Donald Trump a menacé jeudi de fermer la frontière avec le Mexique pour empêcher des milliers de migrants d’Amérique centrale de gagner les Etats-Unis, relançant un de ses thèmes de campagne favoris à trois semaines des élections cruciales de mi-mandat.
“Je dois, dans les termes les plus forts, demander au Mexique de stopper cet assaut – et s’il n’en est pas capable je ferai appel à l’armée américaine et FERMERAI NOTRE FRONTIERE DU SUD!..”, a-t-il écrit sur Twitter.
Le président américain a également renouvelé ses menaces de couper les aides financières aux pays d’Amérique centrale concernés.
Le locataire de la Maison Blanche enfourche ainsi un de ses principaux chevaux de bataille, qui avait contribué à sa victoire présidentielle en 2016, à trois semaines de législatives lors desquelles les républicains pourraient perdre leur majorité actuelle au Sénat ou à la Chambre des représentants.
Environ 2.000 migrants ont quitté samedi San Pedro Sula, au Honduras, en réponse à un appel sur les réseaux sociaux.
La foule a par la suite franchi la frontière avec le Guatemala à Esquipulas (sud-est) puis s’est divisée en deux groupes se dirigeant vers la capitale.
Un autre millier de Honduriens ont de leur côté franchi mercredi la frontière avec le Salvador avec l’intention de traverser le pays pour rejoindre la marche au Guatemala.
Marcelo Ebrard, nommé ministre des Affaires étrangères mexicain par le président élu Manuel Lopez Obrador, a minimisé les propos du président américain, estimant que celui-ci jouait sur sa base électorale.
“La position du président Trump est celle qu’il a toujours tenue, et je ne le trouve pas surprenant, je serais surpris par une position différente”, a-t-il déclaré à une radio locale. “C’était prévisible et les élections sont très proches, donc il fait un calcul politique”, a-t-il ajouté.
Selon M. Trump, cette marche est “aiguillée” par les démocrates. Le milliardaire républicain accuse le parti d’opposition d’être en faveur de l’ouverture des frontières et à l’origine de lois qu’il juge laxistes.
Cet “assaut”, dénonce-t-il, est mené par le Guatemala, le Honduras, et le Salvador, “dont les leaders font très peu pour stopper le vaste afflux de personnes, DONT BEAUCOUP DE DELINQUANTS”.
“L’assaut sur notre pays à notre frontière sud, y compris les éléments criminels et les DROGUES qui affluent, sont beaucoup plus importants pour moi, comme président, que le commerce et l’AEUMC”, le récent accord commercial conclu en septembre entre le Canada, le Mexique et les Etats-Unis, a poursuivi M. Trump dans un troisième message.
Un haut responsable du gouvernement Trump a affirmé à des journalistes que cette “caravane” de migrants n’était pas “apparue” toute seule. “Il y a un aspect politique et organisationnel qui franchement vise à semer le chaos et la discorde”, a-t-il affirmé, parlant sous couvert d’anonymat.
– Immigration illégale –
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo doit se rendre jeudi et vendredi au Panama puis au Mexique. Il rencontrera jeudi le président du Panama Juan Carlos Varela, afin de discuter de la relation entre les deux pays mais aussi des “problématiques régionales dont la lutte contre les narcotiques, le terrorisme et l’immigration illégale”, précise un communiqué du département d’Etat.
M. Pompeo rencontrera vendredi le président du Mexique, Enrique Pena Nieto, dans la capitale Mexico.
Ils aborderont notamment le sujet de la lutte contre l’immigration illégale, selon le même communiqué.
Plus de 500.000 personnes traversent chaque année illégalement la frontière sud du Mexique pour tenter ensuite de remonter vers les Etats-Unis, selon des chiffres de l’ONU.
Nombre d’entre elles fuient la violence et la pauvreté au Guatemala, au Salvador et au Honduras. Durant leur passage au Mexique, elles sont souvent victimes d’abus de la part de bandes criminelles et de trafiquants d’êtres humains.
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2017, l’administration Trump a resserré sa politique migratoire. Le président républicain répète, à l’envi, vouloir construire un mur à la frontière avec le Mexique, mais il n’a pas réussi à ce jour faire voter des fonds par le Congrès pour mener à bien ce projet.
AFP