Apparues dans notre pays au cours de la décennie 1990-2000, les écoles communautaires permettent non seulement à des familles à faibles revenus de scolariser leurs enfants, mais aussi de rapprocher l’école des enfants. Aujourd’hui, ces écoles communautaires connaissent d’énormes difficultés dans leur fonctionnent.
Initiées par les communautés qui prennent en charge la construction des locaux, les frais d’entretien et de fonctionnement, les écoles ont bénéficié officiellement d’un cadre réglementaire en 1994 par le décret n°94-448/PRM.
Placées sous l’autorité d’un comité de gestion, ces écoles sont des établissements privés d’éducation de base à but non lucratif ayant pour objectif de faire acquérir et de développer des connaissances instrumentales et professionnelles. Pour évoquer la question, nous avons pu rencontrer quelques acteurs du domaine.
Hamidou Diallo, le chef section école communautaire à la direction nationale de l’enseignement fondamental ? explique le bien fondé de l’initiative :“Vous savez que certains villages n’ont pas d’écoles. Ils sont distants de l’école de 5 à 6 KM. Si vous demandez aux petits enfants de faire des allers et retours entre leur village et l’école, c’est souvent des difficultés. C’est ainsi que les populations s’organisent pour créer leur école“.
Difficultés dans la gestion
Aujourd’hui, du côté de plusieurs écoles communautaires c’est un paradoxe. Les comités de gestion et les administrateurs scolaires ne parlent plus le même langage.
Adama Bagayogo, directeur de l’école communautaire de Sogoniko indique tout son regret : “Le comité de gestion de notre établissement m’a dit à plusieurs reprises que l’argent c’est pour eux, de ne pas me mêler de la gestion. C’est pour cela que je me suis mis à l’écart. Il faut qu’il sache que la direction ne peut pas fonctionner à zéro franc. Depuis la rentrée jusqu’à maintenant, le CGS ne m’a rien donné. Le directeur peut faire des copies, acheter des matériels pour l’école“, Quant aux responsables du CGS du même établissement, ils ont affirmé qu’administrativement l’école fonctionne correctement.
Dans ce secteur, certains tentent aussi de détourner ce bien communautaire en une entreprise privée. Raison pour laquelle, le 5e adjoint au maire de la Commune VI invite les chefs de quartier à veiller au bon fonctionnement de ces établissements scolaires. “Nous avons constaté qu’il y a un certain nombre d’individus qui gèrent ces écoles et qui en font une entreprise privée. Cela ne peut pas continuer. C’est une école qui aide les démunis par rapport à l’éducation de leurs enfants. Donc quelques individus ne peuvent pas s’accaparer des ressources que ces écoles génère et puis faire comme si de rien n’était”, assure Abdallah Diarra, le 5e adjoint au maire de la Commune VI.
Selon le chef de section école communautaire, mobile, écu de la direction nationale de l’enseignement fondamental, devant les multiples conflits liés à la gestion des écoles communautaires, l’Etat, à travers la lettre circulaire n°1703 MEN/SG du 29 décembre 2016, a demandé de surseoir momentanément à la création d’école communautaire. En attendant, signalons que 1764 écoles communautaires existent au Mali avec 183 437 élèves dont 103 774 filles.
S’agissant de la transformation des écoles communautaires en écoles publiques, d’énormes efforts ont été consentis par l’Etat. A en croire la Dnef, en 2014, 492 enseignants ont été intégrés à la fonction publique des collectivités. En 2015, 407 ont été intégrés. Et en 2017, 260 ont été intégrés. Au total, on compte 1159 enseignants recrutés sur un effectif de 6089.
A l’allure de l’évolution des choses, l’Etat doit plus s’impliquer pour une gestion plus efficiente des écoles communautaires.
Secteur éducation écoles communautaires perte vitesse
Zié Mamadou Koné
Source: L’Indicateur du Renouveau