Bamako – Au moins 13 civils ont été tués dans le centre du Mali depuis le 5 décembre, a appris lundi l’AFP auprès d’un élu et d’un responsable administratif de cette région particulièrement instable où sévissent des islamistes et où s’affrontent des groupes d’autodéfense de différentes communautés.
Aujourd’hui (lundi), nous avons enterré un civil tué dimanche. Et de mercredi dernier à aujourd’hui, au moins 13 civils peuls ont été tués dans le village de Mamba”, dans la région de Mopti, a déclaré à l’AFP l’élu local, Amadou Baye.
M. Baye, à la tête de l’association “Lolamayo”, qui réunit “les peuls, les bozos et les autres ethnies de la localité de Diafarabé, à sept kilomètres de Mamba”, dans la vallée du fleuve Niger, estime que les populations sont “abandonnées” par l’Etat et à la merci de “groupes armés, notamment de chasseurs”.
“Ils tuent, volent sans hésitation. L’Etat malien doit prendre ses responsabilités et assurer notre sécurité”, a expliqué Amadou Baye.
Un responsable du gouvernorat de Mopti, la grande ville du centre, a de son côté évoqué “la mort de 14 civils près de Diafarabé” au cours “de plusieurs actions violentes survenues depuis mercredi”, sans plus de détails sur les victimes ou les auteurs.
“L’Etat, le gouvernement malien, nous-mêmes, nous faisons tout pour ramener le calme, pour arrêter les fauteurs de troubles”, a assuré ce responsable, alors que, dans un rapport publié la semaine dernière, Human Rights Watch reproche aux autorités le manque “d’enquêtes adéquates” sur les massacres et que le désarmement promis en mars par le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga n’a pas eu lieu.
Depuis l’apparition il y a trois ans dans le centre du pays du groupe jihadiste du prédicateur peul Amadou Koufa, lié à Al-Qaïda, les violences se sont multipliées entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l’agriculture. La France et le Mali ont annoncé qu’Amadou Koufa avait été éliminé lors d’une opération conjointe le 23 novembre, mais les violences n’ont pas pour autant diminué.
Ces dernières années, des confréries de chasseurs traditionnels bambaras, dites “Dozos”, et des groupes de villageois dogons se sont constituées en forces d’autodéfense. Selon des témoins cités par HRW, ces groupes lourdement armés sont accusés d’exactions envers les civils.
Ces violences communautaires ont coûté la vie à plus de 200 civils depuis le début de l’année dans le centre, dont une majorité des Peuls, selon le rapport.
Les Peuls sont soupçonnés par les Bambaras et les Dogons d’être complices des jihadistes, tandis que les Peuls reprochent à l’armée de laisser faire, voire d’encourager, les actions des groupes de chasseurs.
Source: AFP