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Insécurité-Fronde sociale : Le Mali au bord du gouffre !

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Insécurité Fronde sociale  Mali  bord  gouffre 

Le 7 mai dernier, le poste militaire d’Almoustrat (région de Gao) est attaqué par un groupe d’individus lourdement armés. Bilan : une dizaine de soldats tués, des portés disparus et de nombreux blessés. Quelques jours auparavant, le 2 mai, un convoi de l’armée est la cible d’une embuscade à Nampala (région de Ségou). Là également, 8 soldats sont morts, une dizaine d’autres blessés… Cette nouvelle flambée de violence au nord et au centre du Mali est inquiétante. Ella intervient au moment où dans le sud du pays, le malaise social, sur fond de mécontentement généralisé, est à son comble.

Dans le nord du Mali, les attaques, embuscades et autres actions de guérilla se multiplient contre les forces présentes sur le terrain. Cependant, l’armée est la principale cible de ces actions violentes et meurtrières. L’attaque du poste d’Almoustrat est en réalité une des nombreuses preuves de la dégradation de la situation sécuritaire dans une grande partie des régions du nord, malgré la signature de l’Accord de paix entre Bamako et les groupes armés de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad).

L’attaque de Nampala, elle confirme l’extension de la violence dans le centre du pays, après les régions du nord et surtout de Mopti. Aujourd’hui, une bonne partie de la région de Ségou est infectée de groupuscules terroristes qui attendent la première occasion pour passer à l’action. A Almoustrat, Nampala, Ansongo, Boulkessi… le mode d’opération est presqu’identique : les auteurs des attaques agissent toujours par surprise. Ils semblent disposer également de solides réseaux de renseignements. Ce qui explique sans doute les nombreuses attaques visant les convois de l’armée. Ailleurs, malgré les revendications émanant souvent du Mouvement d’Iyad Ag Ghaly, une certaine confusion règne autour de l’identité des auteurs des actions contre l’armée et les forces onusiennes…

Le Mali est en danger !

Ce regain de tension qui intervient au lendemain de la Conférence d’entente nationale, organisée à Bamako pour sceller l’union sacrée, n’est pas de bon augure pour le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta qui assiste impuissant à l’effondrement de l’Etat.

Déjà, en septembre 2016, le parti pour renaissance nationale (Parena) avait tiré la sonnette dans une déclaration publiée à l’occasion du 3è anniversaire de l’accession d’IBK au pouvoir.

Pour ce parti, au Mali, le rêve s’est peu à peu mué en cauchemar. Jamais, l’Etat n’a été autant affaibli, discrédité et ridiculisé ! Jamais, la morale publique n’a été autant foulée aux pieds. Jamais, le Mali n’a été autant déconsidéré que pendant ces dernières années. Jamais, le Mali n’a été aussi affaibli, aussi menacé d’implosion que pendant les trois années d’IBK au pouvoir.

Le Mali est aujourd’hui un pays en danger, menacé à (nouveau) d’effondrement. Sous nos yeux, faute d’un leadership clairvoyant, le Mali se délite peu à peu.

Le ministre de l’intérieur d’un pays voisin (le Niger) a publiquement déclaré, il y a quelques semaines, que « l’affaiblissement de l’Etat au Mali est devenu une menace pour le reste de la sous-région… ».

Le Parena ajoute : « Le plus grave est que le président élu pour “l’honneur du Mali” ne semble pas réaliser la gravité de la situation. En tout cas, contrairement à ce qu’il dit, la grave situation du pays ne l’empêche pas de dormir et de voyager tranquillement … ». En outre, constate le Parena, « le garant constitutionnel de l’unité nationale ne fait pas assez pour restaurer la paix et la stabilité. Outre le nord où la souveraineté de l’Etat reste contestée par divers groupes armés, le centre du pays s’est embrasé. La situation explosive  dans la région de Mopti n’a pas reçu l’attention nécessaire et le traitement adéquat des pouvoirs publics… ». Le parti du bélier fait le triste constat : « De la première attaque contre Nampala en janvier 2015 à la brève occupation de Boni en septembre 2016, les Maliens n’ont pas vu ce que le président de la République a tenté pour désamorcer la bombe du centre et résoudre la crise qui couvait. De revers en revers, les FAMAS ont payé un lourd tribut à l’inexistence d’une stratégie claire qui aurait dû être définie par l’autorité politique… ».

Enfin, constat macabre : « De façons générale, pendant les trois premières années du mandat du président IBK, il y a eu plus de morts au Mali du fait du conflit que pendant les 53 années précédentes de 1960 à 2013 ». Un constat qui donne des frissons.

Mécontentement au sud

Ailleurs, dans le reste du pays, la situation n’est guère meilleure. Désillusion, déception, découragement et pessimisme… tels sont les éléments constitutifs du Mali d’aujourd’hui. Le Mali va mal ! Les populations souffrent énormément !

En effet, entre un front social qui bouillonne, un immobilisme au niveau des secteurs vitaux de l’économie, une crise financière, et la pauvreté, le Mali est le centre d’un foyer social qui risque d’exploser à tout moment. Conséquence ? Des revendications et des grèves qui s’enchainent au niveau des organisations syndicales. C’est ainsi que le Mali a connu pendant un mois (avril) une situation inédite dans son histoire : une grève illimitée du personnel de la santé. Elle a fait de nombreuses victimes. Il a fallu une levée de bouclier de la centrale syndicale (l’Untm) pour que le régime en place (qui refusait de négocier avec les grévistes) se décide à mettre fin à cette grève et, au-delà, à la souffrance des Maliens.

Autre front, c’est l’Education où les enseignants, après une série de grèves, menaçaient carrément de prendre en otage l’année scolaire.

Si un terrain d’entente a finalement été trouvé entre le gouvernement et les différents syndicats, l’année universitaire est sérieusement compromise avec la grève illimitée déclenchée le 4 avril dernier par le syndicat national de l’enseignement supérieur (Synesup). Le mouvement est loin de connaitre un dénouement.

Crise sécuritaire, fronde sociale, mauvaise gouvernance… Le Mali sous Ibrahim Boubacar Keïta est décidément à la croisée des chemins.

C H Sylla    

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Source: L’Aube

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