Dans les situations les plus difficiles, il faut souvent savoir laisser le temps au temps pour que la vérité finisse par triompher un jour. Depuis son arrivée à Dakar après le surprenant coup d’Etat d’avril 2012 alors qu’il s’apprêtait à passer le témoin après son second et dernier mandat, ATT a patiemment attendu la fin de ce processus déclenché pour lui faire porter la responsabilité de tous les maux du Mali.
Durant ces longues années, il a opté pour le silence malgré tous les ‘’procès’’ qui lui étaient faits, notamment dans la presse malienne. Pas question cependant de réagir car la responsabilité recommandait de laisser les nouvelles autorités maliennes faire leur travail et aussi de ne pas gêner les autorités sénégalaises dont il appréciait hautement l’hospitalité. Tous ceux qui apprécient ATT ont aussi souffert de tant d’injustice. Surtout si l’on considère cette accusation infamante de haute trahison.
Concernant la situation sécuritaire du Mali, il avait pourtant vu venir et alerté. Dans l’hebdomadaire l’Express du 19 octobre 2011 ne disait-il pas ce qui suit après la ‘’liquidation’’ de Kadhafi orchestrée par Nicolas Sarkozy sous forte influence du philosophe activiste Bernard Henry Levy ? : « La Libye est un magasin d’armements et une poudrière. Malgré toute sa bonne volonté, le CNT (Conseil national de transition, exécutif intérimaire issu de la rébellion) ne peut enrayer le phénomène.
Désormais, c’est moins cet énorme trafic qui nous préoccupe que la présence dans la bande saharo-sahélienne d’armées organisées, composées pour l’essentiel de Libyens, pourvues de véhicules blindés et d’artillerie lourde. Le printemps arabe a ébranlé une zone déjà fragile. Vu d’ici, il ressemble à un hiver des plus rigoureux. Très tôt, nous avons alerté l’Otan et d’autres sur les effets collatéraux de la crise libyenne. Sans être entendus. Un schéma avait été arrêté, qui devait prévaloir à tout prix. »
Le Mali est un immense pays victime des réalités géopolitiques et de sa position centrale. Le seul Nord-Mali est plus vaste que la France et couvre 650 000 kilomètres carrés. ‘’Depuis 2006, mon pays a tout tenté, en vain d’ailleurs, pour réunir les chefs d’Etat de la région. Car une menace transfrontalière appelle une riposte transfrontalière.’’ soulignait-il. On connait la suite concernant les capacités de ceux qui l’accusaient de faiblesse et promettaient d’écraser les islamistes en un tour de main. Si la France n’était pas intervenu ces derniers seraient à coup sûr venus bivouaquer sur les bords du fleuve Djoliba à Bamako.
Le résultat du vote des députés est une bonne nouvelle pour ATT et le Mali. C’est la fin d’une épreuve stoïquement vécue pendant plus de quatre années avec sa famille à Dakar et une nouvelle page dans la vie de l’enfant de Mopti. Il ouvre surtout de nouvelles perspectives pour la réconciliation nationale indispensable pour faire face à la crise qui a empiré dans le nord et le centre du pays.
Source: L’Aube