À une semaine des élections de mi-mandat, le président Donald Trump, aux fins de mobiliser l’électorat au profit du camp républicain, a promis, à travers un décret présidentiel, d’abolir le « droit du sol » aux enfants d’immigrés clandestins nés sur le sol américain. Ce, pour lutter contre l’immigration clandestine dans son pays. Il estime ridicule que les enfants nés aux Etats-Unis, de parents sans papiers, puissent disposer de la nationalité américaine. Un fait qu’il décrit comme « un danger existentiel pour les Etats-Unis ». Alors que ce fait découle des dispositions du 14ème amendement des USA.
Le 14ème amendement remonte à 1868. Après la guerre de sécession, la Constitution américaine a été modifiée pour inclure les esclaves noirs et leurs descendants dans la communauté nationale. Ce 14ème amendement stipule que « Toute personne née aux Etats-Unis est citoyen des Etats-Unis », ces citoyens deviennent des Américains à part entière. Ainsi dans la pratique, cette disposition constitutionnelle permettait d’englober tous les enfants, quelle que soit la nationalité des parents et quelle que soit la manière dont ils sont entrés dans le pays, dans la citoyenneté américaine.
Or, depuis que Donald Trump est aux affaires à la Maison Blanche, lui et son camp conservateur prétendent que cette garantie constitutionnelle ne doit pas s’appliquer à tout le monde. Mais que seuls les enfants de résidents permanents et d’Américains qui ont des papiers en bonne et due forme, devraient être américains. Ce qui prive de facto les enfants des familles en situation irrégulière nés aux USA de bénéficier du « droit de sol ».
Le populiste et quasi-raciste Trump fait ainsi des nouveaux immigrés, des boucs émissaires pour justifier l’insécurité et le chômage aux USA. Or, les faits établissent que ce sont bien des Américains de souche qui sèment la terreur ces derniers temps aux Etats Unis, que ce soit à Pittsburgh lors de l’attaque antisémite de samedi ou lors des multiples massacres au fusil semi-automatique commis au cours de l’année écoulée.
L’histoire du peuplement du continent nord-américain est pourtant indissociable de celle de l’immigration. Les populations autochtones (Amérindiens, Inuit, Aléoutes) ne constituent plus, aujourd’hui, qu’une infime minorité de la population (0,9 % en 2000). Depuis l’arrivée des premiers colons européens, au XVIè siècle, plus de 50 millions d’immigrants se sont installés aux États-Unis dont, sans nul doute, les propres ancêtres de Donald Trump. Ce sont ces colons qui ont déporté d’Afrique des esclaves noirs dans des plantations pour assurer le développement des USA.
C’est donc ce melting-pot d’esclaves noirs américains, d’immigrés européens (anglo-saxons et latinos) et de latino-américains (notamment mexicains) et même asiatiques qui est aujourd’hui à l’origine de la puissance économique et militaire de son pays. Que le président américain cesse alors d’ignorer qu’il est lui-même immigré sur le sol américain.
Toutefois, les experts de la Constitution américaine estiment que le Chef de l’exécutif américain n’est pas capable, par un simple décret, de tripatouiller la Loi fondamentale de son pays pour en changer les règles. Ce que reconnaît par ailleurs le chef de la majorité à la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan. D’autant que les droits inscrits dans la Constitution américaine ne sont susceptibles d’être modifiés que par une procédure spéciale qui doit être validée par le Congrès (Chambre des Représentants et Sénat). Ce qui a très peu de chance d’aboutir, même s’il arrivait, après les élections de mi-mandat, que le camp républicain redevienne majoritaire.
Amerik’actu Trump souvienne propres descendants étaient immigrés
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger