Le raid mené dans la nuit du 22 au 23 octobre dernier dans le secteur d’Abeibara par l’opération française Barkhane continue de susciter la polémique. Le ministre de la défense et des anciens combattants, dans un communiqué laconique, confirme la mort de ces soldats otages du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans d’Iyad Ag Aghaly. Le communiqué daté du 31 octobre mais curieusement rendu public le 6 novembre, parle d’une tragédie sans pourtant condamner l’acte qui a coûté la vie aux militaires otages. Ce communiqué n’a certainement pas été du goût de l’état-major français et du commandement de Barkhane. Si les communicants de l’état-major français des armées avaient parlé de djahadistes tués ou capturés lors du raid, ils sortent maintenant d’autres balivernes. Dans le camp frappé, se trouvaient des soldats maliens qui ont rejoint les rangs djihadistes. « Le raid du 23 octobre a été mené sur la base de renseignements étayés contre un camp dans lequel se trouvaient des soldats maliens passés dans les rangs djihadistes. Ce sont eux qui ont été frappés, entre autres », a confié à Reuters une source militaire française.
La stratégie française aidée par les médias spécialisés dans la manipulation et la désinformation, consiste à banaliser les faits. Tantôt on s’interroge sur la véracité de ces assassinats, tantôt on tente de faire passer les otages tués pour des gens qui ont rallié les mouvements islamistes ou de faire croire qu’ils ont été tués par Ansardine ? Que de mensonge ! Que d’intox ! Que de manipulation !
Barkhane peut difficilement se prévaloir d’une erreur. La communication que l’état-major français mène prouve à suffisance qu’il ne s’agit pas d’une erreur. Comme ce sont des otages maliens, le travail de renseignement ne peut pas permettre de détecter leur présence. Sinon aucun avion français n’a bombardé les sites d’Aqmi qui abritaient les otages français pendant et après l’opération Serval. Et puis, pendant plus de 4 ans de captivité, les otages français n’ont jamais été considérés comme des membres d’Aqmi.
Cette arrogance des responsables de l’état-major français et de Barkhane est quelque part due à la mollesse des réactions des gouvernants qui se considèrent toujours dans leur tête comme des vassaux d’une France restée paternaliste dans ses rapports avec ses ex-colonies. Ce mépris de la France pour le peuple malien est dû au fait que l’élite politique, toute tendance confondue, se sent inféoder à l’ancienne puissance coloniale. Sinon comment comprendre l’omerta de la classe politique sur ce que le ministre de la défense et des anciens combattants considère comme une tragédie ?
Paris pousse l’arrogance jusqu’à chanter Bamako en brandissant le départ de 4 000 gars de Barkhane. Ceux qui ont semé «la stupide guerre en Libye » pour reprendre l’expression d’un haut gradé occidental, connaissent l’histoire secrète de l’engagement français au Sahel. Pas besoin d’être grand spécialiste pour savoir que l’industrie de la guerre au Mali profite mieux aux multinationales françaises. Tous les gros contrats de la Minusma ne sont-ils pas détenus par les entreprises françaises ? Pourquoi Total a progressé, de façon spectaculaire, au Mali depuis 2013 ? Pourquoi le Mouvement pour la libération de l’Azawad (Mnla), une fabrication française, a ouvert la porte du Mali à l’occupation djihadiste ? Pourquoi la France veut faire de Kidal une enclave désertique aux mains des traîtres aventuriers du Mnla ? Pourquoi la France active-t-elle son lobbying pour maintenir un embargo injuste sur le Mali dans les achats d’armes ?
Personne n’est dupe. Barkhane ne peut pas continuer à se moquer du peuple malien et à insulter la mémoire de nos braves militaires martyrs. Si c’était l’armée malienne qui avait tué des soldats français, le ciel serait tombé sur Bamako. Les média, relais de la politique étrangère française, allaient livrer le Mali à la vindicte internationale.
Chers vrai-faux partenaires français, cessez d’être arrogants, reconnaissez vos bavures et présentez vos excuses au peuple malien !
Par Chiaka Doumbia
Entre nous L’arrogance française
Source: Le Challenger