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Crise post – électorale : Eviter le syndrome ivoirien !

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En novembre 2010, l’élection présidentielle en Côte D’Ivoire a plongé ce pays dans la guerre civile. Le président sortant, Laurent Gbagbo bien que battu dans les urnes refuse de reconnaitre sa défaite. Les affrontements entre ses  partisans et ceux du chef de l’Etat élu, Alassane Ouattara, feront plus de 3000 morts en cinq mois et demi. Alors que les Maliens s’apprêtent à aller aux urnes ce dimanche 29 juillet. Tout le monde retient son souffle. Déjà fragilisé par une crise sécuritaire, le Mali n’a nullement besoin d’une crise post- électorale dont les conséquences peuvent être dramatiques pour toute la sous –région. Comment la crise a t –elle  éclaté en Côte D’Ivoire ? Qu’est devenu l’ex  président  Laurent Gbagbo ? Un rappel (utile) s’impose pour les Maliens.

À l’approche du scrutin du 29 juillet, les craintes se font plus vives sur la tournure que pourrait prendre la présidentielle du dimanche prochain.  En effet, les préparatifs de l’élection se font dans un contexte politique et sécuritaire tendu et le fossé ne cesse de s’élargir entre la majorité et l’opposition à propos du fichier électoral. Cette atmosphère spoliée fait craindre une grave crise post-électorale comme celle que la Côte D’Ivoire avait connue en 2010-2011.

Rappel : En octobre 2010 pour sortir de la grave crise que le pays traverse depuis 10 ans, la Côte D’Ivoire organise un scrutin présidentiel. A l’issue du 1er tour, le 31 octobre, sur 14 candidats, il n’en reste que trois : le président sortant Laurent Gbagbo, l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, et l’ex-président Henri Konan Bédié qui appelle ses électeurs à voter Ouattara au second tour, le 28 novembre. Le second tour, oppose le président sortant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, ancien Premier ministre. Les deux camps s’accusent mutuellement d’intimidations envers les électeurs dans certaines régions.

Le 2 décembreYoussouf Bakayoko, président de la Commission électorale indépendante (CEI), annonce la victoire d’Alassane Ouattara avec 54,10 % des voix, contre 45,90 % pour Laurent Gbagbo, avec un taux de participation de 81,1 %. L’annonce des résultats avait été reportée plusieurs fois et aurait eu lieu après la date limite selon le Conseil Constitutionnel. Paul Yao N’Dre, nommé par le président le 8 août 2009 à la tête du Conseil constitutionnel et réputé proche de Simone Gbagbodéclare que la CEI n’avait plus l’autorité pour annoncer les résultats car la date limite était dépassée et donc que les résultats sont invalides selon N’Dre, après la date limite, seul le Conseil Constitutionnel est habilité à annoncer les résultats ; c’est en effet cette institution qui doit « trancher, le cas échéant, le contentieux électoral, et proclamer les résultats du scrutin». Après cette annonce, les militaires ferment les frontières du pays.

Le 3 décembre, le Conseil Constitutionnel déclare Gbagbo vainqueur N’Dre annonce que les résultats dans sept régions du nord sont annulés. Cela inverse les résultats en faveur de Gbagbo qui est alors crédité de 51,45 % des votes alors que  Ouattara n’a plus que 48,55 %.

L’Onu, les Etats-Unis, l’Union européenne, la France…  puis la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine rejettent cette annonce et apportent leur soutien à Alassane Ouattara. Dès lors, des affrontements éclatent entre les deux camps.

L’envoyé spécial de l’Onu en Côte d’Ivoire, Young-jin Choi, proclame la victoire de Ouattara : « Les résultats du second tour de l’élection présidentielle tels qu’annoncés le 2 décembre par la commission électorale ne changent pas, ce qui confirme que le candidat Alassane Ouattara a remporté le scrutin. »

Le 17 décembre, Nicolas Sarkozy demande à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. Le lendemain, ce dernier réclame le départ des 10.000 casques bleus et policiers de l’Onuci et des 950 soldats français du dispositif Licorne.

Ouattara prête serment peu de temps après en déclarant: « Je voudrais vous dire que la Côte d’Ivoire est maintenant en de bonnes mains ». Il reconduit Guillaume Soro comme Premier ministre. Le 22 décembre, le président de la Banque mondiale annonce que les crédits accordés à la Côte d’Ivoire ont été gelés. Plus important, le lendemain, sept ministres des Finances de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) demandent à la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) d’autoriser uniquement les représentants du président ivoirien “légitimement élu”, Alassane Ouattara, à gérer les comptes du pays.

Les avoirs de Laurent Gbagbo sont gelés le 6 janvier aux Etats-Unis, tandis que l’UE gèle les avoirs du président sortant et de 84 membres de son camp. Dès lors s’engage une bataille entre les deux rivaux sur les leviers financiers du pays. Le 24 janvier 2011, Alassane Ouattara ordonne l’arrêt des exportations de cacao dont le pays est 1er producteur mondial, espérant étrangler financièrement Gbagbo. En réaction, Laurent Gbagbo prend le contrôle de l’achat et l’exportation du cacao, le 8 mars. Le 22 février, Ouattara obtient le départ du gouverneur ivoirien de la BCEAO, proche de Laurent Gbagbo qui refusait de lui donner la signature au nom de son pays. Laurent Gbagbo ordonne alors la “réquisition” des agences en Côte d’Ivoire de la BCEAO, mais Alassane Ouattara réplique en annonçant leur “fermeture”. Cette stratégie d’asphyxie finit par bloquer le système financier du pays.

Laurent Gbagbo devant la justice

Jusqu’au 31 mars 2011, Laurent Gbagbo s’accroche au pouvoir dans la capitale, Abidjan, où Alassane Ouattara vit retranché à l’hôtel du Golf, sous protection de Casques bleus. Finalement la chute de Gbagbo s’accélère avec l’offensive-éclair des Forces républicaines de Côte d’Ivoire soutenant Ouattara, au sud et à l’ouest du pays. Le 31 mars, elles cernent la capitale : la bataille d’Abidjan débute. Grâce à l’appui des hélicoptères de la force Licorne et des Casques bleus, les armes lourdes du camp Gbagbo sont neutralisées, comme l’autorise la résolution 1975 de l’ONU.

La bataille fait rage jusqu’au 11 avril 2011. A cette date, Laurent Gbagbo et son épouse Simone sont arrêtés. Le président sortant demande «l’arrêt des armes». Le président élu prône la réconciliation et annonce des poursuites judiciaires contre son prédécesseur.

Le 21 mai 2011, Alassane Ouattara est investi devant une vingtaine de chefs d’Etat africains, le président français Nicolas Sarkozy et le chef de l’ONU Ban Ki-moon.

Le 30 novembre 2011, Laurent Gbagbo est transféré et incarcéré au centre de détention de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. En mars 2014, Charles Blé Goudé, un proche de Gbagbo, rejoint son mentor au quartier pénitentiaire de la CPI.

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Mémé Sanogo

Source: L’Aube

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