Même si nous ne faisons pas le même parti, nous appartenons tous au même pays…
Depuis l’adoption du projet de révision constitutionnelle par l’Assemblée nationale, dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 juin 2017, beaucoup de réactions et de commentaires vont bon train. Soit pour approuver ou, au contraire, désapprouver ledit projet, qui est une initiative du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta. C’est pour informer sur le contenu réel du texte précité et pour rassurer qu’il «n’y a aucune espèce de malice derrière ce projet» que le ministre de l’Administration territoriale, Tieman Hubert Coulibaly, a organisé, dans la salle de conférence de son département, une série de rencontres avec les représentants de différentes corporations de la Société civile et du secteur privé. Une occasion qu’il a, naturellement, saisie pour inviter ses interlocuteurs à sortir «massivement pour exprimer librement leur choix le 9 juillet prochain». Sans faux-fuyants, ni langue de bois, le ministre Coulibaly a répondu, des heures durant, aux multiples questions qui préoccupaient ses interlocuteurs.
Tant sur les réseaux sociaux que dans les media traditionnels, des Maliennes et des Maliens continuent de s’interroger sur l’opportunité d’un tel projet de révision constitutionnelle qui ne viserait, d’après certains, qu’à renforcer les pouvoirs «déjà grands voire énormes» du président de la République.
D’autres soutiennent même que l’on s’achemine vers une nouvelle République avec l’adoption, à l’issue du référendum du 9 juillet 2017, du projet de révision constitutionnelle. Ce qui ouvrirait, d’après eux, la voie à une prorogation du mandat de l’actuel locataire de Koulouba pouvant alors aller jusqu’en 2028 ! Il y a bien d’autres questions, des interrogations, voire des supputations et allégations qui circulent dans les grins, les salons huppés, ainsi que dans les marchés, les gares routières, dans les transports publics et les taxis. La liste n’est pas exhaustive.
Certainement, C’est au vu de tous que ces commentaires, qui volaient dans tous les sens, le ministre de l’Administration territoriale, Tieman Hubert Coulibaly a, dès Jeudi, le 8 juin dernier, initié une série de rencontres avec les représentants des organisations de la Société civile, les chambres consulaires (CCIM-APCAM-APCMM, Chambre des Mines…) pour une meilleure information de ces entités sur le projet de révision de la Constitution du 25 février 1992.
Il nous faut aller au-delà du fait partisan
Compte tenu de la situation de crise que vit notre pays depuis le 22 mars 2012 et des lenteurs dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, les représentants de ces différentes structures ont naturellement répondu massivement à l’invitation du ministre en charge des élections et donc de l’organisation du référendum constitutionnel dont la date a été fixée par décret à l’issue du Conseil des ministres du mercredi 7 Juin 2017.
Devant ses interlocuteurs, le ministre Tieman Hubert Coulibaly a, chaque fois, tenu à rappeler l’historique de ce projet de révision constitutionnelle «qui dure depuis 17 ans». Pour rappel, les présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré avaient initié des projets de révision de la Constitution du 25 février 1992, qui n’ont pas abouti et cela pour diverses raisons. La crise de 2012, a souligné le ministre de l’Administration territoriale, a «amené de nouveaux problèmes avec le risque de partition du pays». Pour le ministre, il faut que «notre pays revienne maintenant à une situation normale… Il n’y a aucune espèce de malice derrière ce projet, qui est d’ailleurs d’une nécessité absolue, eu égard à nos engagements internationaux, pour le retour de la paix et de la stabilité dans notre pays». Pour ce afire, Tieman Hubert Coulibaly dira qu’il «nous faut aller au-delà du fait partisan». Et de souligner le fait que «nous ne faisons pas le même parti» mais que «nous appartenons tous au même pays». «Il faut, par contre, éviter la personnalisation. Ce projet ce n’est pas fait pour le confort du président IBK mais pour la paix, la bonne marche de notre démocratie, de notre pays…», a-t-il fait remarquer.
Des interlocuteurs désormais convaincus et prêts à mouiller le maillot
Il est aussi revenu au ministre Coulibaly de marteler à chacune de ces rencontres que «ce référendum est nécessaire. Si nous ne le faisons pas, nous serons en panne et nous ne trouverons pas de solutions aux problèmes du nord du Mali. Notre pays a besoin de l’accompagnement et de la confiance de la Communauté internationale et que les investisseurs reviennent…» En réponse à une question relative au coût que le Sénat va engendrer, il dira : «Le Sénat, ça va certes coûter mais la paix, la stabilité, a un prix… Ainsi, ceux qui viendront après nous trouverons un pays en meilleur état».
Concernant la tenue du référendum en hivernage, le ministre de rappeler que le premier tour de la présidentielle de 2012 a eu lieu en Juillet et il y a eu une forte mobilisation. Pour lui, cette mobilisation est encore possible le 9 Juillet prochain, malgré la saison des pluies «qui n’est pas un obstacle».
D’autre part, il dira que la sécurité est «une préoccupation réelle» mais qu’elle n’est pas «non plus un obstacle à la tenue du référendum».
D’où, cet appel du ministre de l’Administration territoriale invitant ses interlocuteurs à aller «informer, mobiliser et sensibiliser» afin que la population sortent «massivement pour exprimer librement son choix le 9 Juillet prochain».
Mieux outillés après ces échanges avec le ministre Coulibaly, les représentants des orga- nisations de la Société civile et les membres des bureaux des chambres consulaires ont promis de mouiller le maillot afin que la population soit davantage informées sur le contenu réel du projet de révision constitutionnel, dont le sort est désormais entre les mains du peuple souverain du Mali.
Le véritable défi étant et demeurant celui de la mobilisation des électeurs autour d’un projet qui engage l’avenir de la nation tout entière.
Mamadou FOFANA
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Source: L’Intelligent Mali