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Affaire des bérets rouges assassinés : Enfin Amadou Aya Sanogo et ses 17 coaccusés devant le juge

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L’auteur du coup d’Etat du 22 mars 2012, Amadou Haya Sanogo et les 17 autres militaires accusés d’enlèvement de personnes, assassinat et complicité ont, pour la toute première fois, comparu devant la Cour d’assise en transport à Sikasso. Cette première comparution qui a duré quatre heures d’horloge avant d’être suspendue pour 48 h, a été marquée par l’analyse de la forme du dossier d’accusation de Amadou Aya Sanogo et autres.  Retour sur une journée mouvementée

La Cour d’assises de Bamako en transport à Sikasso, composée de Mahamadou Berthé (résident), Boureima Gariko, Taïcha Maiga, et de Mamadou Lamine Coulibaly a lancé les travaux de la session supplémentaire de la cour à Sikasso sur l’affaire de disparition des 21 militaires du Régiment des commandos parachutistes du 30 avril 2012. La substance de la présente session d’assises supplémentaire se trouve constituée d’une seule affaire inscrite à son rôle et suivie contre Fousseyni Diarra dit Fouss et 17 autres. Ils sont entre autres, Fousseyni Diarra dit Fouss, Mamadou Koné, Tiémoko Adama Diarra, Lassana Singaré, Cheickna Siby, Issa Tangara, Amadou Haya Sanogo, Bloncoro Samaké, Amassongo Dolo, (décédé), Simeon Keita, Oumarou Sanafo, dit Kif Kif, Soïba Diarra, Christophe Dembélé, Amadou Konaré, Mohamed Issa Ouédrago, Ibrahim Boua Koné, Yamoussa Camara et Ibrahim Dahirou Dembélé.

Les faits

Nous sommes dans la nuit du 30 avril 2012, le Régiment des commandos parachutistes dirigé par le colonel Abdine Guindo, concoctait un plan d’opération contre le CNRDRE basé à Kati. Ainsi un groupe montait à l’assaut du camp Soundiata Keita de Kati, siège des anciens mutins du CNRDRE. Un autre groupe s’est dirigé vers l’ORTM où les agents de sécurité étaient maitrisés. La radio prise, les commandos ont continué dans leur aventure à l’aéroport qui fut très brièvement sous contrôle du 33e RCP.

La riposte fut immédiate et les militaires de Kati repoussèrent les différentes attaques au prix de plusieurs morts et blessés. Des militaires appartenant au corps des bérets rouge furent faits prisonniers, et certains d’entre eux, seront montrés à la  télévision nationale. Ils seront detenus au camp de Kati comme prisonniers. Les parents et proches de ces éléments dans leur quête de s’enquérir des nouvelles de ces militaires se heurtent à un mur de silence voir l’absence de nouvelles. Aucune information quant au lieu de détention de ces militaires alors que leur compagnon d’infortune faisaient déjà circuler la nouvelle d’une sinistre exécution nocturne quelques jours après les évènements aucours desquels ils avaient été arrêtés. Certains, militaires iront jusqu’à témoigner de l’embarquement d’une vingtaine de militaires nuitamment menottés, les visages bandés et conduits vers une destination inconnue.

Devant la persistance des rumeurs, le parquet général a décidé d’ouvrir une enquête et par la suite requérir l’ouverture d’une information contre X pour enlèvement de personnes.

Fousseyni Diarra, Ousmane Sanafo dit Kif Kif…déshabillent le général Aya

Suite à l’enquête du procureur, plusieurs officiers et sous-officiers qui étaient membres du CNRDRE sont inculpés des faits d’enlèvement de personnes dont entre autres le général Amadou Aya Sanogo, les capitaines Issa Tangara, Amassogo Dolo, Christophe Dembélé, les sous-officiers Ousmane Sanafo dit Kif Kif, Mamadou Koné,  Fousseyni Diarra dit Fous ont reconnu formellement les faits d’enlèvement et assassinat de personnes (Bérets rouges) y avoir participé. En plus de cette double reconnaissance des faits, ils indiquèrent dans les moindres détails l’endroit où était sommairement exécutés et enterrés les victimes. Connaissant bien les lieux, les deux accusés ont conduit le magistrat aux environs du village de Diago non loin de la cimenterie. Là, dans la campagne au beau milieu d’un champ de cultures, Fousseyni Diarra de Fous et Mamadou, deux personnages clés dans cette affaire, indiquaient l’endroit exact où se trouvaient les restes des corps des suppliciés.

Le crime de sang !

Une exhumation était faite par les agents de la police scientifique et technique du service d’investigation judiciaire de la gendarmerie nationale. Ainsi, dans une fosse, 21 squelettes étaient exhumés. Sur la base de ces faits nouveaux, le parquet, par un réquisitoire supplétif en date du 5 décembre, requérait l’extension de l’information à ces faits pour inclure les crimes d’assassinats et de complicité d’assassinats.

Tant au cours de leur interrogatoire de première comparution qu’au cours des interrogatoires sur fond et lors des confrontations, l’adjudant-chef Mamadou Koné et Fousseyni Diarra dit Fous ne variaient guère sur leurs déclarations. Il en sera de même pour Adama Tiémoko Diarra, lequel, à quelques variantes près, a également reconnu les faits.

A partir de la version des faits tenue par Fousseyni Diarra dit Fouss, Mamadou Koné et Adama Tiémoko Diarra, le scenario qui s’est dégagé a été le suivant : à la suite de l’échec de l’agression des militaires du 33e Régiment des commandos parachutistes de nombreux assaillants sont faits prisonniers.

Le jour du crime !

Selon les conclusions du juge d’instruction, c’est la nuit du 2 mai 2012, qu’une liste fut remise à l’adjudant-chef, Mamadou Koné par le lieutenant Soïba Diarra. Mais avant le lieutenant Soïba aurait demandé à Mamadou Koné de creuser une fosse devant le peu d’enthousiasme manifesté par ce dernier. Soïba Diarra confie la même tâche à Cheickina Siby qui s’exécuta. Ainsi tard dans la nuit un camion vint se garer près de l’endroit ou étaient gardé les bérets rouges l’appel sera fait et chaque militaire appelé sortait de sa cellule les mains attachées au dos, les yeux bandés. Ils furent 21 à être embarqués dans le camion mais le 21e militaire en la personne de Mohamed Diarra étant miraculeusement débarqué sans que l’on sache pourquoi et remplacé par le lieutenant Aboubacar Kola Cissé qui était détenu à l’Ecole d’application des sous-officiers de Kati et dont la garde relevait du capitaine Amassogo Dolo. Et c’est donc Mohamed Diarra qui était parmi les 21 militaires embarqués qui témoigne le premier de l’issue de l’embarquement nocturne de ses compagnons d’arme suivi de leur exécution sommaire non loin de Diago. Au moment où les 20 suppliciés, étaient embarqués, Lassana Singaré et Cheickina Siby allaient chercher le  lieutenant, Aboubacar Kola Cissé pour compléter à nouveau la liste des 21 militaires. Tout au long du déroulement des évènements du 30 avril au 1 er mai, en plus des militaires, certains policiers furent recherchés, arrêtés et violentés par leurs compagnons de corps d’arme, notamment Adama Coulibaly et Haboudou Ouloguem. Mais ces derniers ont accusé essentiellement comme étant leurs tortionnaires, les policiers Siméon Keita et Siriman Fané.

La responsabilité du général Yamoussa Camara et Dahirou

Au cours de l’information, plusieurs militaires de fonction de différentes catégories feront l’objet d’inculpation de la part du magistrat instructeur pour des faits de complicité. Ainsi, le ministre de la défense, Yamoussa Camara et le chef d’état-major de l’armée, Ibrahima Dahirou Dembélé pour   avoir signé des actes portant mise à disposition de personnel militaire dans l’opération « Badenko » au Nord lesquelles décisions concernaient également les bérets rouges portés disparus, seront considérés comme ayant été toute en connaissance de cause et essayer même de dissimuler lesdites disparitions. Plusieurs sous-officiers de l’entourage du général Amadou Aya Sanogo seront également inculpés pour des cas de complicité.

A l’ouverture  des travaux, le procureur général de la Cour d’appel de Bamako, Mamadou Lamine Coulibaly, a tenu à préciser que cette affaire n’est guère singulière, la Cour d’assises de céans a une expérience avérée en matière de jugement de causes concernant les dignitaires de régimes défunts. « Les poursuites à raison des crimes dont il s’agit et reprochés aux accusés ont enregistré 23 parties civiles constituées et nécessite la notification par le ministère public auxdits accusés d’une liste de 23 personnes au titre des témoins. Aussi, il est envisageable l’hypothèse d’une longueur prévisible des débats. Les faits reprochés aux accusés ayant indubitablement impactés sur la vie de la nation et endeuillé bien de familles, ont laissé des plaies dont le pansement requiert en dépit des rancoeurs certaines nées… », a indiqué le procureur général de la Cour d’appel de Bamako, Mamadou Lamine Coulibaly.

Après lecture de l’arrêt de renvoi, la défense des accusés composée de Me Hamidou Dembélé, Me Mariam Diawara, Me Cheick Oumar Konaré, Me Dossolo Konaré, Me Mahamadou Camara, Me Abdrahamane Touré, Me Boubacar Karamoko Koné et une dizaine d’autres, a apprécié les efforts de la Cour d’assises pour l’organisation de ce procès.

Pour des raisons de prise de contact avec l’ensemble des accusés, le pool d’avocats constitué en faveur de Amadou Aya Sanogo a émis le souhait d’une suspension de 48h. Une demande qui a été rejetée en bloc par la défense des victimes. Il s’agit de Me Moctar Mariko, Me Assane Dioma N’Diaye du Sénégal, Me Yacouba Doumbia de la Côte d’Ivoire, Me Ouali Diawara, Me Hamidou Diabaté, Me Clemance Bectart du barreau de Paris et Me Patric Baudoin. Selon eux, la forme de la procédure est respectée. C’est ainsi que le président de la Cour accordera 48 h à la défense. Le vendredi prochain s’annonce donc dure.

Source:L’indicateur De Renouveau

 

 

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