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Statut de Jérusalem : Mohammed VI, président du comité Al Qods, interpelle Donald Trump

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Le roi du Maroc interpelle le président américain après que ce dernier a annoncé son intention de transférer l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Mohammed VI, dont les compatriotes soutiennent largement la cause palestinienne, préside aussi un puissant comité de solidarité avec la ville de Jérusalem, bras armé de l’action diplomatique marocaine dans la région.

Mohammed VI, roi du Maroc, a décidé de répondre au président américain Donald Trump, du tac-au-tac. Celui qui a hérité, avec le trône, la présidence du Comité Al Qods [Jérusalem en arabe, NDLR], crée par l’Organisation de la conférence islamique (OCI), ne pouvait pas rester muet. Ce 5 décembre, Trump a en effet annoncé au téléphone au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ainsi qu’au roi de Jordanie Abdallah II, au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, au président israélien Benyamin Netanyahou et au monarque saoudien Salman, sa volonté de transférer l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv, la capitale, vers Jérusalem.

Il ne peut y avoir d’État palestinien sans Jérusalem-Est pour capitale

Le communiqué de l’Autorité palestinienne qui vient en réponse à cette annonce met en exergue la particularité de cette ville pour les Palestiniens. Ce dernier rappelle ainsi la position selon laquelle « il ne peut y avoir d’État palestinien sans Jérusalem-Est pour capitale, conformément aux résolutions et à la loi internationales et à l’initiative de paix arabe ».

Au nom d’« un milliard de citoyens »

Le jour même, Mohammed VI a donc répliqué, après un appel téléphonique avec Mahmoud Abbas, lui exprimant « sa réprobation vigoureuse de toute action de nature à compromettre le caractère multiconfessionnel de la ville Sainte, ou altérer son statut juridique et politique », selon un communiqué du Cabinet royal.

Le roi a émis une missive à l’adresse du président américain au nom des 57 états – pour la plupart africains et asiatiques – formant l’OCI et « représentant plus d’un milliard de citoyens » selon la lettre, dont l’existence a d’abord été révélée par le site de la chaîne israélienne I24, puis diffusée par l’agence de presse marocaine, la MAP.

D’une courtoisie toute protocolaire, la lettre, écrite à la première personne du singulier, affirme ainsi : « Je voudrai faire part à votre Excellence de ma profonde préoccupation personnelle ainsi que la grande inquiétude ressentie par les États et les peuples arabes et musulmans suite aux informations récurrentes sur l’intention de votre administration de reconnaître Al Qods comme capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade des États Unis. Vous n’êtes pas sans savoir, Excellence, l’extrême importance que revêt la ville d’Al Qods non seulement pour les parties au conflit, mais également pour les fidèles des trois religions célestes. »

Au Maroc, où de grandes quêtes sont organisées annuellement par Bayt Mal Al Qods Acharif, bras financier du comité Al Qods, la cause palestinienne est œcuménique. Il n’est pas rare que des manifestations de solidarité avec la Palestine rassemblent islamistes, nationalistes, libéraux et gauchistes, militants de l’opposition et personnalités proches du pouvoir.

Dans la matinée du 6 décembre, les profils Facebook d’internautes marocains se sont couverts de filtres favorables à la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’un État palestinien. L’organisation islamiste non-reconnue mais tolérée Al Adl Wal Ihssane (Justice et spiritualité), s’est fendue elle aussi, mardi dans la soirée, d’un communiqué – via une petite structure qu’elle dirige en réalité – condamnant les propos de Donald Trump.

Un comité très marocain

Fondé à l’initiative de l’OCI en 1975 lors de la dixième conférence islamique, tenue à Fès, au Maroc, le comité Al Qods, avait dès lors été confié au roi Hassan II. Depuis, la monarchie alaouite assure le leadership de cette institution qui se donne pour mission de sauvegarder la paix à Jérusalem tout en assumant un parti-pris : Al Qods est considéré comme « partie intégrante de l’État palestinien spolié », peut-on lire sur l’acte de naissance de l’organisation, qui affirme aussi combattre « les dangers menaçant le futur du caractère arabe de la ville où les musulmans garantissaient aux religions célestes la liberté de culte ».

Le comité Al Qods, dont le siège est à Rabat, dispose depuis 1998 d’un bras armé financier, Bayt Mal Al Qods Acharif. Les contributions – en bonne partie volontaires – déposées sur deux comptes bancaires, l’un marocain, l’autre égyptien, servent à financer divers projets dans la santé, le social ou encore l’enseignement.

En janvier 2017 déjà, Mohammed VI s’était adressé à Abbas, l’assurant de son soutien, après que le Palestinien ai fait part de ses craintes. Trump candidat à la présidence avait déjà déclaré son intention de transférer l’ambassade américaine vers Jérusalem, sans que personne ne sache s’il s’agissait d’une provocation ou d’intentions réelles.

Avec le temps, le comité Al Qods est devenu un des principaux leviers de l’action diplomatique marocaine dans la région moyen-orientale. Son existence permet à Rabat de se maintenir comme un barycentre de l’unité arabe et d’affirmer le leadership royal auprès des opinions publiques arabes, pour qui le symbole de Jérusalem reste majeur.

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Source: Jeune Afrique

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