Mardi 6 novembre 2018. Pendant que les choses semblaient rentrer dans l’ordre, en termes de concrétisation de certains engagements contenus dans l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, notamment le démarrage effectif des opérations de désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-rebelles, ces derniers se rebiffent et posent un niet catégorique et conditionnel, en posant un préalable : ils demandent des garanties pour la réalisation de ce processus.
Que d’obstacles à rencontrer dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ! Les ex-rebelles semblent ne pas être psychologiquement prêts ou n’auraient pas confiance au gouvernement du Mali. En effet, le 6 novembre dernier, alors que le gouvernement voulait lancer officiellement à Gao le processus du Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR), les anciens combattants ont refusé de rendre leurs armes, sans obtenir des garanties de la part du gouvernement. Rappelons qu’ils sont 1600 ex-combattants membres du Mécanisme opérationnel de Coordination (MOC). Les onze stands nécessaires par lesquels les combattants devront passer pour des formalités indispensables pour leur réinsertion étaient tous déjà bien installés.
Le chargé du programme DDR à la Minusma, Samba Tall, rencontré par nos confrères de la Jeune Afrique, explique la procédure : « Le combattant arrive au site du DDR devant le premier stand, qui est celui du désarmement. Le combattant remet son arme à des Casques bleus de la Minusma, qui l’enregistrent avant de la déposer dans le magasin, puis le combattant se dirige vers les autres stands pour la suite du processus. » Notons qu’en plus de leur réintégration dans l’armée régulière, les ex-rebelles sont habilités à bénéficier des formations pouvant leur permettre de se réinsérer efficacement dans la vie civile.
Mais surprise ! Les ex-combattants ont montré l’autre face de la monnaie pendant que les choses semblaient rentrer dans l’ordre. Ils exigent des garanties leur permettant de garder leur grade une fois leur réintégration dans l’armée régulière sera effective. Outre cela, ils recommandent la prise en charge de leurs combattants blessés en 2017 à Gao lors d’une attaque à la voiture piégée. Ces conditions posées ne témoigneraient-elles pas d’un manque de confiance entre ces ex-rebelles et le gouvernement du Mali ?
En tout cas, les propos de Boubacar Touré, un membre de la Commission défense de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), rapportés par Jeune Afrique, ne nous prouvent pas le contraire : « Il n’y a pas de confiance entre nous et les militaires maliens et aujourd’hui la communauté internationale menace le gouvernement de se retirer du processus de paix. Ce sera pire si l’on bâcle les choses (…) puisque les combattants sortiront du camp [installé par le DDR, ndlr], n’étant pas contents du processus. On reviendrait alors à la case du départ ».
Un véritable coup de force ou de bras de fer règne autour de ce processus qui constitue une des obligations de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, en son chapitre 8, article 20 : « L’intégration et le DDR se déroulent au fur et à mesure du cantonnement des combattants pour, soit l’intégration au sein des corps constitués de l’État y compris au sein des forces armées et de sécurité, soit la réinsertion dans la vie civile. Le DDR concernera les ex-combattants cantonnés qui n’auront pas bénéficié de l’intégration. »
Quant aux causes de ce blocage, certains combattants pensent qu’il s’agit d’une question de manque de communication entre le gouvernement du Mali et leurs hommes. Des pourparlers improvisés à Gao ont finalement pu conduire au lancement officiel de ce processus. Il reste maintenant à savoir la période où les travaux proprement dits commenceront.
Mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale : À la concrétisation du DDR les ex-rebelles posent un Niet catégorique et conditionnel
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays