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Problématique de la bonne gouvernance : Des jeunes crédibles pour sauver le Mali !

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Nul besoin de rappeler que l’avènement de la démocratie pluraliste au Mali fut essentiellement l’œuvre de la jeunesse combattante de notre pays. Nous disons ici qu’il faut louer le courage de cette jeunesse combattante, n’en déplaise à sa frange minoritaire constituée de filles et de fils dits «à Papa» nourris sans vergogne avec la sueur et le sang de notre peuple travailleur. Cette frange minoritaire de la jeunesse malienne n’a nullement participé au combat résolu contre l’apache régime de Moussa Traoré, encore moins enregistré la moindre perte en vies humaines.

Pendant que les enfants de nos masses laborieuses bravaient les fusils d’assaut, les grenades offensives, défensives et les gaz lacrymogènes, les enfants des nantis contemplaient dans des villas, maisons à étages et dans des sous- terrains climatisés, loin des crépitements des armes, les meilleurs films de cowboys d’Occident capitaliste.

Au terme du combat libérateur de notre jeunesse, ce qu’il était convenu d’appeler «Mouvement démocratique» est venu à bout du régime militaro-udpmiste du général président. On a dénombré au moins 220 morts et des centaines de blessés et de disparus. Il convient donc de rappeler que le régime de Moussa a sacrifié pendant son règne des générations entières.

Moussa est parti de Koulouba sur une note d’espoir pour une jeunesse désespérée par vingt-trois longues années de dictature rampante. Comme pour dire que le mouvement dit démocratique de 1990-1991 avait fait naître en notre peuple l’espoir d’un avenir radieux. Hélas ! La grosse montagne de la «démocratie malienne» a engendré une souris à l’odeur nauséabonde: au lieu de servir les intérêts fondamentaux de notre peuple  les intérêts fondamentaux de notre peuple laborieux et de fonder en notre jeunesse l’espérance d’un avenir fécond, voilà, la gabegie, l’escroquerie, le népotisme, l’affairisme, le parentalisme, la corruption, pour ne citer que ces contagions, sont sortis des cendres de la gestion malsaine du régime monopartiste de Moussa.

Ce n’est pas l’occasion de faire le bilan critique de la gestion du pays par ceux qui se sont fait passer pour des démocrates. Le moins que l’on puisse retenir, c’est que ces démocrates ont échoué sur toute la ligne, laissant l’enrichissement illicite s’ériger en mode gouvernance de notre pays.

L’autre constat plus cuisant de la gestion ‘’démocratique’’ de la IIIème République c’est qu’en dépit de la grosse déroute de cette  gestion peu honorable, il reste établi que dans l’essentiel des cas, ce sont les mêmes têtes qui se remplacent aux différents postes à responsabilité.

Le troisième constat non moins cuisant de cette gestion, c’est que les nominations en République du Mali, loin de se fonder sur les compétences requises, mettent en exergue les liens de parenté, d’amitié ou de mariage, foulant au pied la nécessité du travail patriotique bien accompli. Tous les secteurs de la vie nationale sont souillés par ces pratiques peu recommandables pour ce pays qui forgeait l’admiration de tout un continent. Tout laisse entrevoir la mise entre parenthèses de la jeunesse, comme si elle est née pour applaudir les mensonges éhontés de ces politiciens peu crédibles à la recherche de l’accumulation de richesses illicites.

Notre peuple avait cru, en 2013, en Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) pour sa rigueur passée à la primature mais aussi parce qu’il disait que le Mali ne sera pas divisé (s’il plait à Dieu). Le constat est patent aujourd’hui pour toutes les femmes et hommes de bonne foi et qui aiment ce pays.

Les présidents IBK, ATT et Alpha Oumar Konaré ont tous échoué dans leur mission de redonner confiance à notre peuple laborieux. La seule certitude aujourd’hui, c’est que les masses laborieuses et la jeunesse du Mali n’adhèrent en rien à la gestion calamiteuse de nos affaires par des femmes et des hommes de la IIIème République qui jurent par la démocratie mais qui agissent pour le seul compte de la poignée d’individus qui nourrissent leurs familles du sang des Maliens. Comme pour dire que le silence de notre peuple est loin d’être un chèque en blanc à nos démocrates de la IIIème République qui brillent jusque-là par le sens de la gestion gérontocratique des affaires.

Des cadres finis et qui ont montré toutes leurs limites objectives dans la gestion des affaires de la République sont essentiellement les seuls auxquels les gouvernants recourent pour continuer avec les mêmes pratiques peu recommandables. IBK a dédié l’année 2014 à la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Aujourd’hui, les résultats sont tout sauf probants. Au contraire, sa gestion laisse les Maliens sur leur faim.

La situation chaotique dans laquelle se trouve le Mali nous interpelle tous car c’est bien de notre pays qu’il est question. Nul doute que les démocrates élus du ciel n’ont plus rien à proposer à notre peuple laborieux.

En clair, il faut le dire, la classe politique malienne de l’ère de la «démocratie» s’est totalement disqualifiée et ne saurait être la moindre source d’inspiration pour les jeunes du Mali qui ont du souci de servir ce pays. La classe politique malienne dans sa quasi-totalité a cultivé chez nous toutes les mauvaises mœurs jusqu’aux légères. Et dans le même temps bien de politiciens sans foi se font passer pour des hommes de Dieu, acquis à la cause de l’équité et du sens élevé  de la probité morale. Ils ont particulièrement responsables de cette débâcle généralisée de notre pays. Ainsi:

– Sur le plan économique, la faim, la malnutrition, les disettes, le manque de soins de santé décents, la rareté de l’eau potable dans bien de localités du pays, bref le développement du sous-développement écrase chaque jour davantage notre peuple travailleur.

– Sur le plan politique, on assiste à tout sauf au sérieux: le concubinage, la délinquance sénile et sexuelle, le népotisme, l’affairisme, l’achat des consciences, le mensonge grossier, le navetanat  dans et entre les regroupements politiques que certains appellent partis politiques, la crise d’hommes crédibles dans et à la tête de ces formations politiques.

Dans ces formations, le degré de militantisme se mesure au degré de fourberie aux pieds du tout puissant président du «parti». Dans ces formations, la formation des militantes et militants est toujours mise entre parenthèses. Parce qu’on préfère collaborer avec les bénis oui-oui qui ne sont bons qu’à applaudir. Dans ces dits partis, il y a tout sauf les débats scientifiques contradictoires d’où leur incapacité légendaire de proposer quelque chose de fiable au peuple malien.

– Sur le plan social, les parentés, les amitiés sont de plus en plus abandonnées au profit de la masse d’argent qu’on pourrait avoir.

– Sur le plan culturel, il n’y a nul besoin de dire que depuis la fin (théorique) de la colonisation, l’Afrique n’a fait que subir les effets pervers de l’acculturation et de l’extraversion culturelle du continent.

Pour tout dire, en Afrique et donc avant tout au Mali, les démocrates rompus aux causes privées sordides ont atteint leurs limites objectives. Dès lors, pour sauver le Mali et donc l’Afrique, il faut l’émergence d’une jeunesse consciente de son devoir de fer de lance de la nation. Cette jeunesse consciente et crédible doit travailler sans délai à mettre hors jeu la race de politiciens véreux en mal de crédibilité et de compétence.

Cette race de politiciens que nous connaissons jusqu’ici n’a plus à son arc que des phraséologies creuses sans queue ni tête et seulement aptes à endormir la jeunesse par des subterfuges d’un autre temps. La Camerounaise, Marie Tamafo M’KOM, en avait déjà conscience. Elle n’a pas manqué d’avertir la vieille classe de politiciens désormais disqualifiés quant à redonner confiance à notre continent.

Elle disait au nom de la jeunesse africaine au somme Afrique-France de 2005 à Bamako: «Nous ne voulons plus de déclarations et d’énièmes plans d’actions, mais plutôt des mesures politiques structurées et opérationnelles par les Etats en vue d’améliorer efficacement les conditions de vie de la jeunesse africaine. Si les politiques ne s’occupent de la jeunesse, le vent du changement, en contexte démocratique, conduira la jeunesse à s’occuper des politiques afin que les engagements aient un sens.»

Pour redonner don confiance au Mali, la jeunesse doit exiger qu’elle soit en première ligne pour l’obtention des postes de responsabilité d’abord dans les partis politiques  pour insuffler de l’intérieur une dynamique nouvelle pour un changement radical de toutes nos structures socioéconomiques, politiques et culturelles. Mais, comme nous l’avions signalé plus haut, il s’agit de la jeunesse combattante consciente de sa mission de servir non pas des individus, quelques familles de nantis, mais la nation entière. Par exemple, lors des élections les jeunes doivent imposer leurs voix à la vieille classe politicienne rompue aux discours creux qui font croire au père Noël mais pour continuer à spolier notre peuple travailleur.

Leur première tâche doit être de combattre les discours hypocrites venant d’hommes et de femmes dépourvus de toute crédibilité. Ainsi, la mission ultime de la jeunesse africaine et donc malienne c’est d’œuvrer à éviter au continent et donc au Mali de s’effriter, de sombre dans le chaos.

Pour ce faire, il faut  trois ordres de mesures fondés sur une politique autocentrée de développement.  Notons au passage que la problématique de développement du Mali est inséparable de celle de l’ensemble africain dont il fait partie.

Ainsi, nos jeunes doivent  réussir trois ruptures fondamentales pour sauver l’Afrique et donc le Mali:

La rupture avec la vision monétariste du développement. Cela est un impératif catégorique quand on sait que le développement est une affaire d’ensemble et un phénomène global qui intègre à la fois la technologie, l’économie, le social, la politique et le culturel. De ce fait, la question du produit national brut ne saurait être la seule à résoudre.

La rupture avec l’approche technocratique car le développement n’est pas l’œuvre d’un service technique, fut-il le plus compétent, mais l’œuvre de tout un peuple qui doit être associé aux choix, à la gestion de son destin. La jeunesse malienne et donc africaine doit ainsi se rassurer que le développement n’est pas seulement le progrès de la science et de la technique mais aussi la solution des problèmes sociaux et humains.

La rupture avec la logique du marché mondial actuel: il faut une égalité véritable et réelle dans les échanges internationaux, égalité sans laquelle il n’y aura pas de développement du continent. C’est là aussi une exigence quand on sait qu’il y a une forte détérioration des termes de l’échange entre l’Occident et l’Afrique et donc entre la France et le Mali.

Notre jeunesse doit se rendre à l’évidence que si la vieille classe de politiciens avait la bonne volonté politique et le sens aigu de la patrie, notre pays ne serait pas là où il se trouve aujourd’hui. La jeunesse du Mali ne doit pas perdre de vue un seul instant que ce sont les politiciens vautours qui ont mis à genou le Mali et que leurs comportements illicites étaient en collusion avec la démocratie antipopulaire, antinationaliste et guerrière de la France néocolonialiste ennemie des pays d’Afrique et du monde.

Les jeunes du Mali soucieux du devenir de notre pays doivent absolument et sans délai rompre avec le paternalisme français au nom duquel notre peuple perd chaque jour davantage bien de ses enfants. Il est grand que notre jeunesse cesse de regarder vers l’extérieur, vers ceux-là qui vivent de nous et construisent leur avenir aux dépens de nos masses laborieuses.

Edgard Pisani avait déjà averti: «Tant que les espoirs de développement seront fondés sur une aide extérieure considérée comme capable de provoquer l’investissement et l’équipement, toute dynamique est interdite.»

Surtout il faut préciser à l’adresse des jeunes maliens que l’aide occidentale française ne nous aidera jamais à nous passer de l’aide, car l’exploiteur ne peut poser le moindre acte en faveur de celui qu’il exploite pour permettre à celui-ci de ne plus l’être. Il est donc temps pour nos jeunes de cesser de croire à la bonne foi de nos spoliateurs, tant il est illusoire pour les souris de croire à la bonne coopération des chats. Il serait tout aussi illusoire pour la jeunesse malienne d’attendre de nos éternels gouvernants un quelconque changement d’orientation politique en faveur de notre peuple. Leur passé en dit suffisamment long.

A l’adresse de la jeunesse malienne, le Président Modibo Keïta: «Lorsque les propriétaires deviennent des observateurs, c’est le festival des brigands

En effet, face à la problématique de la bonne gouvernance, il faut des jeunes crédibles pour sauver le Mali.

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Fodé KEITA

Source: Inter de Bamako

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