Si la majorité des citoyens n’a été ni favorable encore moins solidaire des magistrats dans leur légitime combat pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, c’est parce qu’ils n’ont pas bonne presse. Ultimes recours des faibles, les juges ont rarement dit le droit en faveur des plus démunis mêmes quand ils ont raison. La grève illimitée des magistrats et la réplique du gouvernement en faisant usage du droit de réquisitionner certains « récalcitrants » décrispera-t-il la situation ? Les hommes en robe noire et rouge s’émanciperont-ils de l’exécutif après le dénouement de la crise ?
Sous d’autres tropiques, les magistrats sont des personnalités très respectées parce qu’ils sont détenteurs des pouvoirs leur permettant de réguler la vie des citoyens et même changer le cours de l’histoire. Ils sont un des piliers les plus importants du pouvoir judiciaire. Au Mali, l’image qu’ils renvoient au citoyen lambda est tout sauf reluisante, elle est même négative. C’est pourquoi leur grève illimitée agace plus d’un malien bien qu’elle soit fondée, légale et légitime. Sans être expert en droit, il est étonnant, en tout cas si l’indépendance tant prônée est une réalité, que le pouvoir exécutif puisse sévir contre le pouvoir judiciaire avec lequel il a un lien de complémentarité. C’est parce que le second s’est assujetti au premier. La justice ne sera jamais la justice si les hommes et les femmes chargés de son animation ne sont pas désintéressés, vertueux et compétents à l’image de ceux des grandes démocraties.
On sait qu’un pays ne saurait se développer tant que sa justice n’est pas un model en termes d’impartialité et de droiture comme en atteste cette définition de la justice :
« La justice est un principe moral de la vie sociale fondé sur la reconnaissance et le respect du droit des autres qui peut être le droit naturel l’équité ou le droit positif (la loi). Elle est aussi le pouvoir d’agir pour faire reconnaître et respecter ces droits. Elle est symboliquement représentée par le glaive et la balance traduisant son double rôle d’administration des châtiments et de détentrice de la vertu morale lui permettant d’imposer son arbitrage.
Au niveau d’un Etat, la Justice est le pouvoir judiciaire qui prend la forme d’une institution ou d’une administration publique constituée d’un ensemble de juridictions chargées d’exercer ce pouvoir (Tribunaux, cours…). »
En somme, l’humiliation dont les magistrats font l’objet de la part du gouvernement est la preuve qu’ils sont dépendants de lui. Alors, pour qu’ils puissent acquérir leur indépendance, ils doivent tout d’abord prendre conscience de leur rôle et dire le droit.
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Youssouf Sissoko
Source: Inf@Sept