Si je me donne l’exercice de répertorier toutes les violations de la liberté de la presse dont le régime fait montre de nos jours vis-à-vis des médias maliens, je n’en finirai pas de les citer.
Mais retenez bien que depuis l’arrivée d’Ibrahim Boubacar Keïta au pouvoir en 2013, la presse au Mali fait l’objet de persécution de la part des tenants du pouvoir. Le président et ses commis montrent au reste du monde, dans le verbe, qu’ils ont le souci de protéger la presse dans l’exercice de son métier, mais la réalité sur le terrain est tout autre. En effet, il suffit tout simplement de publier les informations qui fâchent, notamment lorsque l’on dénonce les mauvaises pratiques, pour recevoir la visite des envoyés des politiques à domicile, à la rédaction… ils menacent, violentent. En un mot, ils se chargent de régler les comptes des journalistes qui ont la prétention de donner la bonne information, au lieu d’emboucher la trompette du dithyrambe qui les fait sortir de leur rôle de journaliste, pour les transformer en louangeurs.
Le fait récent, c’est la présence d’éléments en uniforme au siège de la radio RFM de sa majesté le Grand Saxe. Sans son réflexe doublé de ruse, le samedi dernier dans la soirée, il allait se retrouver aujourd’hui dans un endroit inconnu et dans piteux état.
Hommes de médias, société civile, acteurs politiques, tous se sont rendus à la radio afin d’empêcher le sale boulot qui était en cours d’exécution. Prises de panique, car la présence spontanée de ce beau monde n’étant pas prévue, les autorités tentent de se défendre avec un argumentaire qui laisse dormir débout. « RFM n’est pas notre cible. Nous sommes dans une opération ». Alors qu’est-ce que les trois premiers éléments en tenue civile suivis par un renfort de deux pick-up remplis faisaient devant la radio ? Pourquoi ont-ils demandé aux journalistes de la radio d’ouvrir la porte ?
Une fois de plus, le régime vient de manifester son aigreur vis-à-vis des médias qui dénoncent le système. Qu’ils se le tiennent pour dit, une autre victime comme Birama Touré ne se passera pas dans la grande famille de la presse malienne. La presse n’est contre personne. Elle dit les choses telles qu’elles se présentent, dans le plus grand souci de contribuer à la construction de la nation malienne.
Saxe a fait son boulot dans un art incomparable. S’ils ne sont pas contents des propos du Chérif de Nioro que cette radio a eu à diffuser, qu’ils aillent affronter le Saint homme chez lui, à Nioro du Sahel, pour laisser les journalistes accomplir leur rôle d’informer leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs en toute liberté.
Saxe n’est ni un usurpateur ni un criminel encore moins un pilleur des biens publics pour mériter cette descente dans sa radio, alors que ces forces que l’on mobilise à tort et à travers contre d’honnêtes citoyens pouvaient être plus utiles en procédant à l’arrestation de ces nombreux voleurs à col blanc et autres fossoyeurs de l’économie qui constituent les vrais ennemis de la République. Saxe, comme d’autres journalistes, ne fait que son travail et aucun faux démocrate ne saurait intimider la presse, laquelle se battra pour le Mali quel que soit le coup qu’il subira.
De toute façon, un jour viendra où chacun répondra de ses actes, ici-bas et dans l’au-delà car seul Dieu est si puissant pour dicter tout le temps sa loi.
Édito médias sont intimidables
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays