Le président américain Donald Trump s’est ouvertement moqué mardi soir de la femme qui accuse son candidat à la Cour suprême d’agression sexuelle, ironisant sur le manque de précision de son récit.
Christine Blasey Ford, universitaire de 51 ans, a affirmé la semaine dernière devant le Sénat –et des dizaines de millions d’Américains devant leur écran– être sûre “à 100%” d’avoir été agressée, à l’été 1982, par Brett Kavanaugh.
“J’avais bu une bière, j’avais bu une bière…”, a lancé M. Trump lors d’un meeting de campagne à Southaven, dans le Mississippi, faisant mine d’imiter le témoignage de Mme Blasey Ford.
“Comment êtes-vous rentrée chez vous? Je ne m’en souviens pas. Comment vous êtes-vous rendue sur place? Je ne m’en souviens pas. Il y combien d’années? Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas”, a-t-il lancé, sous les rires et applaudissements nourris.
“Dans quel quartier cela s’est-il passé? Je ne sais pas. Où est la maison? Je ne sais pas. Au premier étage, au rez-de-chaussée, où? Je ne sais pas. Mais j’avais bu une bière, c’est la seule chose dont je me souviens”, a-t-il poursuivi.
“Et la vie d’un homme est en lambeaux, la vie d’un homme a été brisée”, a ajouté le président américain, qui avait jusqu’ici pris soin de ne pas s’en prendre directement à l’accusatrice.
Qualifiant le juge Kavanaugh d'”être humain parfait”, le locataire de la Maison Blanche a longuement dénoncé l’attitude des élus démocrates, qu’il accuse d’obstruction.
– “Attaque ignoble” –
L’avocat de Mme Blasey Ford, Michael Bromwich, a immédiatement dénoncé sur Twitter une attaque “cruelle et ignoble” contre sa cliente.
“Est-il étonnant qu’elle était terrifiée à l’idée de parler, et que d’autres victimes d’abus sexuels le soient également?”, a-t-il poursuivi.
“Elle est un exemple remarquable de courage. Lui est un exemple de lâcheté”, a-t-il conclu.
Vendredi, depuis la Maison Blanche, Donald Trump avait adopté un ton très différent, assurant avoir trouvé le témoignage de l’universitaire “très convaincant”. “Elle m’a l’air d’être une femme très bien”, avait-t-il ajouté.
Aux États-Unis, il revient au Sénat de donner son feu vert pour les postes à vie à la Cour suprême, plus haute juridiction du pays et arbitre des questions de société les plus épineuses (droit à l’avortement, régulation sur les armes à feu, mariage homosexuel…).
Les républicains y détiennent actuellement une courte majorité, avec 51 sièges sur 100. La plupart soutiennent sans ciller M. Kavanaugh, mais trois d’entre eux ont ouvertement exprimé leurs doutes.
Et l’issue du vote, qui sera organisé au terme de l’enquête du FBI en cours, est à ce jour imprévisible.
Mardi, un peu plus tôt dans la journée, M. Trump avait estimé que les hommes se trouvaient désormais dans une situation très délicate aux Etats-Unis.
“C’est une époque vraiment terrifiante pour les jeunes hommes en Amérique, vous pouvez être coupable de quelque chose dont vous n’êtes pas coupable”, avait-il déclaré depuis les jardins de la Maison Blanche.
“C’est vraiment une période difficile”, avait-il martelé, estimant que la présomption d’innocence était trop souvent piétinée.
Sous la pression des élus démocrates et d’une poignée de républicains, le président américain a ordonné vendredi au FBI de “mener une enquête complémentaire” sur Brett Kavanaugh, au lendemain de l’audition au Sénat de son accusatrice, Christine Blasey Ford.
Les avocats de cette dernière ont regretté mardi, dans un courrier adressé au directeur du FBI, que leur cliente n’ait pas été interrogée par les enquêteurs.
Une autre femme, Deborah Ramirez, qui accuse Brett Kavanaugh d’avoir exhibé son sexe près de son visage lors d’une soirée arrosée à l’université de Yale au milieu des années 1980, a elle été entendue par le FBI.
Trump moque accusatrice candidat Cour suprême
Source: AFP