Alioune Gueye, leader opinion président réseau national jeunesse Mali RENAJEM Malien souffre rajouter Nous devons maintenir Mali Débout
Leader influent en milieu jeune pour avoir été pendant plusieurs années membre du Conseil national de la jeunesse du Mali (Cnj-Mali) et membre de la Commission dialogue et réconciliation (actuelle Cvjr) pendant la Transition, le président du Réseau national de la jeunesse du Mali (Renajem) Alioune Guèye, dans cet entretien à bâtons rompus, parle de l’actualité nationale. Il évoque également les activités de son réseau, mais aussi le projet de révision constitutionnelle et la démission du président du Conseil national de la jeunesse (Cnj).
Aujourd’hui – Mali : Qui est Alioune Guèye pour ceux qui ne le connaissent pas encore ?
Alioune Guèye: Je suis économiste-analyste quantitativiste et président du Réseau national de la jeunesse du Mali (Renajem), une fédération des associations et mouvements de jeunesse ayant une couverture nationale. J’exerce actuellement à l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (Apej) en qualité de chef de projet à Bamako qu’on appelle “L’emploi des jeunes crée des opportunités au Mali”.
Comment se porte aujourd’hui le Renajem et quelles sont vos activités ?
Le Renajem se porte bien puisqu’avec l’appui de nos partenaires nous parvenons, grâce à l’engagement des membres, à exécuter plus de 50% de notre Plan de travail annuel (PTA). Le réseau est l’une des fédérations membres du Cnj- Mali. Au premier trimestre, nous avons déjà réussi à exécuter des actions dans le domaine de la mobilisation des jeunes sur les questions de citoyenneté, le forum national de la jeunesse sur le Dividende démographique avec le ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne et l’Unfpa, les violences basées sur le genre, notamment avec l’Onu-Femmes et à lancer le processus de renouvellement de nos instances de base. Ce travail va se poursuivre et nous allons au second trimestre organiser une action phare. Il s’agit de l’organisation de la 2ème édition du Forum national de la jeune fille, en octobre 2017, sous la présidence de Madame le Ministre de la Promotion de la Femme, Mme Traoré Oumou Touré. La première édition tenue en 2015 a été un franc succès avec l’appui de plusieurs partenaires et le Parrain du Forum était l’actuel ministre de la Communication, en ce temps-là Pdg de Pmu- Mali, Arouna Modibo Touré, que nous remercions beaucoup. Nous avons réussi à tisser un partenariat productif et durable avec le Gouvernement du Mali, à travers le Ministère de la Jeunesse, les Nations-Unies.
Et le défi des 200 000 emplois promis par le président IBK pour les jeunes n’est-il pas atteint ?
Le mandat n’est pas encore fini et de nombreux efforts ont été faits par les structures du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, au premier rang desquelles, bien sûr, l’Agence pour l’emploi des jeunes (Apej), qui est au cœur du dispositif de promotion de l’emploi massif pour les jeunes, filles et garçons, aussi bien en milieu rural qu’urbain. L’Etat doit faire davantage certes, mais dans tous les pays, c’est la croissance qui favorise la création de l’emploi avec des entreprises et un secteur privé compétitif et productif. L’Apej doit aussi davantage diversifier le partenariat gagnant -gagnant avec le secteur privé et surtout les agences des Nations-Unies qui œuvrent actuellement pour le développement durable dont l’un des piliers est l’emploi et l’entreprenariat des jeunes. Cette option occupe également une place prépondérante dans la feuille de route de l’Union africaine pour la capture du Dividende démographique, à travers l’investissement dans la jeunesse. Je garde l’espoir que l’objectif des 200 000 emplois soit atteint et même dépassé et la jeunesse est très engagée et vigilante sur cette question.
Parlons de l’actualité nationale. Comment se porte le Mali ?
Demandez cela au président de la République Son Excellence M. Ibrahim Boubacar Kéïta, qui a été élu par les Maliens.
Quel regard portez-vous sur le Mali de 2017 ?
Le Mali de 2017 vient de très loin. Il a traversé énormément de difficultés depuis le coup d’état de 2012, qui a effrité les fondements de la nation malienne. Le tissu social a pris un coup énorme et le fossé s’était agrandi entre les Maliens. Aujourd’hui, nous pouvons nous réjouir du retour à la normalité démocratique et républicaine. Le Mali a encore d’énormes défis sécuritaires, malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et la présence appréciable à nos côtés de la Cedeao, de l’Union africaine et de la Communauté internationale. A toutes ces victimes innocentes de la barbarie, maliennes ou étrangères, nous rendons hommage et prions pour le repos de leur âme. Cette situation conjuguée à la dureté de la vie de nos concitoyens a créé une psychose sociale. Ce qui est encore remarquable, c’est la volonté ferme du peuple digne et débout du Mali de s’en sortir. Grâce à cette forte volonté, le Mali est de retour dans le concert des nations et ça c’est très important.
S’agissant du débat sur la révision de la constitution du 25 Février 1992. Qu’en pensez- vous ?
Permettez-moi tout d’abord de saluer la décision du président de la République qui a reporté en Conseil des ministres le référendum du 9 juillet, suite à la saine de la Cour constitutionnelle par l’opposition parlementaire et suite aux contestations des Maliens. En agissant ainsi, le président de la République a écouté les Maliens qui ont formulé des réserves sur la loi référendaire dont il est l’initiateur. Par la même occasion, il a donné une chance au dialogue, aux échanges et à la concertation entre les fils et filles de ce pays. Le référendum doit être une fête de la démocratie. Il faut absolument que les Maliens mettent la balle à terre et éviter toute division profonde autour de la révision de la constitution. Mon analyse du projet de la nouvelle constitution et des contestations qu’il y a autour, c’est que le peuple n’est pas suffisamment informé du contenu de la loi référendaire. Réviser une constitution n’est pas un travail banal et c’est important d’avoir une adhésion populaire au processus. C’est vrai qu’il y a eu énormément d’écoute à l’Assemblée nationale, mais ceux qui nous ont représentés, les différentes corporations, n’ont pas eu peut-être le temps de faire la restitution à la base, au peuple. C’est pourquoi, il faut prendre le temps d’informer davantage les citoyens, de demander leur avis et de créer les conditions d’une appropriation large du contenu de la loi référendaire par le peuple dans les langues nationales. Aujourd’hui, c’est positif de constater que l’unanimité est faite autour de la nécessité absolue de réviser la constitution du 25 Février 1992. Deux présidents ont tenté le même exercice, entre 2000 et 2011, avant le président IBK et des circonstances malheureuses ont fait que cela n’a pas été possible. C’est justement parce qu’ils avaient vu depuis longtemps la nécessité d’adapter notre constitution à l’environnement international et à la gouvernance nationale. Si on a informé, il faut toujours se dire qu’on n’a pas assez informé. Je conseille de mettre l’accent sur l’information et l’écoute des Maliens. Chacun doit contribuer aujourd’hui à calmer le jeu et personne n’a intérêt à ce que le Mali ait d’autres problèmes plus que ce que nous en avons. Le Malien souffre et il ne faut pas en rajouter. Nous devons maintenir le Mali Débout.
C’est clair ce que vous dites, mais le problème est au niveau du contenu et de l’opportunité du moment choisi par le régime en place?
Vous savez, aucune réforme ne peut susciter l’adhésion de tout le monde. Il va toujours y avoir des gens qui sont pour et d’autres qui seront contre et c’est justement la règle du jeu. Les réformes sont toujours faites pour corriger des insuffisances, pour se situer dans une perspective progressiste. Elles sont faites pour nous, pour nos enfants et pour les enfants de nos enfants. Dans ce cadre, il y a toujours du bon et du moins bon dedans, forcément, puisque la vision politique n’est jamais la même pour tout le monde. C’est pourquoi il y a plusieurs partis politiques avec des lignes politiques différentes. Ça, c’est un fait et si on ne le comprend pas, on passera toujours à côté. Le Mali a l’obligation d’aller à la révision de la constitution de 1992, pas pour quelqu’un d’autre, mais pour nous-mêmes, les Maliens. La question qui reste posée : C’est Quand ?
En ce qui concerne l’opportunité d’y aller et le contenu, je pense qu’il y a une très grande méfiance sur cette question, notamment sur l’article 118, qui peut être résolue dans le dialogue et la concertation. J’ai pris le temps de lire largement le contenu du document et je pense qu’il y a des points contestés aujourd’hui qui peuvent être soumis au débat pour éclairer davantage les Maliens. Nous devons nous donner le temps de discuter et de toujours discuter par ce qu’il s’agit de l’avenir de notre pays.
Il y a quelques jours, le président du Cnj- Mali, Mohamed Salia Touré, a démissionné de son poste de président. Qu’est-ce-que cela vous inspire ?
Effectivement, nous avons appris sur les réseaux sociaux que le jeune frère Mohamed Salia a démissionné et je n’ai pas eu l’opportunité de lire sa lettre de démission. Mais ce qui est évident, c’est que la candidature à la présidence du Cnj est individuelle et la démission aussi l’est. Je voudrais lui souhaiter plein succès dans ses futures initiatives.
Vous avez occupé plusieurs postes de responsabilités au Cnj, notamment celui de secrétaire général et vous êtes un ancien du Cnj très sollicité par la jeunesse. En la matière, qu’est ce que les textes prévoient ?
Je ne dispose pas des textes issus du congrès de Bandiagara en novembre 2016, mais d’après mes informations les textes sont restés muets sur la démission ou l’incapacité du président du Cnj à exercer ses fonctions. Dans ce contexte, c’est l’intelligence et le bon sens qui doivent guider nos jeunes frères pour sortir de cette situation. Il est évident que seul le Congrès à vocation d’élire le président et les membres du Comité exécutif national du Cnj- Mali. A défaut de cela, il reste l’éventualité de la Conférence nationale extraordinaire qui est l’instance de décision entre deux congrès. Mais je souhaite vivement que nos jeunes frères puissent mettre à profit cette situation et le reste du mandat pour relire en profondeur les textes du Cnj puisque nous ne sommes pas en période électorale au Cnj.
Il faut accepter de s’arrêter pour faire une évaluation prospective du Cnj. Après plus d’une décennie d’existence, faire le bilan du Cnj s’impose pour le renouveau de la structure faîtière de la jeunesse malienne. En cela, le Ministère de la Jeunesse et les anciens pourront les accompagner dans ce processus de refondation pour le bonheur de la jeunesse malienne.
Alioune Gueye, leader opinion président réseau national jeunesse Mali RENAJEM Malien souffre rajouter Nous devons maintenir Mali Débout
Réalisé par A.B. HAÏDARA
Source: Aujourd’hui-Mali