La Lettre du Peuple à Monsieur le Président de la République
Monsieur le Président de la République,
C’est avec un cœur plein de joie et de tristesse que je vous écris cette lettre.
Excellence Monsieur le Président de la République, comme vous voyagez beaucoup, il se peut qu’il y ait des choses dont vous n’êtes pas au courant et que vos proches ne vous en parlent pas. Sinon la situation du pays n’est pas très reluisante. Dans tout le pays, les plaintes sont nombreuses. Ce que l’on entend le plus, c’est la rareté de l’argent.
Votre arrivée au pouvoir avait suscité un espoir réel chez le peuple malien. Monsieur le Président, ce n’est pas pour rien que vous avez été plébiscité. Le peuple vous croyait doter d’une baguette magique pour redresser le pays abandonné par un général fuyard et laissé entre les mains des bandits de l’ex junte militaire. Souvenez-vous, Monsieur le Président, vos premiers mois au pouvoir ont été marqués par une certaine peur chez les populations qui avaient abandonné certains comportements longtemps décriés vis-à-vis de la chose publique, ou même dans la vie en société. Le peuple vous craignait par peur que vous alliez sévir. Mais hélas! Au fil des mois, cette peur s’est évaporée, et le laisser-aller auquel il était habitué a continué. Le peuple déplore le manque de sanction dans les affaires de surfacturation présumée dans l’achat des équipements militaires et de notre avion de commandement.
Monsieur le Président, il faut le dire, les Maliens ne vous reconnaissent plus. Ils se demandent où est IBK, l’homme à poigne qui a sauvé le pouvoir de Alpha Oumar Konaré d’un naufrage certain ? Monsieur le Président, que s’est-il passé? Souvenez-vous de l’affaire de l’assassinat du coopérant suisse au nord du Mali ? Alors que vous étiez Premier ministre, quand la Suisse avait menacé de rompre sa coopération avec le Mali, vous aviez tapé du point sur la table en disant : «la République du Mali, en tant qu’Etat souverain, n’oblige aucun pays à coopérer avec elle». A l’époque, tout le Mali entier vous a applaudi pour cette phrase. Idem, lorsque vous avez répondu avec panace à Hervé Ladsou, le 15 mai 2015, lors de la signature de l’Accord.
Monsieur le Président, en 2006, vous avez dénoncé l’Accord d’Alger, estimant que la solution de la crise du nord était la guerre. Vous avez tenu les mêmes propos en 2013 lors de la campagne présidentielle. Après votre brillante élection, vous avez maintenu le même cap. Vous êtes mêmes allés jusqu’à dire qu’aucun rebelle ne saurait se hisser à votre hauteur. Des propos qui ont conforté le peuple malien dans son choix en 2013. Mais subitement, vous avez changé de fusil d’épaule comme ATT, au nom de la paix et de la réconciliation en enterrant la hache de la guerre. Une posture qui ne vous ressemble guère, mais qui se comprend à cause de la forte mobilisation internationale autour du Mali.
Sinon, sauf les «hassidis», tout le monde sait que vous êtes un «kankelen tigui». La preuve, lors de votre passage à Kolondièba, vous avez promis aux populations de cette localité la construction de la route Zantiébougou menant à la frontière ivoirienne. Vous venez de joindre l’acte à la parole en lançant les travaux d’aménagement de cette voie, il y a quelques semaines. Aussi, durant la campagne, vous avez promis de faire de l’agriculture le moteur du développement de notre pays. Vous êtes sur ce chemin avec l’octroi de 15% du budget national au monde rural. Vous avez également promis l’honneur du Mali. Pour ce faire, vous vous êtes engagés à mettre nos forces de défense et de sécurité dans les conditions de riposte en les dotant de moyens militaires adéquats. Cela, pour qu’elles soient en mesure de défendre la patrie contre les envahisseurs. Tout le monde a vu en 2012 l’humiliation que notre pays a subie avec l’abandon de toutes les positions détenues par nos forces de défense et de sécurité. Pour les réarmer, vous avez instruit l’adoption d’une loi de programmation et d’orientation militaire, un effort financier sans précédent en faveur de nos forces de défenses et de sécurité. Le peuple vous remercie pour toutes ces actions. Mais là où vous êtes le plus attendu, c’est la résolution de la crise du nord qui constitue la raison fondamentale pour laquelle le peuple vous a largement choisi. C’est cette crise qui annihile tous vos efforts de développement. Il va falloir que vous alliez très vite sur ce chantier, au risque de compromettre les acquis de votre mandat.
C’était là, Excellence Monsieur le Président, un petit mot pour vous dire bonjour. Passez une excellente journée, et à bientôt !
Source: La Lettre du peuple