Dans un document stratégique publié vendredi, le président américain annonce qu’il va ordonner la production de nouvelles têtes nucléaires de faible puissance. Pour détruire les installations nord-coréennes?
Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et singulièrement avec la publication vendredi de la nouvelle doctrine nucléaire américaine, jamais le risque d’une guerre atomique n’a été aussi élevé depuis trente ans. Voici pourquoi.
Jusque très récemment, il semblait acquis que les Etats-Unis n’utiliseraient leur arsenal atomique, essentiellement composé d’armes thermonucléaires extrêmement puissantes capables de détruire des régions entières, que pour répliquer à une attaque massive et suicidaire de l’Union soviétique devenue Fédération de Russie. Et que donc elles moisiraient dans leurs bunkers jusqu’à la fin des temps.
Or, dans le document stratégique rendu public vendredi, le président des Etats-Unis annonce, entre autres, qu’il va ordonner la production de nouvelles têtes nucléaires de faible puissance (c’est-à-dire de moins de 20 mégatonnes, l’équivalent de la bombe qui a détruit Nagasaki). Et que ces têtes seront portées par des missiles balistiques de longue portée mais très précis. Autrement dit, il fait savoir au monde qu’il est prêt à utiliser l’arme atomique pour des missions de combat et notamment de destruction préventive d’installations ennemies….
Le lointain temps d’Obama…
On pense évidemment aux installations nucléaires iraniennes et surtout nord coréennes. Donald Trump a assuré à plusieurs reprises que, d’une manière ou d’une autre, il mettrait un terme au dangereux programme atomique de Kim Jong Un. Prépare-t-il les esprits à une frappe nucléaire sur les sites sensibles nord coréens ? Comment le jeune leader va-t-il réagir à cette menace à peine voilée ? Par des frappes préventives sur Guam ou Séoul ? En tous cas, jamais depuis la crise des euromissiles au début des années 80, la menace de l’échange de feux nucléaires n’a semblé aussi proche. Qui d’ailleurs serait vraiment surpris d’une telle folie de la part de la part de Donald Trump ?
Qu’il semble donc loin le temps où un président américain recevait le Prix Nobel de la paix pour ses efforts en matière de désarmement nucléaire. C’était pourtant il y a neuf ans à peine quand le leader du monde dit “libre” s’appelait Barack Obama. Son successeur vient, d’un coup de plume, de jeter cet héritage historique aux poubelles de l’Histoire. Seul signe positif : le Congrès envisage désormais de limiter la capacité du chef de la Maison-Blanche de décider seul d’une attaque nucléaire.
Trump prépare-t-il esprits frappe nucléaire Corée du Nord
Vincent Jauvert
Source: L’Obs