Nampala, cible terroristes Symbole vulnérabilité système défense
Nampala (près de 500 km au nord-est de Bamako) soulève de tristes souvenirs pour la nation malienne et son armée. Avant l’embuscade meurtrière qui y a causé la mort de 11 soldats maliens dans deux embuscades les 2 et 31 mai 2017, dont un jeune lieutenant, une attaque camp militaire de la localité avait coûté la vie à 17 soldats maliens et fait une trentaine blessés en juillet 2016.
Le 31 mai dernier, au moins deux soldats ont encore perdu la vie dans une embuscade entre Nampala et Diabaly. Deux nouvelles victimes dans les rangs des Forces armées maliennes (FAMa). Deux vies sacrifiées de trop dans une crise sécuritaire qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
Le 2 mai dernier, neuf soldats maliens ont été également tués et cinq autres blessés dans une autre embuscade entre Dogofri et Nampala (Centre-nord du Mali), dans la région de Ségou.
“Une mission de ravitaillement des Forces armées nationales est tombée dans une embuscade entre Dogofri et Nampala. Le bilan provisoire est de neuf morts et cinq blessés”, avait affirmé Abdel Karim Konaté, le ministre du Commerce, porte-parole du gouvernement, dans un communiqué diffusé dans la soirée du 2 mai 2017.
Et en juillet 2016, 17 soldats avaient été tués et 35 blessés dans l’attaque du camp de Nampala, revendiquée par Ançar Eddine d’Iyad Ag Ghali.
“Nous ferons en sorte que cette attaque terroriste coordonnée qui s’est portée sur nos positions à Nampala fasse l’objet d’une réponse appropriée”, avait promis le ministre de la Défense et des Anciens combattants de l’époque, Tiéman Hubert Coulibaly. C’était dans une déclaration à la télévision publique dans la soirée du 19 juillet 2016.
Si cette attaque avait entraîné son éviction du gouvernement (avant son retour triomphal en avril dernier à l’Administration territoriale), la hiérarchie militaire n’a visiblement pas tiré les enseignements de cette tragédie. Nos soldats continuent de tomber dans cette zone, tout comme dans tout le Centre et le Nord du pays.
Ainsi, plus de la moitié du territoire national est devenu un no man’s land échappant toujours au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières. En plus du Nord, le Centre du pays a presque basculé sous le joug des réseaux terroristes.
Ainsi, rapportait la Parti pour la renaissance nationale (Parena, opposition) dans un communiqué rendu public le 31 mai 2017, des dizaines d’incidents armés ont “provoqué la mort 135 personnes dont plus de 40 militaires maliens”, entre janvier et la mi-mai sur le territoire national.
Et, selon la même source, près de 300 écoles sont fermées dans la région de Mopti (Centre du Mali). Plusieurs milliers jeunes sont ainsi jetés à la rue à la merci des terroristes.
La multiplication des embuscades doit inciter la hiérarchie à revoir sa stratégie militaire dans la zone où les convois et patrouilles sont plus que jamais exposés, surtout en cette période d’hivernage où n’importe quelle zone marécageuse ou à végétation abondante pourrait s’avérer un piège mortel.
Ceux qui connaissent la région s’interrogent : pourquoi il n’y pas toujours un camp militaire digne de ce nom ? Entre Dogofri et Nampala, c’est environ 200 km très peu fréquentés. Sans compter que c’est une zone à la lisière de la forêt de Ouagadou, une base de repli stratégique pour des terroristes qui viennent de la Mauritanie pour déstabiliser notre pays avec la bénédiction de Nouakchott.
Si nous avons bonne mémoire, du temps du président Amadou Toumani Touré, la Mauritanie avait aidé notre pays à nettoyer cette forêt en prenant soin de mettre à l’abri des regards indiscrets des preuves de sa complicité avec les occupants devenus un moment encombrants pour des raisons stratégiques.
Après cette opération, on avait peu entendu parler de cette forêt jusqu’à fin 2011 quand la France de Sarkozy a pris la décision de déstabiliser le Mali en complicité avec certains de nos voisins, notamment la Mauritanie.
Selon nos investigations, une forte présence militaire malienne n’est pas souhaitée dans cette zone par certains partenaires de notre pays qui y créent les conditions propices à cette instabilité pour des raisons inavouées.
Mais, comme nous l’avons toujours défendu, il est temps de se soustraire de ce diktat de la supposée communauté internationale pour nous occuper réellement de notre système de défense. Pour éviter des tragédies comme celles de juillet 2016 et de mai courant, il nous faut un camp dans cette zone. Pas un camp-passoire comme la plupart de ceux que nous voyons à Bamako et à l’intérieur, mais une véritable forteresse à Nampala pouvant faire face à tous les assauts et capable de mobilier rapidement des renforts en faveur des patrouilles en cas d’attaque.
Une vraie base militaire (terrains, bâtiments, équipements), un véritable point de coordination et de départ des interventions des forces armées pour sécuriser cette large bande incontrôlée et abandonnée aux trafiquants déguisés en djihadistes avec la bénédiction de nos voisins mauritaniens.
Le défi sécuritaire impose aujourd’hui que Nampala soit une région militaire à part entière avec une base moderne pouvant héberger une ou plusieurs unités majeures comme des régiments terrestres ou des escadres de l’aviation.
D’une manière générale, nos camps (camps militaires ou de gardes, brigades de gendarmerie, commissariats de police) ne répondent plus aux réalités d’un pays qui se trouve en face d’un défi sécuritaire énorme. Il est par exemple temps de penser à ces clôtures sans miradors qui ne résistent même pas aux cabris.
Le concept des camps militaires est révolu ! Il faut aujourd’hui de vraies bases militaires ! Quel que soit le prix à payer !
Hamady Tamba
Nampala, cible terroristes Symbole vulnérabilité système défense
Source: Le Reflet