Le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme et voix critique de Donald Trump, a annoncé mercredi qu’il ne solliciterait pas un second mandat, en évoquant un “contexte géopolitique actuel” défavorable.
“Si je devais faire cela dans le contexte géopolitique actuel, il s’agirait de supplier un genou à terre, faire un plaidoyer, diminuer l’indépendance et l’intégrité de ma voix – qui est votre voix”, a expliqué le diplomate âgé de 53 ans dans un courriel à son équipe, obtenu par l’AFP.
Dans un entretien à l’AFP lundi, Zeid Ra’ad Al Hussein avait confié qu’il ne se présenterait pas pour un second mandat en août prochain, expliquant vouloir se “consacrer à d’autres sujets”.
N’ayant jamais hésité à critiquer ouvertement des pays, qu’ils soient petits ou puissants, depuis qu’il a pris ses fonctions en septembre 2014, il avait alors expliqué que ce poste ne devrait être attribué que pour un seul mandat, afin d’éviter pressions et tractations en coulisses.
“Il me semble important de toujours préserver l’intégrité de cette fonction”, avait-il déclaré dans son bureau à Genève, ajoutant que “toute suggestion de manigances (…) sur le dos des droits est lamentable”.
C’est d’ailleurs après la publication de cet entretien que M. Zeid a décidé d’envoyer le courriel à ses employés qui s’interrogeaient sur ses intentions, selon une source dans son entourage. Vivre éloigné de son épouse et de ses trois enfants, basés à New York, a également pesé sur sa décision, assure cette source, tout en soulignant que la plupart des Hauts-Commissaires n’avaient exercé qu’un seul mandat.
S’il ne mentionne pas directement Donald Trump dans son courriel, le diplomate aurait reçu, selon des médias, des pressions de la part du chef de l’ONU Antonio Guterres pour qu’il modère ses critiques contre le président américain.
Dans son entretien à l’AFP, M. Zeid avait de nouveau mis en garde lundi contre les attaques répétées de Donald Trump visant les médias, qui risquent selon lui de déclencher des violences contre les journalistes. Pendant la campagne électorale pour la présidentielle américaine, il avait qualifié de “totalement irresponsables” les propos tenus sur les musulmans par le candidat républicain à la Maison Blanche.
Alors que la nouvelle du départ prochain de M. Zeid s’ébruitait mercredi matin, Donald Trump a lancé de son côté un nouveau sévère avertissement aux Nations unies, menaçant de couper les financements des Etats-Unis, principal contributeur, si l’organisation condamnait la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël.
“Nous prenons note de ces votes”, a-t-il lancé à la Maison Blanche à la veille d’un vote à l’ONU, dénonçant “tous ces pays qui prennent notre argent et ensuite votent contre nous au Conseil de sécurité”.
AFP