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Crise vénézuélienne : Maduro sera-t-il victime du même sort que Saddam ou Khadafi ?

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Imaginez que les plus hautes autorités chinoises appellent les « Gilets jaunes » à prendre les rues de Paris et des grandes villes françaises. Imaginez que la Russie décide de ne plus reconnaître le président Macron et déclare que le nouveau président français légitime est Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. Imaginez que l’Iran finance et arme des groupes paramilitaires pour mettre le pays à feu et à sang. Comment appelleriez-vous cela ? Peu importe l’opinion que vous ayez de M. Macron, seriez-vous prêts à accepter pareille ingérence étrangère dans les affaires de notre République ? Situation incongrue ? Et pourtant c’est exactement ce qui est en train de se dérouler au Venezuela.

On ne pourra pas dire que le scénario n’avait pas été annoncé. Dès le 8 janvier 2019, deux jours avant la prestation de serment de Nicolas Maduro, l’Assemblée nationale du Venezuela avait voté illégalement une loi sur la transition dans le but de s’emparer du pouvoir exécutif. Les USA et leurs alliés du groupe de Lima s’étaient alors empressés de soutenir cette initiative putschiste. Rappelons avant d’aller plus loin que l’Assemblée nationale est en situation dite d’outrage judiciaire depuis près de deux ans. Après l’élection des députés en décembre 2015, une plainte avait été déposée par les candidats du PSUV dans l’Etat d’Amazonie pour achat de voix de la part de leurs opposants élus. La justice avait sanctionné par la suite cette fraude et le tribunal du pouvoir électoral a exigé que l’élection à ces trois postes de députés soit refaite. La présidence de l’Assemblée nationale ayant refusé de se plier à cette décision. L’Assemblée nationale a donc été déclarée en «outrage judiciaire».

Les décisions et votes qui émanent du pouvoir législatif sont donc nuls et non avenus tant que la présidence de l’Assemblée nationale n’autorise pas le retour aux urnes. Précisons que l’opposition détient une majorité absolue de 122 députés sur 167 sièges. Cette assemblée législative en insubordination est donc devenue un pouvoir législatif parallèle. C’est pourtant depuis cette instance que s’est préparée la tentative de coup d’Etat institutionnel à laquelle nous assistons actuellement. Le 22 janvier 2018, alors que se préparaient plusieurs manifestations à Caracas, le vice-président américain, Mike Pence, a appelé les Vénézuéliens à se soulever contre le gouvernement légitime. Ceci montre bien que les organisations politiques d’opposition sont tellement délégitimées que Washington doit désormais se passer d’intermédiaire pour appeler directement les citoyens vénézuéliens et l’armée à renverser Nicolas Maduro, et in fine à défendre ses intérêts. Le jour suivant, comme il fallait s’y attendre, dès que Juan Guaido s’est arrogé illégalement le pouvoir exécutif, la Maison Blanche «reconnaissait officiellement le président de l’Assemblée nationale comme président intérimaire du Venezuela». Une poignée de pays latino-américains, inféodés à Washington, suivront l’ordre de Trump de reconnaître son gauleiter vénézuélien.

La constitution de pouvoirs parallèles n’est pas une nouveauté. Dès 2017, l’opposition a créé une Cour Suprême parallèle (basée au Panama) et un poste de procureur général de la Nation (basé en Colombie). Désormais, avec l’usurpation du pouvoir exécutif par une Assemblée nationale en outrage judiciaire, nous sommes face à la construction de pouvoirs publics illégitimes, reconnus par les Etats-Unis, le Canada et leurs vassaux latino-américains. Ces instances ne pouvant évidemment pas coexister avec les pouvoirs légitimes, on va sans aucun doute assister à une recrudescence des violences dans le pays bolivarien. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il faut interpréter le refus de Washington d’obtempérer à l’ordre d’expulsion de ses diplomates de Caracas, annoncé immédiatement par le président Maduro.

Ce scénario fait écho à la situation qui a précédé les guerres de Libye et de Syrie. La constitution de gouvernements parallèles, que ce soit le Conseil national de transition libyen ou le Conseil de salut national syrien, avait été une prémisse nécessaire aux bombardements ou aux déferlements de mercenaires contre ces pays. Dans la nuit du 23 au 24 janvier, des bandes de délinquants armés ont fait régner la terreur dans certains quartiers de Caracas en tirant sur tout ce qui bougeait et en affrontant la police. Il faut rappeler ici que l’Assemblée nationale qui est aujourd’hui l’instrument principal de la tentative de coup d’Etat institutionnel a approuvé toutes les sanctions économiques décidées depuis Washington contre son propre peuple. Pire, le 8 janvier 2019, elle a préparé le saccage du pays en autorisant la création d’un fond de récupération des actifs de la République bolivarienne du Venezuela.

Masquant ses desseins derrière la lutte anti-corruption, l’Assemblée nationale autorise les pays étrangers à congeler les actifs de leur propre nation. Là encore, cela nous renvoie à la stratégie déployée en Libye et au gel des actifs de ce pays. Washington et ses alliés peuvent compter sur des bandes de mercenaires, recrutés pour semer la violence dans le pays. Outre les paramilitaires colombiens, très actifs sur la frontière colombo-vénézuélienne, le président Maduro avait dénoncé, le 28 novembre 2018, la présence de 734 mercenaires sur les bases militaires d’Eglin en Floride et de Tolemaida en Colombie. Leur but, selon lui, étant d’agresser le Venezuela ou de préparer une attaque sous faux drapeau dans l’objectif de justifier une intervention militaire contre la nation bolivarienne. A court terme, l’issue de l’épreuve de force à laquelle nous assistons ne peut être que, malheureusement, violente. Ni le pouvoir légitime de Nicolas Maduro ni les instances factices créées par ses opposants ne reculeront ni n’entameront de dialogue dans l’immédiat. Si dans n’importe quel pays, Juan Guaido et les députés félons se retrouveraient derrière les barreaux, le Venezuela doit composer avec les menaces proférées par les Etats-Unis. Le président Trump a en effet déclaré que l’option militaire contre le Venezuela restait d’actualité («toutes les options sont sur la table»). Quant au département d’Etat, il a d’ores et déjà annoncé qu’il préparait l’envoi «d’une aide humanitaire» pour répondre à la demande de Juan Guaido.

Le gouvernement de Nicolas Maduro, qui se bat pour que le blocus financier contre son pays soit levé, n’acceptera jamais que, sous le prétexte «d’aide humanitaire» les USA débarquent. Cette provocation s’inscrit dans le cadre d’une stratégie planifiée d’intervention énoncée dès le 28 octobre 2015 par l’ancien Commandant du South Com, John Kelly. Face à cette escalade de la tension, il ne manque plus qu’un détonateur pour justifier une aventure guerrière. Rappelons-nous les mensonges médiatiques qui ont précipité l’Irak, la Serbie, la Libye ou la Syrie dans l’abîme destructeur de la guerre : la destruction de couveuses au Koweït, le massacre de Raçak, les bombardements de manifestations à Benghazi ou la torture d’adolescents à Deraa ont tous été le prélude nécessaire pour légitimer des massacres au nom de la «défense de l’Humanité».

L’opinion publique internationale pourrait être encore une fois victime, dans les prochaines semaines, d’une opération d’intoxication médiatique dans le but de justifier une opération militaire contre le Venezuela. Bien que le scénario vénézuélien ressemble à s’y méprendre à ceux déployés au Machrek, il subsiste des différences de taille. D’une part, l’armée vénézuélienne continue de soutenir la Constitution de son pays, la souveraineté de sa nation et la République. Si vingt militaires ont été arrêtés le 21 janvier, pour avoir tenté de s’approprier un dépôt d’armes, les dizaines de milliers de soldats et les centaines de milliers de réservistes n’ont pas manifesté de velléités putschistes. Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, a rappelé que les Forces armées nationales bolivariennes défendaient la Constitution tout en étant garantes de la souveraineté nationale. D’autre part, la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Turquie, l’Iran, l’Afrique du Sud et une immense majorité de pays dans le monde reconnaissent la légitimité du président Maduro.

Pékin a apporté son soutien au gouvernement vénézuélien dans «ses efforts pour maintenir sa souveraineté». Le Kremlin a, pour sa part, assuré Caracas de son soutien pour «faire respecter la souveraineté du Venezuela». Il est vrai que l’opposition vénézuélienne a tout fait pour radicaliser les alliés de la Révolution bolivarienne. En clamant haut et fort que les lignes de crédits autorisées par la Chine et la Russie ou les accords économiques signés par le président Maduro ne seraient pas reconnues par «leur gouvernement», les opposants ont de facto internationalisé le conflit vénézuélien. Pékin, Moscou ou encore Ankara sont désormais indirectement visés par les desseins anti-démocratiques de l’opposition vénézuélienne. Une intensification du conflit actuel ou une aventure militaire aurait des répercussions bien au-delà des frontières du Venezuela. Cette guerre froide pourrait bien se réchauffer sous le soleil caribéen. Il appartient désormais à tous les défenseurs de la paix de se mobiliser contre une intervention et pour une solution politique à cette nouvelle offensive contre la Révolution bolivarienne. Ne laissons pas les promoteurs de la guerre se vautrer dans un sang qui n’est pas le leur.

Sambou Sissoko

Des vérités à faire valoir sur la légitimité du Président Maduro

Que Maduro nous plaise ou non, voici les faits. Nous espérons que nous pourrons nous en tenir à eux avant d’émettre un avis. Pour aider à la compréhension de nos concitoyens, démontons les mensonges répandus par nos gouvernants et les médias à propos du Venezuela : 1. Il y a eu des élections présidentielles. Elles ont eu lieu le 20 mai 2018, c’est-à-dire avant le 10 janvier 2019, date à laquelle, conformément aux articles 230 et 231 de la Constitution, expire le mandat présidentiel 2013-2019. La constitution était violée si les élections s’étaient tenues après le 10 janvier 2019, ou pire encore, si elles n’avaient pas eu lieu. 2. C’est l’opposition vénézuélienne qui a demandé l’avancement des élections. Elles ont eu lieu en mai et non en décembre, comme c’était traditionnellement le cas, car c’est l’opposition qui a demandé, dans le cadre du dialogue en République dominicaine, qu’elles aient lieu au premier trimestre de 2018. 3. Au Venezuela, le vote est un droit, ce n’est pas un devoir. Ceux qui librement, bien qu’influencés par des organisations politiques non démocratiques qui ont appelé à l’abstention, ont décidé de ne pas voter, ont agi de plein droit, mais se sont tenus en dehors du processus électoral, ce qui ne le rend pas pour autant illégitime. Cela ne peut donc pas, et à plus forte raison, impliquer d’ignorer et de manquer de respect aux 9 389 056 qui ont décidé de voter et d’exercer leur droit de vote démocratiquement. 4. 16 partis politiques ont participé à la course électorale (PSUV), (MSV), (Tupamaro), (UPV), (Podemos), (PPT), (ORA), (MPAC), (MPE), (PCV), (AP), (MAS) (Copei) Espoir de changement, (UPP89). Au Venezuela, la participation de tous les partis politiques au processus électoral n’est pas obligatoire. Ils ont pleinement le droit de décider de participer ou non. Justement parce que notre système est démocratique. Le fait que trois partis (AD, VP et PJ) aient librement décidé de ne pas participer ne rend pas illégitime le processus électoral.5. 6 candidats se sont présentés : NicolásMaduro, Henri Falcón, Javier Bertucci, ReinaldoQuijada, Francisco Visconti Osorio et Luis Alejandro Ratti (les deux derniers ont décidé de se retirer). 6. Maduro a gagné avec une large marge avance, obtenant 6248 864 voix, soit 67,84% ; Henri Falcón suivait avec 1 927 958 et 20,93% ; Javier Bertucci avec 1 015 895 et 10,82% et enfin ReinaldoQuijada qui a obtenu 36 246 voix, soit 0,39% du total. La différence entre Maduro et Falcón était de 46,91 points de pourcentage.7. Quelques 150 personnes ont accompagné le processus électoral, dont 14 commissions électorales de 8 pays ; 2 missions techniques électorales ; 18 journalistes de différentes parties du monde ; 1 Euro-parlementaire et 1 délégation technico-électorale de la circonscription électorale centrale de Russie.8. Les élections se sont déroulées selon le même système électoral que lors des élections législatives de décembre 2015, remportées par l’opposition vénézuélienne. Système automatisé et soumis à des audits avant, pendant et après les élections. Système garantissant les principes “un électeur, un vote” car seule l’empreinte digitale permet de déverrouiller la machine à voter ; et garantit le “secret du vote”.9. 18 audits ont été effectués sur le système automatisé. Les représentants du candidat Henri Falcón ont participé aux 18 et ont signé le procès-verbal dans lequel ils ont exprimé leur accord avec le système électoral. Les audits sont publics et télévisés en direct sur la chaîne du Conseil électoral national. Une fois les audits terminés, le système est bloqué et le seul moyen d’y accéder à nouveau est d’introduire simultanément les codes secrets de chaque organisation politique.10. Aucun des candidats ayant participé au processus électoral n’a contesté les résultats. Il n’y a aucune preuve de fraude, ils n’ont présenté aucune preuve ou plainte spécifique de fraude. Les élections présidentielles du 20 mai 2018 ont été libres, transparentes, fiables, sûres et conformes à la Constitution et aux lois, en dépit de l’appel antidémocratique à l’abstention de la part d’un secteur de l’opposition. Il y en a d’autres qui prétendent usurper la présidence de la République avec l’argument d’un prétendu vide de pouvoir, figure juridique qui n’est pas prévue dans notre Constitution, et la mise en place d’un “gouvernement de transition”, figure juridique qui n’était même pas prévue dans la Magna Carta. Comme si cela ne suffisait pas, ils entendent exercer leur pouvoir hors de nos frontières, en violation de l’article 18 de la Constitution qui dispose que Caracas est le siège des pouvoirs publics. Donc, les faits montrent qu’il y a d’autres usurpateurs, illégitimes et non démocratiques. Il est illégitime, et c’est une tentative d’usurpation, que certains secteurs de l’opposition aient l’intention de continuer à recevoir le soutien de la part des secteurs étrangers des gouvernements impérialistes, avec pour but d’exercer une autorité que ni le peuple ni la Constitution ne leur confère.

S.Sissoko

Source: Le Démocrate

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