L’opposant béninois Sébastien Ajavon et trois autres prévenus ont été condamnés à 20 ans d’emprisonnement et cinq millions de francs CFA d’amende pour une affaire de trafic de drogue, dans un verdict rendu à Porto-Novo par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Aucun des prévenus n’était présent à l’audience et un mandat d’arrêt international a été émis contre eux.
Conformément aux réquisitions du parquet, Sébastien Ajavon et ses co-prévenus écopent de la peine maximale. Tous ont été reconnus coupables de « trafic international de cocaïne à haut risque ». Cette décision fait suite à la découverte, en octobre 2016, de 18 kilogrammes de cocaïne dans un conteneur destiné à l’une des sociétés de l’opposant et homme d’affaires béninois.
Relaxé au bénéfice du doute et pour absence de preuve il y a deux ans, Sébastien Ajavon pensait sans doute en avoir fini avec cette affaire, mais la Cour de répression des infractions économiques et terroristes (Criet) qui a été mise en place fin août, a repris le dossier.
« Coup monté »
L’opposant, de son côté, n’a jamais cessé de clamer son innocence et dénonce une affaire politique, un « coup monté » destiné à le faire tomber. Raison pour laquelle il a refusé de se présenter devant la justice.
« Les scellés du conteneur ont été brisés et remplacés à l’insu de la société Comon SA avant la prétendue découverte de cocaïne. La société Comon SA, pour laquelle j’étais le dirigeant, n’a eu aucune maitrise du conteneur. Je n’ai eu aucun accès aux paquets saisis ni aux analyses pratiquées. Nous avons les preuves, les huissiers sont allés, les numéros de scellés ne correspondaient pas du tout aux scellés qu’ils ont utilisés après pour refermer le conteneur », expliquait encore hier à RFI Sébastien Ajavon.
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Il ne reconnaît pas non plus à la Criet la compétence de le juger en appel. « On ne peut pas aller se présenter devant une cour d’exception qui est aux ordres, ce n’est pas possible. »
Ses avocats pointent eux de graves irrégularités dans la procédure. Ils affirment notamment ne pas avoir eu accès au dossier de leur client et avoir été empêchés de prendre la parole durant le procès. « Lorsque nous arrivons, la cour nous refuse la parole, nous muselle totalement car pour elle, nous ne pourrions, nous avocats, prendre la parole que si notre client était présent », raconte Me Marc Bensimhon, avocat au barreau de Paris.
Poursuivre la bataille
Côté partie civile, on assure au contraire qu’il s’agit d’une disposition tout à fait légale. « La cour a estimé que les conditions prévues pour que l’avocat puisse représenter son client n’étaient pas réunis parce que les clients n’étaient pas eux même présents à cette audience », estime pour sa part Charles Badou, avocat de la douane.
La défense entend bien poursuivre la bataille. Les avocats de l’homme d’affaires et opposant ont d’ores et déjà prévu d’engager un recours devant la Cour de cassation, ce vendredi dans la matinée.
RFI