En RDC, les discussions entre majorité et opposition sous l’égide des évêques ont repris à Kinshasa, pour tenter de trouver un accord politique de sortie de crise avant la fin du second et dernier mandat constitutionnel du président Joseph Kabila ce lundi 19 décembre. Ces négociations de la dernière chance doivent coûte que coûte se refermer cet après-midi puisque les évêques sont supposés s’envoler pour Rome dans la soirée pour une visite au souverain pontife prévue de longue date.
Les discussions ont repris ce samedi matin vers 11 heures (locales). A la mi-journée, majorité, opposition et société civile discutaient toujours pour tenter de trouver un accord sur l’après 19-Décembre.
La question de la mise en place d’une période de transition permettant d’aller à des élections présidentielles n’a donné lieu à aucun consensus même si hier un terrain d’entente a été trouvé sur une mesure de « décrispation politique », à savoir, une demande de libération ou d’abandon des poursuites judiciaires concernant plus de 250 personnes.
Les évêques ont soumis au président Kabila une liste de sept personnalités de l’opposition dites « prioritaires », parmi lesquelles notamment Moise Katumbi, Diomi Ndongala ou Jean Claude Muyambo.
Reste maintenant à trancher les sujet cruciaux que sont la gestion de la RDC à partir de mardi, et la date des élections. A noter aussi qu’à partir de ce samedi s’ouvre une session extraordinaire du Parlement qui aura pour objet notamment l’investiture dans les prochains jours du nouveau gouvernement de Samy Badibanga, en fonction donc des résultats éventuels de ce dialogue.
Inquiétudes des chancelleries occidentales
La course contre la montre est donc engagée d’autant que la perspective du 19 décembre suscite de vives inquiétudes. Il faut dire qu’il y a trois mois, des violences en marge de manifestations anti-Kabila avaient fait une cinquantaine de morts selon l’ONU. Hier, le département d’Etat américain s’est dit « très inquiet de la possibilité de troubles et de violences » dans les jours à venir.
Dernièrement, les ambassades occidentales à Kinshasa ont renouvelé leurs conseils de prudence à leurs ressortissants (lire encadré), incitant à ne pas rester en RDC sauf en cas de nécessité.
Hier soir et ce matin, policiers et militaires étaient très visibles en ville et des checkpoints avaient été installés un peu partout à Kinshasa. Autre signe de fébrilité des autorités, la demande faite aux opérateurs internet de couper les réseaux sociaux à compter de demain soir minuit ou encore l’expulsion hier de deux équipes de télévision belge.
■ La Belgique appelle ses ressortissants à quitter le pays
Avec notre bureau de Bruxelles,
L’avis du ministère belge des Affaires étrangères est tombé vendredi soir. La Belgique déconseille à ses ressortissants tout voyage vers la République démocratique du Congo. Et fait plus exceptionnel, elle appelle les Belges à quitter le territoire dès que possible. Il serait quelque 4 000 citoyens à séjourner actuellement au Congo, donc 2 500 qui vivraient dans la capitale.
Les autorités belges craignent un regain de violences à l’approche de la date de fin de mandat de Joseph Kabila. Pour justifier cette décision, elles mettent également en avant l’expulsion de cinq journalistes flamands cette semaine, les rumeurs concernant la fermeture de certains aéroports et la menace du président de bloquer les réseaux sociaux.
Inquiétude légitime ou dramatisation de la situation pour accroitre la pression sur les autorités congolaises, en tout cas les relations entre Bruxelles et Kinshasa sont devenues plus tendues ces dernières semaines. La Belgique n’a cessé de demander aux représentants de la majorité d’organiser des élections rapidement. Un message qui reste inaudible à Kinshasa pour le moment.
Source: RFI