Firmin Detho Letoh, 61 ans, est le cinquième général ivoirien ayant occupé un poste important dans le dispositif sécuritaire sous Laurent Gbagbo appelé à témoigner, ce mardi 7 novembre 2017, dans le procès de celui-ci et de son bras droit Charles Blé Goudé, à la Cour pénale internationale (CPI).
De lui, le général Philippe Mangou, alors chef d’état-major des Forces de défense et de sécurité (FDS, armée fidèle à Laurent Gbagbo, dissoute par Alassane Ouattara en 2011) disait qu’il était, le chef de l’un des deux grandes entités impliquées dans la crise postélectorale. « Les unités qui étaient sur le théâtre des opérations, dont le commandant était le capitaine de vaisseau major Boniface Konan (…) avaient été formées et déployées dans tout Abidjan, avait-il révélé. Pour l’intervention au niveau d’Abobo (commune d’Abidjan, réputée favorable à Alassane Ouattara, NDLR), les troupes étaient placées sous l’entière responsabilité du général de brigade Firmin Detho Letoh ».
Cinquième général à la barre
C’est donc un officier important qui doit témoigner à la CPI, après les généraux Georges Guiai Bi Poin, ex-commandant du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos, unité mixte d’élite), Edouard Tiapé Kassaraté, ex-commandant supérieur de la gendarmerie, Brédou M’Bia, ex-directeur général de la police, et Philippe Mangou.
Proche de Mangou, c’est celui-ci qui a adoubé sa nomination en 2009, en qualité de commandant des forces terrestres. Un poste qu’il a occupé durant deux ans. Letoh a, de ce fait, joué un rôle opérationnel central, lors de la crise postélectorale, surtout à Abobo, commune névralgique, théâtre de plusieurs drames auxquels s’intéresse la CPI.
Allégeance à Ouattara
Après son allégeance à Alassane Ouattara suite à l’arrestation de Laurent Gbagbo, cet officier formé à l’Ecole des forces armées (Efa) de Bouaké a été promu chef d’état-major adjoint des armées, aux côtés du général Soumaïla Bakayoko issu des ex-Forces armées des Forces nouvelles (FAFN, rébellion armée de Guillaume Soro), nommé à la place de Mangou. Il a fait valoir ses droits à la retraite, le 31 décembre 2016.
S’il était respecté des troupes, c’était moins du fait de son charisme, que de son parcours. Entré dans l’armée avec le grade de caporal-chef en 1979, il a gravi étape par étape les marches de la hiérarchie. Porté sur la formation, il a obtenu en France plusieurs diplômes, dont le Brevet parachutiste de l’École des troupes aéroportées de Pau, ainsi que le Brevet de sauteur en chute commando à haute altitude.
Aux États-Unis, il a obtenu le Brevet de chuteur opérationnel, avec comme spécialité le saut à ouverture commandée retardée à grande hauteur, une opération à très haut risque, ordinairement réservée aux forces spéciales. C’est aussi un spécialiste des arts martiaux : il est ceinture noire 4è dan en shotokan et 3è dan en taekwondo.
Fortes attentes des victimes
Les victimes de la crise postélectorale espèrent que l’ancien commandant du premier Bataillon des commandos parachutistes (BCP) du camp militaire d’Akouédo (Abidjan) donnera des clés pour dénouer certains des grands mystères de la crise postélectorale, comme le bombardement au mortier d’un marché fréquenté, à Abobo ; l’assassinat de femmes lors d’une marche favorable à Alassane Ouattara, toujours à Abobo ou encore la répression meurtrière d’une marche sur la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI, télé publique).
Jusque-là, les témoignages des officiers et témoins civils qui se sont succédés au procès, à la demande de la procureure Fatou Bensouda, n’ont pas permis de situer clairement les responsabilités.
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Source: Jeune Afrique