Accueil Afrique L’Afrique et le monde : Quand l’inhumain génère l’humain !

L’Afrique et le monde : Quand l’inhumain génère l’humain !

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L’histoire de l’Afrique est celle de la colonisation de telle sorte qu’évoquer son histoire sans parler de celle-ci, c’est ne rien faire. Que nous décidions de parler des causes du développement économique, social, politique, éducatif, spirituel, et même du retard de l’avènement du numérique sur cette partie du monde, nous sommes tenus de le faire à partir de la colonisation qui constitue un tournant décisif pour l’Afrique. Tous les problèmes de ce continent relèvent de ce phénomène déshumanisant parce que ayant nié en l’Africain toute humanité, mais lui ayant reconnu l’Afrique comme berceau de l’humanité. L’inhumain a donné naissance à l’humain. Quel miracle !

Ce qu’est la colonisation ?

La colonisation est un processus économique d’enrichissement fondé sur l’exploitation d’autres contrées appelées colonies. C’est dans cette mesure que nous trouvons cette définition sur Wikipédia : « La colonisation est un processus d’expansion territoriale et/ou démographique qui se caractérise par des flux migratoires, l’invasion, l’occupation et l’exploitation d’un espace géographique, la mise sous tutelle et la domination politique, culturelle, religieuse et économique, voire le génocide, des populations qui s’étaient établies préalablement sur ce territoire.»

La colonisation constitue une domination physique, économique, spirituelle, culturelle d’une nation par une autre. Au sens large du terme, c’est une forme d’exploitation de l’homme par l’homme. À cet effet, nous  dirons  qu’elle est tout simplement une idéologie. Le colonisateur ou encore le colon impose son idéologie sur le colonisé qui devient dès lors son cow-boy et qui était  tenu d’obéir à ses obligations s’il veut continuer à vivre. Alors, elle constitue le premier facteur ayant mis en retard le continent africain sur plusieurs plans et surtout en ce qui concerne l’explosion du numérique puisque ceux qui devraient faire le bonheur de l’Afrique, qui devraient travailler pour son développement ont été victimes de ce phénomène.

La colonisation a coûté à l’Afrique plus de 20 millions de déportés hommes, femmes et enfants. Le colonisateur s’intéressait aux bras valides aptes à bien travailler. En conséquence, toutes les richesses furent transférées vers la métropole. Au lieu que ces Hommes travaillent pour la construction de leurs pays respectifs, ils travaillaient plutôt pour le colon. Les intellectuels furent au service de la métropole et surtout qu’il y avait peu d’intellectuels dans  le continent. Ces intellectuels qui devraient se battre pour la reconnaissance de leurs droits occupaient les services coloniaux.

L’imposture du colonisateur

Le colon fut un imposteur puisqu’il est arrivé avec la mentalité qu’il a un devoir à accomplir,  à savoir la civilisation des Africains considérés comme des fétichistes. L’Africain est vu comme un barbare, un sauvage, un sorcier, et pour l’intellectuel allemand Hegel, l’Africain est un « être hybride » et l’Afrique n’est pas rentrée dans l’histoire. Autrement dit, elle est au seuil de l’histoire. Quant à ses habitants, ceux-ci ne sont pas dotés d’une raison. Alors, ils sont bruts et de ce fait, impossibles pour eux de réfléchir puisque leur raison n’est pas encore trop développée.

En conséquence, le colon se donne pour devoir de les civiliser, de les faire participer à l’histoire, de les rendre raisonnables, humains comme s’ils ne l’étaient pas. C’est la raison pour laquelle lors du passage d’Emmanuel Macron à Alger en 2017 à l’occasion des campagnes présidentielles françaises, ce dernier a  déclaré haut et fort l’inhumanité de la colonisation. La colonisation a été une grosse erreur dans l’histoire de la France ; une erreur qu’elle doit corriger, a-t-il laissé entendre. Cependant, malgré la présence des droits de l’homme, certains continuent à penser que l’Afrique ne mérite que la colonisation puisque l’Africain est dépourvu de toute raison. Cela a été soutenu en 2007 par Nicolas Sargozy lors de son passage à l’université Cheick AntaDiop de Dakar où il  a fait exprès de reprendre les propos d’Hegel sur l’Afrique et les Africains.

Les Africains dans l’inféodation

Le pire dans toutes ces problématiques a été que même après le départ du colon, les Africains se trouvent dans une sorte d’inféodation. Des prophètes de malheur reprennent les mêmes idées de leur maître incontestable. Parmi ceux-ci, nous avons Aimée Césaire qui critique les Africains comme étant des hommes incapables, des hommes n’ayant rien créé de bon ; ni canon, ni boussole, ni poudre, des mangeurs d’hommes tout simplement. Mais ce que Césaire oublie, c’est que l’occident acquiert toute sa science auprès du continent africain et surtout d’Égypte qu’il tente d’écarter de l’Afrique. Égypte est le berceau de la science.

L’Égypte, berceau de la civilisation mondiale

Tous les scientifiques, tous les grands savants ou intellectuels de l’Antiquité ont été s’imprégner des connaissances égyptiennes avant de mettre en œuvre leur doctrine. Les Égyptiens ont été les premiers à pratiquer la momification, l’arithmétique, etc. Les sciences égyptiennes étaient les plus développées pendant l’Antiquité. Ce développement des sciences dans cette contrée s’explique surtout par des besoins agricoles, mais aussi par la conception qu’ils se faisaient de la vie. Ce développement des sciences dans cette contrée s’explique surtout par des besoins agricoles, mais aussi par la conception qu’ils se faisaient de la vie. Outre cela, ils s’en servaient pour élaborer des calendriers qui leur permettaient de maîtriser le cycle des saisons. C’est dans cette mesure que certains historiens trouvent que les Égyptiens ont été les premiers à comprendre la rotation des saisons.

En ce qui concerne la médecine, leur talent n’est pas à contester puisque ce sont eux qui sont les premiers à faire de la momification qui a été pour eux un procédé leur permettant de conserver les corps des morts. Dans le domaine de la philosophie, pour que le mot philosophie soit découvert, il a fallu attendre que son inventeur, Pythagore, s’imprègne de toute la connaissance égyptienne pour ensuite se déclarer « philosophos», c’est-à-dire un amoureux de la science.

Par ailleurs, c’est regrettable d’entendre de la bouche de tous ces missionnaires envoyés en Afrique dire qu’il n’y a pas de philosophie en Afrique et d’apprendre  de ces mêmes personnes qu’il existe une philosophie, mais à l’état inconscient. Comment pouvons-nous digérer cela ? Comment exprimer des choses inconsciemment ? Cela n’est pas possible, s’il y a une philosophie dans la manière de vivre des Africains, c’est qu’ils l’expriment de façon consciente. La philosophie est-elle l’expression d’une culture ?

Comme Towa, nous admettons l’inexistence d’une philosophie nationale. La philosophie est une discipline et comme toutes les autres disciplines, elle possède ses propres critères. Pourquoi appellent-ils leur mentalité sur les Africains de philosophie ? Nous répondrons tout simplement en disant que c’est des manières pour eux de se moquer des Africains et de leurs cultures. L’Afrique a ses propres philosophes qu’eux ignorent, nous avons Cheick AntaDiop, Mamadou Lamine Traoré, Cheick Hamidou Kane, Amadou Ampaté Bâ, Achille Bembé, etc. Leur philosophie n’a pas d’égale dans l’histoire de la pensée. Entrez en Égypte, vous trouverez assez de conceptions philosophiques, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Cameroun, etc. Alors, ils font preuve d’une ignorance profonde de l’histoire de la philosophie africaine.

Outre tous ceux-ci, il faut également souligner que l’Afrique est le berceau de l’humanité et de la civilisation mondiale. Les premiers hommes sur terre furent les noirs, l’humain a vécu pour la première fois en Afrique. Le noir constitue l’ancêtre de toutes les autres couleurs vivantes dans le monde. Alors, l’affaire devient comme un enfant qui dit que son père n’est pas civilisé et que c’est à lui de le civiliser, de l’humaniser puisqu’il est un barbare, un sauvage, un sorcier. Or, quand le père est bête, c’est que l’enfant l’est également. Un animal donne naissance à un animal et jamais à un humain. Alors, l’ancêtre étant sauvage, les descendants le seront sûrement. Par conséquent, le colon tombe dans ce paradoxe qu’il n’a jamais aperçu. En critiquant les Africains par tous les mots, il se réserve le droit de se critiquer lui-même. En conséquence, nous arrivons à la conclusion que la civilisation dont il nous parle n’est qu’un mirage qui n’a jamais existé puisqu’il n’y a dans le monde que des hommes sans raison. Un père ou une mère sauvage ne peut donner naissance qu’à des enfants sauvages qui l’imiteront.

Quand les intellectuels africains trahissent l’Afrique

Par ailleurs, on veut mettre dans des oubliettes tous ces faits pour se cramponner sur des idées infondées. D’ailleurs ce qui est regrettable une fois de plus dans tous ceux-ci, c’est la reprise de cette supériorité congénitale du colon au noir par ceux qu’on considère comme étant nos grands intellectuels comme Senghor qui professait que la raison est Hélène et que l’émotion est nègre. Le noir n’est qu’un être émotif, un être qui agit par pure émotion, qui se laisse conduire par des sentiments injustifiés. Ces propos de Senghor en tant que grand intellectuel porte atteinte à sa personnalité puisqu’en réalité, nous ne voyons rien de mal dans l’émotion en tant que telle. L’émotion est factrice de création. Il faut être animé au fond par un feu intérieur qui te brûle et te pousse vers des choses inimaginables. Aucune grande découverte ne s’est faite sans l’apport de l’émotion. Alors, l’émotivité est d’ailleurs un signe d’humanité. D’ailleurs, c’est cette même émotion qui a poussé lui, Senghor, à croire à ces jolis propos de ses maîtres. Il est lui-même l’exemple frappant. Après tant d’années parmi ses anciens bourreaux, il s’est émerveillé devant leur façon de vivre et par conséquent s’en est acquis pour s’en servir contre lui-même. Ce qui ne lui est pas pardonnable est surtout le paradoxe dans lequel il se permet de tomber en tant que grand intellectuel. Ce paradoxe consiste au fait d’ignorer que la raison est vaine sans l’apport de l’émotion. La raison analyse, mais c’est l’émotion qui montre. Alors, les deux doivent se compléter et non se séparer.

Les Africains sous l’effet du syndrome de Stockholm

Alors, l’Afrique est sous l’effet d’une colonisation spirituelle, à laquelle nous avons de la peine à nous détacher. En effet, des Africains continuent à reprendre les mêmes idées par la suite à savoir surtout que l’Africain ne pourra jamais égaler ses anciens maîtres, que l’Afrique est condamnée à rester esclave, c’est-à-dire dans l’exploitation. L’Africain, pour eux, n’a rien fait de bon, n’a rien créé. Les anciens maîtres sont d’ailleurs considérés comme plus intelligents que nous. En fait, l’Africain est atteint par le syndrome de Stockholm qui explique le fait qu’il aime plus son bourreau, le considère comme étant celui qui lui fait plus de bien que de mal.

Cette colonisation physique, psychologique, économique, culturelle a assez coûté aux noirs qui ont toujours de la peine à se détacher d’elle. Les préjugés faits sur leur personne ou sur leur race continuent de les marquer indéniablement et ils sont incapables de se défaire de ces images négationnistes des autres sur lui et en conséquence, ils tombent dans l’inféodation, ils répètent à la suite du colon ces négationnismes servant à discréditer sa personnalité d’être noir.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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