement dans les régions du Nord, la mauvaise répartition de la richesse nationale, l’absence ou la non application de schéma directeur national pour le développement des infrastructures de transport et de communication. On note aussi l’insuffisance des services sociaux de base et les inégalités d’accès aux denrées alimentaires de première nécessité.

D’autres causes son liées à l’effritement des valeurs sociétales et du sens civique et à linsuffisance du niveau de mise en œuvre des Accords de paix précédents et de leur suivi-évaluation

A propos de l’appellation Azawad, des débats et échanges, il est ressorti les trois éléments principaux. Il s’agit du fait que le terme Azawad ne renvoie plus à aucun projet politique,  l’appellation Azawad, au plan administratif, ne peut englober de fait toutes les régions dites du Nord et qu’elle recouvre une réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique partagée par certaines populations du Nord du Mali.

Les recommandations de la CEN

La Conférence  demande, entre autres  d’améliorer la gouvernance, la justice et la gestion des ressources publiques, de faire l’évaluation et l’audit de toutes les ressources publiques, comme les fonds d’aides extérieures et ressources budgétaires, destinées aux régions du nord. Les participants demandent  d’accélérer le retour de l’administration publique sur toute l’étendue du territoire national, de criminaliser toutes les revendications basées sur la violence et l’usage des armes et de rapprocher davantage la justice du justiciable à travers la proximité des Cours et Tribunaux.

Il y a eu plusieurs autres recommandations dans ce domaine. Il s’agit entre autres de promouvoir la récompense du mérite et lutter contre l’impunité, de lutter contre l’instrumentalisation des médias, d’instaurer une dose de proportionnelle pour les élections communales et locales afin que les minorités soient mieux représentées dans les organes délibérants et d’améliorer la communication du Gouvernement afin d’informer les citoyens en temps réel. Ici, la CEN recommande également d’organiser des débats publics sur les textes fondamentaux, sur les activités et les grandes décisions sur la vie de la Nation, de promouvoir un véritable changement de comportement pour l’émergence d’une culture nationale adaptée aux changements et aux exigences de la mondialisation, de refonder l’Etat sur des bases plus égalitaires.

En outre, elle demande de vulgariser les textes fondamentaux en les traduisant dans les langues nationales, d’améliorer le système de communication et de redévabilité des gouvernants, de  développer des mécanismes de contrôle citoyen à travers les TIC pour mieux lutter contre la corruption et le népotisme. Les participants à la CEN recommandent d’améliorer la communication gouvernementale sur les réalités nationales et les actions entreprises en faveur des différentes régions, d’accélérer le processus de justice transitionnelle, de relire la charte des partis pour en réduire le nombre et réviser les conditions du financement public de ces partis politiques.

En plus, ils demandent d’organiser les élections législatives avant l’élection présidentielle et tenir compte de la représentation des maliens de l’extérieur à l’Assemblée Nationale, de réviser les textes régissant les rapports de l’Etat et des Organisations non gouvernementales et des associations de développement, de réglementer la création des partis politiques, d’ouvrir un débat national sur les symboles et les institutions de l’Etat, comme la Constitution, le drapeau, la capitale nationale et de renforcer les capacités de la société civile.

Recommandations portant sur la sécurité

Sur ce plan, les participants à la Conférence d’entente Nationale demandent  l’implication et la responsabilisation des populations à la base dans la prévention et la gestion des conflits, de réconcilier les forces armées et de sécurités et encourager le pardon mutuel pour plus d’unité et d’efficacité dans la mission régalienne de défense et de sécurité.

La CEN recommande également d’intensifier les actions pour éradiquer l’insécurité au centre du Mali en prévenant les risques d’un embrasement de la zone, d’accélérer le processus de désarmement, et la réinsertion des ex-combattants dans les meilleurs délais. Il est aussi recommandé de dépolitiser et reconstruire les forces de défense et de sécurité et assurer leur déploiement sur l’ensemble du territoire national, de redéployer l’Armée reconstituée pour la sécurisation des personnes et des biens.

La CEN demande aussi de créer la confiance entre les Forces armées de défense et de sécurités reconstituées, les forces étrangères et les citoyens, de refonder le système national de défense et de sécurité, d’instaurer un système de recrutement juste et équitable de tous les enfants du pays dans les forces armées et de sécurité et de mettre en place un système de prélèvement obligatoire pour le renforcement des capacités des forces armées et de sécurité tout en mettant en place les meilleures conditions de gestion transparente des fonds avec redévabilité obligatoire à la nation Malienne.

Pour plus de Sécurité, la CEN recommande également l’application sans délai de la loi sur les pupilles de la nation et de l’Etat en date de décembre 2016, de repenser le système de sécurité à l’intérieur et aux frontières et de promouvoir le développement comme vecteur de sécurisation des zones frontalières.

Gestion des diversités et lutte contre les formes d’exclusion

Sur ce plan, la CEN recommande d’intensifier les échanges culturels entre le nord et le reste du territoire national, d’élaborer une nouvelle charte pastorale pour tenir compte du poids du secteur de l’élevage dans l’économie malienne, de lutter contre la stigmatisation, l’amalgame et la suspicion entre les communautés, d’accélérer la création des collectivités territoriales dans les nouvelles régions, d’introduire dans le curriculum l’enseignement de l’histoire de toutes les communautés maliennes, et d’élaborer un système efficace de gestion et de promotion de la diversité culturelle, linguistique et religieuse.

Elle demande aussi d’organiser des caravanes culturelles pour informer et sensibiliser autour des résultats de cette Conférence d’Entente nationale et des conditions de l’élaboration d’une charte nationale. Les participants à cette rencontre ont demandé de promouvoir les Autorités Traditionnelles en laissant à chaque fraction, village ou quartier le libre choix de s’autogérer car au Mali il n’existe ni canton ni tribu, la féodalité et l’oligarchie sont bannies de la république. Il ne saurait donc y avoir de suprématie d’une communauté sur d’autres.

La CEN recommande de traiter dans l’équité toutes les communautés maliennes par l’Etat, qui doit s’assumer devant ses devoirs régaliens de protection des citoyens sans distinction aucune, de développer des programmes d’échanges inter et intracommunautaires et promouvoir le leadership, le développement et l’autonomisation des femmes en particulier celles nomades et rurales.

La Conférence demande de revoir le contenu des prêches et renforcer l’éducation religieuse et encourager les programmes artistiques et culturels entre toutes les femmes à travers les thématiques sur la paix, de mettre en place des cellules de paix dans les communes pour promouvoir le vivre ensemble, de promouvoir les outils traditionnels de la paix à travers les religieux, les chefs coutumiers et traditionnels et de prendre en compte les femmes nomades dans les projets de développement du nord.

Développement socio-économique et gestion des ressources naturelles

Dans ce domaine, à l’issue de la rencontre, les participants à la CEN recommande d’améliorer l’accès des populations aux services publics de base comme l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire, les  infrastructures de transport.

Ils demandent également d’impliquer les associations et organisations des victimes des différentes crises dans le processus de la réconciliation nationale, de soutenir la réinsertion socioprofessionnelle des victimes, de veiller à une juste répartition de la richesse nationale aussi bien en ressources humaines qu’en ressources économiques et d’élaborer un schéma national et consensuel d’aménagement et un plan de développement participatif de toutes les régions.

Ici, il s’agit aussi de réduire les écarts de développement entre les régions par des projets structurants des sociétés industrielles et des unités de petites et moyennes entreprises, de soutenir l’émergence du secteur privé dans les régions défavorisées, de  faciliter l’exploitation des ressources minières, comme les phosphates de Bourem et le  manganèse d’Ansongo et de soutenir l’émergence des industries culturelles nationales.

Promotion des valeurs sociétales et du sens civique

Dans ce chapitre, nous pouvons retenir que la Conférence d’entente nationale demande de promouvoir la prise d’engagements sur les valeurs communes et les codes de conduite qui doivent sous-tendre toutes les actions à mettre en œuvre. Il s’agit notamment de promouvoir les valeurs de liberté pour tous les maliens, la libre circulation des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national, les valeurs de travail, de justice et d’équité.

En outre, les participants à la CEN prône de prendre en compte des points de vue des confessions religieuses qui jouent un rôle déterminant dans la recherche de compromis lors des différends entre les populations et d’utiliser le génie malien en recourant aux canaux et mécanismes traditionnels de prévention et de règlement de conflits tout en renforçant les rôles des chefferies traditionnelles, des religieux et des communicateurs traditionnels dans le processus de réconciliation nationale. Il est recommandé également de prendre en compte des valeurs et des dimensions cultuelles et culturelles de toutes les régions du Mali, de promouvoir les mécanismes traditionnels de résolution des conflits comme, les parentés à plaisanterie, le rôle du Kadi et d’instituer une journée nationale de la parenté à plaisanterie.

Pour la paix et la réconciliation nationale, la CEN prône d’instaurer une journée de réconciliation et de pardon au Mali, au cours de laquelle le Président de la République devra prononcer un discours à la nation et d’édifier un mémorial de toutes les victimes des crises maliennes depuis l’indépendance pour que tout le monde se reconnaisse et fasse le deuil. Cette Conférence demande également de mettre en application le décret relatif au dédommagement des victimes de la crise de 2012. Elle recommande de réconcilier les familles des Anciens Présidents de la République et faire en sorte qu’ils demandent au besoin le pardon pour les crimes commis sous leurs régimes.

Pour la Paix et la réconciliation, la CEN recommande qu’on négocie avec les belligérants du centre en l’occurrence Ahmadou Koufa tout en préservant le caractère laïc de l’Etat et aussi avec les extrémistes religieux du Nord en l’occurrence Iyad Ag Agaly tout en préservant le caractère la laïcité.

Elle demande aussi de  bannir toutes sortes d’amalgame, de discrimination et de stigmatisation, de réconcilier tous les fils du Mali, dont les frères Imghads et Ifoghas pour résoudre le problème de Kidal et ceux du centre du Mali des régions Mopti et Ségou. Et cela, avant de finaliser la charte pour la paix, l’unité et la réconciliation Nationale.

Les participants demandent également de créer des cadres de concertation permanente des communautés pour consolider la paix, de dédommager les victimes des différentes rébellions, traiter et réparer matériellement toutes les injustices en restituant les biens spoliés par l’Etat ou les groupes armés.

Recommandations spécifiques de la CEN

Parmi les recommandations spécifiques, on peut retenir que les participants prônent de relayer auprès de l’ensemble des populations le consensus obtenu auprès des populations et celui obtenu par la Conférence sur le concept de l’AZAWAD, de régler la mésentente entre les mouvements signataires comme la CMA et la Plateforme afin de permettre le retour de tous les ressortissants de Kidal qui le désirent.

Ils recommandent aussi d’assurer le retour effectif et dans les meilleurs délais de l’Etat malien avec ses symboles dans toute la partie septentrionale du Mali et dans le delta central et de prioriser les actions permettant le retour des déplacés et des réfugiés dans les meilleures conditions en prenant en compte leurs besoins essentiels. En outre, ils demandent d’ériger un système législatif de discrimination positive en faveur des femmes en matière d’élections dans les concours et examens, les nominations dans les institutions, et corps de l’Etat et en matière de recrutement.

Compte tenu du taux de chômage élevé chez les jeunes, la CEN demande une discrimination positive en faveur de cette composante de la nation, qui doit être adoptée en matière de recrutement, de nomination dans les services publics de l’Etat, en matière de concours, d’examen, et d’élection, et aussi dans les forces armées de sécurité. Elle recommande aussi d’ériger un système législatif de discrimination positive en faveur des personnes vivant avec un handicap en matière d’élections, dans les concours et examens, les nominations dans les institutions, et corps de l’Etat et en matière de recrutement.

Alors, vivement une bonne prise en compte de ces recommandations pour le Bonheur et l’Honneur des Maliens.

Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com

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Source: Inf@Sept

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