Le feuilleton noir sur la Maison centrale d’arrêt (MCA) de Bamako continue. En effet, dans une de nos parutions, nous dénoncions les sanctions à l’encontre des détenus qui avaient eu le toupet d’expliquer au ministre de la Justice leurs conditions de détention à la suite de sa visite dans cet établissement ainsi que les visites payantes dont le Régisseur seul détient la clé de répartition de la caisse dans laquelle cette somme est versée.
Cette fois-ci nous allons nous intéresser à un autre aspect de la MCA pour expliquer la nécessaire réforme de cet établissement afin que le droit des détenus soit respecté et mettre fin aux abus des gardiens de prison qui traitent les pensionnaires et leurs visites comme des citoyens de seconde zone. Ainsi, les prisonniers – cette population entre les quatre murs et réduite au silence – sont victimes des agissements totalitaires d’un Régisseur qui fait et défait les lois à sa convenance. Vous convenez avec nous que tout être vivant a besoin d’un minimum d’espace de vie. Mais à la MCA tel n’est pas le cas car, dans cet établissement, hommes et bétail se partagent le même espace sans gêne. Au point que, tout visiteur averti peut s’en apercevoir : détenus et moutons font bon ménage dans une courette de la MCA.
Ces détenus n’ont qu’un seul repas (de quelle qualité et quantité d’ailleurs ?), servi entre 16 et 17 heures. Avec plusieurs individus entassés dans une cellule, en moins de 10 à 15 minutes le partage du repas prend fin par insuffisance. Ceux qui n’ont rien resteront le ventre vide jusqu’au lendemain. Or, au même moment, un troupeau de petit bétail, qui partage le même espace de vie que les personnes, est nourri avec une partie des céréales sèches (mil) et légumes destinés à l’alimentation insuffisante des ayant-droits.
Précisons que la population carcérale et les animaux sont ensemble dans la journée, ce même espace sert d’enclos, de parc et de pré à ces bêtes la nuit, quand les détenus sont dans leurs cellules. Ce qui contribue à la dégradation de l’environnement et à rendre la courette insalubre par manque d’assainissement. Faute de nourriture, de couchage, d’espace de vie et en contrepartie pléthore de l’effectif sont les corollaires de la dégradation de l’état de santé des êtres humains incarcérés à la MCA. Donc, parents et proches des personnes détenues à la MCA, apportez-leur à manger, ils meurent de faim et de malnutrition. Mais quand la MCA cessera-t-elle d’être un lieu d’élevage ? Affaire à suivre ! Boubacar PAÏTAO
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Source: Aujourd’hui-Mali