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Démonstration de « An te, a bana » : NON !

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Démonstration An te, a bana NON

 

À Bamako, des centaines de milliers de  Maliens  sont descendus  dans la rue, samedi dernier, pour dénoncer le projet de révision constitutionnelle octroyant des « pouvoirs monarchiques » au président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Une manifestation organisée à l’initiative du Mouvement « An tè, A Bana ! Touche pas à ma Constitution» présidée par Madame Sy Kadiatou Sow, une des figures emblématiques du mouvement démocratique de 91.

Composantes de partis politiques de l’opposition, de la société civile (d’environ 300 associations), des simples citoyens ou encore des mécontents et déçus du régime en place…plus de 500 milles manifestants ont battu le pavé (deux heures durant) de la Place de la Liberté à la Place de l’Indépendance. Malgré les restrictions attentoires à la liberté (coupure des réseaux sociaux Facebook) et les tentatives d’intimidations orchestrées par le régime, les Maliens sont sortis pour dire NON à la révision constitutionnelle! Reportage.

En effet, Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à l’appel du mouvement « An tè, A Bana », une plateforme qui regroupe plusieurs associations de la société civile, des syndicats et partis politiques qui entendent s’opposer par tous les moyens à cette révision constitutionnelle qui projette de transformer la République en Monarchie…

C’est  vers 10 heures 30 mm que le long cortège des manifestants, avec une affluence record (estimée à plus de 500 000 personnes) a pris le départ à la Place de la Liberté. Via l’Avenue Mamadou Konaté et celle de la Nation, ils ont ensuite rejoint le monument de l’indépendance, après deux heures de marche. A la tête du mouvement, l’on a noté la présence, entre autres, de Mme Sy Kadiatou Sow, présidente de « An tè, A Bana », le chef de file de l’opposition politique, l’honorable  Soumaïla Cissé. Il y avait plusieurs autres leaders politiques dont Modibo Sidibé des Fare An ka Wuli, Tiébilé Dramé du Parena,  Soumana Sako de la Cnas Faso Hèrè, Oumar Hamadoun Dicko (PSP), Daba Diawara du PIDS, Djibril Tangara, Amadou Thiam d’Adp-Maliba, Souleymane Koné (Fare), Mamadou Hawa Gassama (Urd) et Fatoumata Sako (Pdes), Dr Bréhima Fomba (Professeur et analyste politique)…

La société civile, notamment cette nouvelle société civile malienne composée de jeunes, n’est pas restée en marge. Pour appuyer la marche, plusieurs associations ainsi que des leaders d’opinion ont mobilisé leurs militants. Mamadou Sissoko « Papman » de Ras-le-bol, Youssouf Ali Bathily (Ras bath) du CDR, Amara Sidibé du mouvement Trop c’est trop, Master Soumi, Chouala Bayaya Haïdara,  Etienne Fakaba Sissoko… ont répondu à l’appel.

Aux coups des sifflets, les manifestants ont brandi des milliers de pancartes hostiles au régime, dont les messages forts étaient : «Carton rouge, IBK », «Touches pas à ma Constitution », «NON à la monarchie » ou encore «Non au tripatouillage».

Le mouvement  «An tè, A Bana » avait appelé à manifester contre un “coup d’Etat constitutionnel” du président Ibrahim Boubacar Keita. Plusieurs points cristallisent leur colère contre ce projet de révision. Il s’agit, entre autres, la présidence de la Cour constitutionnelle. Jusqu’ici désigné par les membres de la Cour, le président de cette institution sera, si la révision de la Constitution est acceptée, nommé par le président de la République. Or, le président de la Cour constitutionnelle compte, parmi ses prérogatives, la responsabilité de proclamer les résultats définitifs des élections. « IBK » est donc soupçonné de vouloir, par cette mesure, préparer sa réélection en 2018.

Autre motif de la colère des Maliens ? La création d’un Sénat et surtout la désignation de ses membres. Si deux tiers d’entre eux étaient élus au suffrage universel indirect, le dernier tiers serait désigné par le président de la République. Une répartition qui permet au chef de l’Etat d’accroître la représentation des autorités traditionnelles, notamment du Nord, au sein de cette seconde chambre. Mais bien que la majorité parlementaire ait annoncé que des lois permettraient d’encadrer cette mesure, rien n’empêchera, de fait, le président de nommer qui il veut.

Une alerte !

Pour Mme Sy Kadiatou Sow, cette marche est une alerte lancée aux autorités actuelles pour  qu’elles retirent  ce projet de révision constitutionnelle  illégal et inopportun. «Ce projet de révision constitutionnelle est une véritable atteinte  aux fondements de la démocratie malienne, acquise de haute lutte par le peuple malien», dit-elle. Elle dénonce plusieurs nouvelles dispositions prévues dans la nouvelle constitution. « La nomination des futurs sénateurs par le  président de la République, la possibilité offerte au chef de l’Etat  de procéder à une révision  constitutionnelle par voie parlementaire sans passer par la voie référendaire sont  autant de raison de dire NON », ajoute Mme Sy Kadiatou Sow.

« C’est une révision pour rien à l’exception de la volonté de créer un monarque. Ce projet codifie la personnalisation du pouvoir, il codifie toutes les dérives autoritaires et autocratiques constatées ces dernières années», dénonce la présidente du mouvement «An tè, A Bana » qui voit en cette manifestation le  premier jalon d’une mobilisation générale pour stopper cette «dérive ».

Même tonalité chez Alhousseïni Abba Maïga, vice-président des Fare. Il estime «difficile de faire confiance à un régime qui propose un projet de ce genre-là dans un contexte aussi difficile ».

Amara Sidibé, 3è vice- président de la plateforme « An tè, A Bana »  salue cette mobilisation exceptionnelle de la part de la population. «Le nombre élevé de manifestants prouve que le peuple malien ne se laissera pas dicter une constitution. Cette réaction citoyenne doit pousser le président IBK à retirer ce projet. Nous sommes décidés d’amplifier le mouvement pour le NON », lance-t-il.

Pour Tiébilé Dramé, président du Parena, au-delà même du caractère illégal et illégitime du projet de révision constitutionnelle, la tenue d’un referendum le 9 juillet prochain relève  d’une fuite en avant des gouvernants.  « Dans le nord et le centre du pays, de larges zones échappent encore au contrôle des autorités et sont régulièrement la cible d’attaques de groupes djihadistes. Le déroulement du vote sera perturbé dans ces régions, à l’image de ce qui s’était produit lors des dernières élections municipales, en novembre 2016. Vouloir organiser un scrutin référendaire dans ces conditions relève de la cécité et du manque de sagesse », affirme M. Dramé.

Le mouvement « An tè, A Bana !  Touche pas à ma Constitution ! » entend maintenir la pression pour le retrait du projet de révision constitutionnelle, en organisant des manifs jusqu’au referendum. Il s’agit notamment d’une marche prévue le 1 juillet prochain. Cette seconde manifestation sera organisée à Bamako et dans toutes les capitales régionales du Mali, exceptées celles du nord où sévit … « une insécurité résiduelle ».

Ailleurs, le Mouvement « An tè, A Bana ! » a implanté des antennes un peu partout à l’extérieur du pays, notamment à Paris, New-York, Dakar, Abidjan… Ces antennes ont également programmé des manifestations afin d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur les « dérives du pouvoir » en place qui veut imposer au peuple malien un processus référendaire qui risque de fragiliser le Mali. IBK saura-t-il entendre raison ? Va-t-il s’entêter comme d’autres dirigeants africains qui ont voulu imposer un référendum à leurs peuples ? Des questions sont posées au sein de l’opinion.

Démonstration An te, a bana NON

Mémé Sanogo

Source: L’Aube 

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