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Présidentielle 2018 : Les enseignements et le nouveau défi d’IBK

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Le processus de la présidentielle 2018 atteindra normalement son épilogue cette semaine avec l’investiture (pour un second mandat) du président sortant, large vainqueur du second tour l’ayant opposé à Soumaila Cissé. Avec près de 44% de suffrages engrangés contre moins de 18% pour son challenger, IBK confirme du coup la tendance du premier tour où les pronostics d’une compétition périlleuse ont été déjoués à la proportion des questionnements et étonnements suscités par les résultats.

– Une opposition fautive d’agressivité  anachronique

Ainsi, pour le camp adverse, le retournement spectaculaire des présages ne peut s’expliquer que par un trucage du jeu électoral, au moyen notamment d’un chapelet de pratiques illicites qu’elle continue de dérouler sur chaque tribune de la contestation : bourrage d’urnes, achat des consciences, iniquité du scrutin, violation des règles de la compétition, partialité des arbitres et autres acteurs étatiques du processus, etc. Sous la houlette de Soumaïla CIssé, les récriminations de l’opposition sont d’autant moins impressionnantes qu’il tient tout simplement d’une naïve prétention à vouloir obtenir une consultation électorale plus vertueuse avec les conditions d’organisation auxquelles tous les protagonistes ont adhéré – en dépit de l’absence de tout gage de sécurité et d’inclusivité du processus. En clair, avec une administration et des forces de sécurité très faiblement déployées dans les différentes circonscriptions électorales du Nord et du Centre, il était difficile voire impossible à tous points de vue de baliser la présidentielle des normes de crédibilité, d’équité et de sincérité avec la rigueur exigée par l’opposition malienne. Laquelle ne semblait d’ailleurs guère l’ignorer du reste. Et si elle a consenti à avaler les couleuvres en accumulant les concessions tout le long du processus électoral, c’est sans doute parce qu’elle se faisait tant d’illusions sur l’impopularité du président sortant au bilan si peu enviable. Il en résulte, en définitive, que la vague de dénonciations à laquelle on assiste repose sur des objets et motivations qui seraient amplement justifiés pendant la période préélectorale. C’est dire que l’URD et alliés semblent plutôt engagés dans une logique de transposition et d’adaptation d’une contestation préélectorale ratée dans un contexte post-électoral.

Quant aux prétentions qui sous-tendent leurs actions, elles tiennent d’une surenchère tout aussi illusoire que les attentes déçues d’une déroute du pouvoir sortant. Et pour cause, il est manifestement inimaginable qu’une quelconque pression – fut-elle par des manifestations de rue – puisse déboucher sur une inversion de positions entre les deux finalistes de la présidentielle ou une annulation du processus électoral dans son ensemble.

– Le devoir de modestie du pouvoir rentrant

Toutefois, pour grand vainqueur de la compétition qu’il soit, le président réélu ne saurait se sentir confortable au point de prétendre disposer de coudées franches face à la tournure post-électorale. Car, en dépit de son avance surdimensionnée  – tant au premier qu’au second tour – on ne peut dire que c’est sans peine ni péril que le candidat de la majorité a surplombé une complétion électorale où tous les signaux l’annonçaient difficilement victorieux à défaut d’être perdant, au regard d’un bilan mitigé aux aspérités perceptibles entre autres dans les avatars suivants : une désaffection des urnes imputable à l’accentuation de la crise de confiance entre la majorité écrasante des citoyens et le politique, un quinquennat par ailleurs marqué par une désillusion sécuritaire qu’illustre à tout le moins la grande incertitude ayant plané sur le processus électoral et partant sur la continuité institutionnelle. En définitive, le président sortant, tel un miraculé, n’a tiré profit que d’une situation qui constitue sa lacune, à savoir : l’incapacité d’organiser une consultation mesurable à celle qui l’avait installé en 2013. Ce n’est pas la seule considération qui doit lui imposer une posture plus sobre et modeste devant une situation loin de lui paraître aussi étrange. En effet, personne ne comprend Soumaila Cissé mieux qu’IBK, pour avoir été lui-même au cœur d’un épisode à peine distinct à la présidentielle de 2002, dont l’issue avait inspiré au candidat du RPM des revendications similaires de victoire volée par les mêmes procédés dont il est taxé aujourd’hui.
En plus d’un absentéisme assez criant pour nuancer son triomphe, la prise en compte des péripéties peu enviables de la présidentielle, sans forcément en rougir, devrait pouvoir inspirer au président réélu une posture conciliante à toute épreuve – démarche qu’il avait d’ailleurs enclenchée en tendant la main à son challenger.
Ce faisant, IBK se sera donné une opportunité de corriger ses mauvais tirs du quinquennat précédent où il était entré du très mauvais pied en suscitant lui-même l’avènement d’une opposition pendant que son pays n’avait jamais autant besoin de fédérer ses forces pour conjurer les démons de la scission qui le guettaient. Si tant il est que le mauvais départ de 2013 est à l’origine des négociations au rabais  avec les groupes autonomistes et leurs corollaires d’absence prolongée de l’administration, de l’armée et de l’Etat tout-court dans les zones qu’ils contrôlent -, une posture différente devrait pouvoir renverser la vapeur

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A Keïta

Source: Le Témoin

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