Accueil Afrique A la Une: nouvelle poussée de fièvre kaki en Côte d’Ivoire

A la Une: nouvelle poussée de fièvre kaki en Côte d’Ivoire

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Deux semaines après un premier mouvement de colère, certains militaires ont remis ça hier dans plusieurs villes du pays.

Le site d’information ivoirien Lepointsur ne mâche pas ses mots : « comme il fallait s’y attendre, la décision de payer 12 millions FCFA à chacun des 8.400 mutins a contribué à faire monter l’adrénaline chez les militaires dont les noms ne figuraient pas sur la liste des admissibles à cette fameuse prime. (…) Au demeurant, il est à regretter, relève Lepointsur, que le Président de la République n’ait eu d’yeux que pour des pistoleros qui ont réduit toutes les actions de négociation à des tirs d’armes lourdes et à la prise en otage de leur ministre de tutelle. Par ce choix, Alassane Ouattara a contribué à installer la chienlit au sein des Forces armées de Côte d’Ivoire. Le moins que l’on puisse souhaiter, conclut le site ivoirien, c’est de trouver au plus pressé une issue définitive à cette situation qui a terni l’embellie enregistrée au niveau du secteur économique. »

Fraternité Matin, pour sa part, lance un appel au calme : « malgré nos frustrations qui peuvent être légitimes, malgré des sentiments d’injustice qui peuvent animer certains d’entre nous, notre pays est en train de réaliser des performances économiques que l’on voit rarement ailleurs. Et quelles que soient nos frustrations et colères, nous devons absolument savoir raison garder et préserver ces acquis, estime Frat’Mat’. Il y a sans doute des correctifs à faire, plus d’efforts à fournir dans la redistribution et le partage. Cela est possible à condition cependant que l’on préserve la stabilité du pays et son attractivité. »

Une armée à double vitesse

La presse ouest-africaine, elle, concentre ses critiques sur le président Ouattara… « ADO (Alassane Dramane Ouattara) victime du monstre qu’il a enfanté », s’exclame ainsi L’Observateur Paalga au Burkina. « Cette nouvelle éruption montre, s’il en était encore besoin, que la greffe des ex-rebelles sur les forces de défense et de sécurité traditionnelles n’a toujours pas pris, plus de cinq ans après la guerre qui a installé ADO au pouvoir. En bichonnant les uns, en donnant des grades de complaisance à des sous-officiers qui ont pris l’ascenseur pour se retrouver officiers supérieurs, Alassane Ouattara, Guillaume Soro et Cie ont en réalité créé une armée à double vitesse. Les voici aujourd’hui, constate donc L’Observateur Paalga, victimes du monstre qu’ils ont eux-mêmes façonné de leurs propres mains. Et ils ne sauraient se prévaloir de leurs propres turpitudes. On pensait qu’au cours de son second mandat, qui vient de commencer, le locataire du palais de Cocody aurait les coudées plus franches pour mettre au pas les militaires, notamment les mercenaires qui l’ont fait roi. On a bien peur, avec ces mouvements perlés, qu’il n’ait plus toute la maîtrise de cette machine devenue infernale. »

Attention à « l’effet domino », prévient de son côté Le Pays. « Déjà, l’on assiste à une véritable levée de boucliers de la part des syndicats dont les revendications ont jusque-là été mises sous le boisseau. La paix sociale menace de s’effriter car l’on imagine mal comment le gouvernement pourrait désormais mettre en avant le manque de ressources pour faire le dos rond face aux revendications sociales des travailleurs ivoiriens. (…) C’est dire que c’est une période de revendications sociales tous azimuts qui s’est ouverte en Côte d’Ivoire. Et si l’on n’y prend garde, le pays risque de devenir ingouvernable. »

Des racines profondes

Justement, « Côte d’Ivoire : la marmite va-t-elle exploser ? », s’interroge le site d’information Wakatséra. En effet, constate Wakatséra, « la marmite, bourrée d’ingrédients explosifs, bout et le sifflement de la cocotte-minute pourrait bien annoncer des dégâts à la mesure du feu allumé. Car, la Côte d’Ivoire est loin d’être pacifiée, le processus de réconciliation étant visiblement en panne et les rancœurs exacerbées entre pro-Ouattara et pro-Gbagbo. Pire, en annonçant à tout vent son départ en 2020, comme l’exige du reste la Constitution, Alassane Ouattara a aiguisé les appétits et suscité une guerre de positionnements dont les règles de jeu sont inexistantes. (…) La crise est donc loin d’être la résultante de simples revendications salariales et de primes. Elle a des racines plus profondes, estime Wakatséra, solidement fixées dans la terre bourbeuse des manœuvres politiques et politiciennes. Il est plus que jamais temps pour Alassane Ouattara, qui risque de connaître une fin de mandat tumultueuse, de prendre des décisions à l’aune de la précarité de la situation socio-politique. »

 

Source: RFI

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