Au Cameroun, Maurice Kamto et d’autres cadres de l’opposition sont en détention provisoire. Le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a été inculpé de «rébellion», «insurrection» et «hostilité contre la patrie», mardi 12 février 2019 par le Tribunal militaire de Yaoundé.
Cette journée aura été longue pour Maurice Kamto et ses camarades. Arrivé au tribunal militaire en début de soirée sous bonne escorte, il a été formellement inculpé, lui et tous les principaux dirigeants de son parti, alors que la nuit était largement entamée dans la capitale camerounaise.
Maurice Kamto, mais aussi Penda Ekoka, président de l’association Agir, Célestin Djamen et Alain Fogué, respectivement membre du directoire et trésorier du MRC, Albert Dzongang, président du parti allié La Dynamique, seront jugés pour hostilité contre la patrie, insurrection, outrage contre le président, entre autres. Des charges lourdes, dont certaines sont passibles de la peine de mort.
Près de 200 militants et sympathisants massés à l’extérieur des grilles
Ils ont été immédiatement placés en détention provisoire à la prison principale de Yaoundé. Les 145 autres personnes arrêtées après les manifestations interdites du 28 janvier dernier ont aussi progressivement été notifiées au cours de la même nuit de leur sort. Cette audience s’est déroulée quasiment à huis clos, le tribunal n’ayant toléré pour seule présence que celle des avocats des prévenus.
Près de 200 militants et sympathisants se sont massés à l’extérieur des grilles, mais ils ont finalement été dispersés par les militaires en faction. Pour Emmanuel Simh, avocat des prévenus joint par RFI, cette procédure judiciaire relève du règlement de compte politique.Lorsqu’on dit qu’on met une personne en prison, le président d’un parti politique, pour avoir organisé une manifestation politique, je me demande à quoi sert un parti politique, s’il ne peut plus manifester dans la rue des opinions politiques. Voilà. Pour nous, ces gens sont des otages du régime, qui essaie d’éliminer un adversaire politique, en utilisant la justice. C’est un colonel de l’armée camerounaise qui joue le rôle de juge d’instruction et c’est lui qui les inculpe. Tous les traités internationaux prescrivent de manière claire que les tribunaux militaires ne peuvent pas juger des personnes civiles. Nous pensons que la justice est purement et simplement instrumentalisée par le pouvoir de Yaoundé, qui, ayant échoué à donner aux Camerounais de meilleures conditions de vie, fait un procès contre le principal leader de l’opposition, aujourd’hui, au Cameroun, qui est Maurice Kamto. C’est un règlement de compte judiciaire qui est fait, alors que cette affaire est purement politiqueEmmanuel Simh, avocat des prévenus