Onze morts attaques contre églises indonésiennes
Au moins 11 personnes ont été tuées et des dizaines blessées dimanche dans des attentats à la bombe, dont au moins une attaque suicide, contre des églises à Surabaya en Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde.
L’archipel d’Asie du Sud-Est est en état d’alerte depuis une série d’attentats perpétrés ces dernières années – dont certains par le groupe jihadiste Etat islamique (EI)- et ses minorités religieuses font face à une intolérance de plus en plus marquée.
Les attaques de dimanche à Surabaya, deuxième ville d’Indonésie située dans l’est de l’île de Java, n’ont pas été revendiquées.
Le porte-parole de la police de la province de Java Oriental Frans Barung Mangera a indiqué que 11 personnes avaient été tuées et 41 autres blessées dans des attaques apparemment coordonnées contre trois églises vers 07H30 (00H30 GMT). Il avait auparavant fait état de neuf morts et 40 blessés.
La télévision a diffusé des images d’une personne conduisant sa moto à proximité d’une église avant qu’une explosion ne se produise.
Des témoins interrogés par des chaînes de telévision ont affirmé qu’un des attentats avait été commis par une femme voilée qui était accompagnée de deux enfants.
La police n’a donné aucune précision sur les suspects et on ignore ce qu’il serait le cas échéant advenu des deux enfants.
– Bombes désamorcées –
D’autres images montraient un véhicule en feu d’où s’élevait une colonne de fumée noire ainsi qu’un corps gisant devant une porte de l’église catholique Santa Maria à Surabaya.
“J’étais effrayé. Beaucoup de gens criaient”, a raconté à l’AFP Roman, un homme de 23 ans témoin de l’explosion à cette église.
Des démineurs ont par ailleurs désamorcé deux bombes à la Gereja Pantekosta Pusat Surabaya (Eglise pentecôtiste du centre de Surabaya), où a eu lieu un des attentats.
La troisième église qui a été visée est l’église Kristen Indonesia Diponegoro.
Ces attaques surviennent quelques jours après que cinq policiers et un détenu ont été tués au cours de violents affrontements dans une prison de haute sécurité en banlieue de Jakarta. L’EI avait revendiqué l’incident mais la police indonésienne avait écarté l’implication de ce dernier.
La police a indiqué dimanche que quatre membres présumés du groupe radical Jamaah Anshar Daulah avaient été tués dans des opérations liées à l’émeute dans la prison, sans toutefois dire si ce mouvement était lié aux attentats de dimanche.
L’intolérance religieuse a augmenté ces dernières années en Indonésie, pays de 260 millions d’habitants dont près de 90% sont de confession musulmane, mais qui compte aussi des minorités comme les chrétiens, hindous et bouddhistes.
D’autres attaques visant des églises se sont produites ces dernières années à travers l’archipel d’Asie du Sud-Est.
– Attaque à l’épée en février –
En février, la police était parvenue à neutraliser un homme armé d’une épée qui avait attaqué en pleine messe une église à Sleman, sur l’île de Java, blessant quatre personnes dont un prêtre.
En 2016, un adolescent était entré dans une église remplie de fidèles à Medan, sur l’île de Sumatra, s’était approché du prêtre et l’avait légèrement blessé au couteau à un bras. Il avait tenté de faire exploser un objet avant d’être maîtrisé par des fidèles.
Un extrémiste islamiste avait été condamné en septembre dernier à la réclusion criminelle à perpétuité en Indonésie pour une attaque meurtrière au cocktail Molotov perpétrée en 2016 contre une église avec des complices d’un groupe soutenant l’EI.
Les autorités sont en état d’alerte depuis les attentats suicide et attaques armées à Jakarta en janvier 2016, qui avaient coûté la vie à quatre civils. Les quatre assaillants avaient été tués dans ces attaques revendiquées par l’EI.
L’Indonésie avait été précipitée dans sa propre “guerre contre le terrorisme” en 2002 par les attentats de Bali, île la plus touristique du pays où ces attaques avaient fait 202 morts, parmi lesquels de nombreux étrangers.
Les autorités avaient ensuite lancé une offensive majeure contre les extrémistes islamistes et affaibli ainsi les réseaux les plus dangereux, selon des experts. Mais l’organisation jihadiste Etat islamique (EI) est parvenue à mobiliser de nouveau la frange extrémiste indonésienne.
AFP