La ministre des Mines et du Pétrole, Mme Lelenta Hawa Baba Ba, est allée faire le constat avant de prendre des mesures pour stopper cette pratique dangereuse pour les cours d’eau et les populations riveraines
Accompagnée d’une forte délégation, la ministre des Mines et du Pétrole a effectué, samedi dernier, le voyage dans le cercle de Kéniéba. Objectif : constater sur place les impacts de l’exploitation aurifère par dragage du fleuve Falémé et chercher des solutions. Le chef du département était accompagné pour la circonstance du directeur national de la géologie et des mines, Cheick G. Keita, du chef de la Cellule d’appui à la décentralisation et à la déconcentration des mines, Adama Daou et du président de la Fédération nationale des orpailleurs du Mali, Seydou Keita.
A son arrivée à Kéniéba, la délégation a été accueillie par le 1er adjoint au préfet de Kéniéba, Souleymane Coulibaly, le maire de la commune rurale de Kéniéba, Moussa Camara et le directeur régional de la géologie et des mines de Kayes, Mahamadou Camara. Ensuite, la délégation s’est rendue au fleuve, situé à une quarantaine de kilomètres de la ville de Kéniéba. Là, Mme la ministre a pu constater les énormes dégâts causés par le dragage du fleuve. Soulignons que les exploitants ont déserté le site peu avant l’arrivée de la délégation ministérielle.
Les témoignages recueillis sur le site font état de plus de 1000 dragues sur le fleuve avec utilisation à grande échelle du mercure et même du cyanure. Autre réalité : ceux qui s’adonnent à cette pratique meurtrière et illicite sont presque tous des étrangers, notamment des Burkinabés, des Guinéens, etc. A ceux-là s’ajoutent les Chinois qui utilisent les gros moyens. Rappelons que l’orpaillage par dragage est un système mécanisé, soumis aux conditions auxquelles le Code minier assujetti la petite mine, à savoir l’obtention préalable d’une autorisation ou d’un permis, délivré par le département en charge des mines. Pourtant sur le terrain, rares sont ceux qui sont en possession d’une telle autorisation.
Faisant le bilan de sa visite, la ministre des Mines et du Pétrole a pointé du doigt les dangers du dragage de nos cours d’eau. «Le fleuve Falémé représente la frontière naturelle entre le Mali et le Sénégal, Donc l’on a l’obligation d’en prendre soin et de l’entretenir», a-t-elle déclaré. Par ailleurs, compte tenu de l’importance que les plus hautes autorités accordent au secteur minier, elle a jugé impératif de mieux l’organiser.
«Les exploitants ayant des autorisations de l’administration minière ne dépasse pas neuf et sur ce nombre, une seule autorisation est valide sur le fleuve Falémé», a précisé Mme Lelenta Hawa Baba Ba, avant de faire savoir que la pollution de ce fleuve représente un gros risque à la fois géopolitique, mais aussi un manque à gagner pour la population environnante. Au nombre des conséquences de cette exploitation désastreuse du fleuve et sur l’être humain, elle a cité la pollution de l’eau par le mercure qui la rend impropre à la consommation.
«Cette eau est consommée par le poisson qui, à son retour, est consommé par l’être humain. Le mercure va s’installer dans l’être humain et à la longue, il peut provoquer des maladies dangereuses, surtout des problèmes de nerf qui sont des maladies incurables. Par ailleurs, 50 à 70% de l’extraction de l’or se fait par l’amalgamation au mercure », a expliqué Mme la ministre. La première couche impactée, selon elle, est la communauté locale. Par conséquent, les élus locaux seront chargés d’informer les populations et les dispositions nécessaires seront prises pour éradiquer cette activité, a-t-elle promis.
Par ailleurs, Mme Lelenta Hawa Baba Ba a rappelé la circulaire de 2017 visant à suspendre l’orpaillage par dragage, vu sa prolifération, le plus souvent sans autorisation. Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité des efforts conjoints de la communauté en vue d’un changement de comportement. Tout sera mis en œuvre pour accompagner ces exploitants en termes d’équipements matériels et de mesures de proximité, a-t-elle ajouté. Pour terminer, la ministre des Mines et du Pétrole a lancé un appel à l’ensemble des départements ministériels concernés par la question car c’est ensemble que la solution sera trouvée.
De son côté, le maire de la commune rurale de Kéniéba s’est réjoui de la venue de la délégation pour constater l’état de dégradation du fleuve afin d’apporter des solutions. Cependant, Moussa Camara a fait savoir que l’effectif des forces de l’ordre à Kéniéba est insuffisant pour maintenir l’ordre sur le site. Il a donc sollicité l’accompagnement de l’Etat pour venir à bout du fléau.
Amadou GUÉGUÉRÉ
Source : Essor