Le président IBK laissera une empreinte indélébile sur sa fonction. Et elle ne sera pas la plus flatteuse ! Voilà un chef d’Etat qui réussit la prouesse de rendre banal ses voyages à l’étranger par leur fréquence, tout en conférant un cachet exceptionnel à ses visites à l’intérieur de son propre pays par la rareté.
Il porterait plus facilement le titre de Co-président de France ou de vice Emir d’Abu Dhabi que celui de Roi de Sikasso ! Ce même Kénédougou d’où il revient de sa 2è visite, en un peu plus de quatre ans à Koulouba. Et comme un Grossiste de la politique, il a distribué sa camelote électorale tout le long du chemin. Une poignée de billet de F CFA aux notables et aux griots de Bougouni, des tricycles médicalisés aux communes de Koumantou et un chantier routier urbain de 2×2 voies à Sikasso.
Une misère pour la deuxième région économique du Mali, mais l’essentiel n’est-il pas de faire semblant ? Nous sommes dans le règne de l’apparence où pour complaire au chef, on ferme les classes pour jalonner le parcours avec les enfants. Toujours pour faire foule, le commandement territorial, comme au temps colonial, impose des quotas de mobilisation aux villages.
Ce qu’on ne peut en revanche fabriquer, c’est l’enthousiasme et la ferveur. Le candidat IBK de 2013 devrait pouvoir en causer un rayon avec le président IBK 2017. Le premier faisait chavirer les cœurs, il y a 4 ans, au stade de Sikasso avec de mirobolantes promesses, le second est vécu aujourd’hui comme un crève-cœur par des citoyens désabusés.
Les éléments de langage sont fréquents : le Palais nous dit que le pari de la mobilisation a été gagné, comme si cette évidence avait pu échapper à notre vigilance.
Après la « visite mémorable » des notables de Koutiala à Koulouba à l’initiative d’un député qui, depuis des lustres, n’arrive plus à se faire réélire, après l’épisode douteux de la mise en scène avec les « notables » de Niono ; après sa visite à Sikasso dans une ambiance de tiédeur, il est encore temps pour le président de mesurer le fossé qui le sépare du pays. Les courtisans ont le droit de lui présenter un Mali de bisounours, mais il se doit la vérité à lui-même.
Lui qui semble féru d’Histoire doit sans doute connaitre celle du « Village Potemkine ». Un ministre russe du même nom avait fait fabriquer avec du carton-pâte un village pour éblouir la Reine Catherine II en visite en Crimée et pour masquer, en arrière-plan, la réalité du vrai village ravagé par la pauvreté.
Attention aux sirènes des « villages Bakary Togola » !
Tiéfing
Billet trompe l’œil
Source: L’Aube