Le président sortant Alassane Ouattara laisse toujours planer le doute sur un nouveau mandat… D’autres sont dans les starting-blocks. En tout cas, le nouveau parti présidentiel, qui a des airs de déjà vu, est sorti des fonds baptismaux ce week-end : le RHDP, issu de la fusion du RDR, le parti présidentiel, et de ses formations politiques alliées.
« Ce RHDP de 2019 s’appuie sur les résultats des dernières élections locales pour affirmer qu’il est en mesure de gagner l’élection présidentielle de 2020 », relève L’Intelligent à Abidjan. Mais « avec quel candidat ?, s’interroge le journal. Alassane Ouattara n’a pas fermé la porte à une troisième candidature. Henri Konan Bédié sera-t-il candidat ? Guillaume Soro, qui n’a pas été présent à ce congrès du RHDP, et dont une démission de la vice-présidence du RDR reste inconnue, sera-t-il candidat en 2020 ? Laurent Gbagbo reviendra-t-il dans le jeu électoral ? » Pour l’instant, mystère…
Soro se positionne…
En tout cas, Guillaume Soro semble sortir du bois avec cet entretien accordé au site d’information L’Afrique Aujourd’hui, entretien repris par de nombreux autres médias ivoiriens.
En effet, « je serai candidat en 2020, ce n’est plus négociable !, affirme-t-il. Comme Macron en France, on va renverser les tables et les chaises en Côte d’Ivoire, bousculer la classe politique vieillissante et changer de génération », s’exclame encore Guillaume Soro, car « pas un seul Ivoirien, poursuit-il, ne veut revivre en 2020 le scénario de 2010 avec Gbagbo, Bédié et Ouattara qui a dégénéré en guerre civile ».
Et L’Afrique Aujourd’hui de commenter : « en deux mots : place aux jeunes ! (…) On le croyait marginalisé et pratiquement ‘hors course’, mais il s’apprête à rebondir de manière spectaculaire. »
Cocktail explosif ?
En tout cas, s’inquiète Ledjely en Guinée, « on sent déjà les tensions en perspectives. Entre ADO et Bédié, la guerre est ouverte. Les échanges peu amicaux que les deux ont eus ce week-end en sont l’illustration parfaite. Par ailleurs, Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale demeure un jeune loup aux dents longues et aux agissements imprévisibles. Quant à Laurent Gbagbo, avec l’éventualité de sa sortie de prison, il pourrait jouer les trouble-fêtes. Autant dire un cocktail suffisamment explosif, s’exclame le site guinéen, dans un pays où le feu couve toujours sous la cendre. Pourtant, il n’y a pas que ces risques à court terme qui devraient préoccuper. A 77 ans révolus, si Alassane Ouattara décidait de briguer un nouveau mandat en 2020, l’option intégrerait le risque qu’il finisse ses jours au pouvoir, sans avoir sereinement préparé une succession. Comme cela s’est passé dans de nombreux pays, ce serait alors la porte ouverte à toutes les incertitudes. »
Une dague derrière le dos…
« Place à la reconfiguration du champ politique ivoirien et à l’apparition de toutes les hypothèses possibles, s’exclame Aujourd’hui à Ouagadougou. Oui, les cartes sont rebattues pour ne pas dire mélangées en Côte d’Ivoire, avec la probable libération de Laurent Gbagbo d’ici le 1er février prochain. C’est presqu’une pré-veillée d’armes et chaque camp prône l’apaisement, le fair-play, avec comme une dague derrière le dos. Il reste environ une année avant la présidentielle. Les coups, les tractations, les manigances jalonneront les prochains mois. Les actes forts aussi. »
Nouvelle génération ?
En fait, complète Le Pays toujours au Burkina, « on pourrait bien assister à un remake de 2010 en 2020. Et cela laisse présager une présidentielle croustillante et épique où s’affronteront les trois grands Eléphants de la scène politique ivoirienne. Il faut donc souhaiter que les thématiques nauséeuses liées à l’ethnie et à l’ivoirité ne fassent pas leur retour. Car, les Ivoiriens et les Ivoiriennes en ont trop souffert. Et toutes les plaies liées à ce traumatisme ne sont pas encore cicatrisées. Loin s’en faut. L’idéal, conclut Le Pays, serait donc qu’Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo aient la sagesse de se retirer pour permettre à une nouvelle génération de prendre le relais. Mais le problème, c’est que ces trois personnalités s’apparentent à des divinités. Or, les divinités, surtout sous nos tropiques, ne se reposent jamais. »
Source: RFI